Le film de la semaine : Berlin, été 42

On pourrait se dire que l’Allemagne n’en finit pas de revenir sur son histoire et se demander ce qu’un nième film peut encore apporter à cette période tragique du nazisme. Surtout qu’à première vue Berlin Eté 42 est un film très classique dans sa forme. Mais alors que la guerre resurgit en Europe, il fait étrangement écho à l’actualité en posant la question de l’engagement des jeunes. Pour y répondre, le réalisateur revient sur l’histoire vraie d'Hans et Hilde Coppi et de leur réseau clandestin L’Orchestre rouge. 

Montrer la vie ordinaire dans un temps de guerre 

Le réalisateur évite délibérément toute dimension idéologique ou politique pour privilégier le quotidien ordinaire d’un groupe de jeunes gens qui aiment avant tout s’amuser, discuter, se baigner dans un lac. L’atmosphère y est douce et joyeuse, entre le naturalisme d’un été à la campagne et le romantisme de jeunes adultes liés par l’amitié, l’amour et des valeurs auxquelles ils croient. Ils vont s’engager sur le terrain pour des missions modestes au départ: des affiches à coller, des messages de soutien à envoyer aux soldats sur le front, puis un appareil de transmission à livrer qui va devenir le cœur de leur action.

Retour sur l'histoire d'amour d'Hans et Hilde Coppi 

Le film alterne en flash-backs, de façon assez classique, les souvenirs lumineux de cet été 42 et les mois très sombres qui vont suivre : leur arrestation, les interrogatoires et le procès de tous les membres du groupe. Mais il recentre son récit autour du personnage d’Hilde, et le film devient extrêmement fort et poignant. Elle accouche en prison et l’arrivée de ce bébé
la révèle littéralement à elle-même et aux autres. D’une jeune fille timide et transparente, elle devient une femme dont la force d’âme nous impressionne et rayonne sur tout son entourage. 

L’actrice qui l’interprète magnifiquement, c’est Liv Lisa Fries. Elle joue avec beaucoup de sobriété ce rôle de mère qui doit surmonter sa vulnérabilité pour le bien de cet enfant. Et cela devient un formidable message d’espoir au cœur du chaos.

Cet enfant, c'est Hans Coppi Junior. Il a 82 ans aujourd’hui et était présent au Festival de Berlin 2024, quand le film a été projeté en première mondiale. Le réalisateur aussi est berlinois. Il est né en RDA et on sent chez lui un besoin de pacification. Aucune glorification des actes de guerre. Les choix de son héroïne, au look de jeune fille sage, sont faits en conscience, par amour, et avec un courage et une retenue admirables. Une manière de nous dire que c’est à la portée de tous, même si la dernière scène nous rappelle toute la monstruosité de la guerre.