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Le Diptyque Palude du Grand Curtius et son attribution

Le Diptyque Palude du Grand Curtius et son attribution

Un article rédigé par Pierre-Yves Kairis - RCF Liège, le 16 mai 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023
D'art et d'histoire de Liège Le Diptyque Palude du Grand Curtius et son attribution

À la découverte du Diptyque Palude, ces deux petits panneaux du Grand Curtius qui figurent parmi les rares témoins de la peinture du XV e siècle au pays de Liège. Qui après 1489, seront attribué au peintre maestrichtois Jan van Bruessel ou à son atelier.

© IRPA-KIK, Bruxelles © IRPA-KIK, Bruxelles

Une provenance prestigieuse remise en question

 


Le Diptyque Palude a longtemps été présumé provenir de la cathédrale de Liège, mais il a sans doute été initialement conçu comme un retable domestique, pour une dévotion privée. Sur le panneau de gauche, on trouve une Nativité et, sur l’autre, un Martyre de saint Lambert. La combinaison de ces deux scènes est certainement une allusion à la double dédicace de l'ancienne cathédrale de Liège, qui était dédiée à la fois à Notre-Dame et à saint Lambert.

 

Nativité (gauche) Martyre (droite) © IRPA-KIK, Bruxelles.

 

 

La commande d’un dignitaire de la cathédrale

 


Le donneur d’ordre, Henri Ex Palude, figure dans la scène du Martyre de saint Lambert avec son blason. C’était un chanoine de la cathédrale et il est devenu grand chantre en 1488. L’année suivante, il fit le relevé des reliques des saints Pierre et Andolet, les neveux de saint Lambert qui furent assassinés en même temps que lui. Ce qui explique sans doute qu’il les ait fait représenter dans le Martyre de saint Lambert. Au revers des deux panneaux, on trouve, en grisaille, un Christ et la femme adultère et un Jugement de Salomon, deux scènes de justice peut-être à mettre en lien avec la formation juridique du chanoine Palude, docteur en droit de l’Université de Louvain.

 

 

Une attribution convaincante à Jan van Bruessel

 


Didier Martens a pertinemment démontré que ces deux panneaux étaient de la même main, ou à tout le moins du même atelier, qu’un Jugement dernier conservé à l’ancien hôtel de ville de Maestricht. Une comparaison systématique des deux œuvres révèle des similitudes troublantes dans la forme et la décoration des bâtiments, dans les motifs des revêtements de sol, dans les motifs de brocart ainsi que dans certains visages. Mais les états de conservation sont fort différents.

 

Le grand panneau de justice de Maestricht peut être attribué au maître local Jan van Bruessel sur la base d'un document de 1475. Peintre bien documenté dans la cité mosane au cours du troisième quart du XV e siècle, celui-ci a peint le Jugement dernier pour la Raidcamer van Tricht, la plus haute instance judiciaire du pays de Liège à l’époque de la domination bourguignonne, de 1468 à 1477.

 

Jan van Bruessel, Jugement dernier, © IRPA-KIK, Bruxelles.

 

 

Découvrez encore plus de "leçons" d'histoire de l'art liégeois par Pierre-Yves Kairis dans son émission "D'art et d'histoire de Liège" sur RCF Liège.

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Pierre-Yves Kairis, RCF Liège
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
D'art et d'histoire de Liège

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