D’ici juillet 2025, nous saurons si le Cairn de Gavrinis, monument mégalithique présent sur une petite île au large de Larmor-Baden dans le Morbihan, sera classé parmi les 550 mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan au patrimoine mondial de l’Unesco.
Avec sa tombe à couloir la mieux conservée d’Europe, le cairn de Gavrinis joue un rôle majeur dans la candidature des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan au classement de l’Unesco. Denis Bertholom, le maire de Larmor-Baden insiste sur l’importance de ce site : “Nous possédons des monuments aussi vieux que les pyramides. Il est important de transmettre aux enfants cette connaissance de leur patrimoine et ce classement à l'Unesco permettrait de continuer à le faire vivre.“
Et ses dires sont largement corroborés par la science, Cyrille Chaigneau, médiateur scientifique et archéologue ayant travaillé sur le site pendant plus de 30 ans, reste toujours aussi impressionné face au géant de pierre et ses gravures datant de plus de 6000 ans.
Érigé au néolithique, entre 4241 et 4000 avant J.-C., le cairn de Gavrinis, aussi appelé la chapelle sixtine du Néolithique, n’est pas surnommé comme cela sans raison. “Il s’agit du monument le plus gravé sur près d’un kilomètre”, explique Denis Bertholom.
Alors que d’autres sites néolithiques ont été dégradés ou partiellement démantelés, Gavrinis lui, a été préservé grâce à sa localisation insulaire. Cyrille Chaigneau, médiateur scientifique, explique que “l’ensemble des masses du monument est resté sur place et n’a pas été démonté pour être réutilisé ailleurs, contrairement à la plupart des sites mégalithiques dont beaucoup sont en ruines. Ce qui permet d’avoir une meilleure perception des architectures telles qu’elles étaient à l'origine.”
Pour continuer de préserver ce vestige préhistorique, Aurélie Giard, directrice du site explique qu’un numerus clausus a été instauré à l'entrée du monument. Ainsi, seulement cinq personnes peuvent visiter la tombe à couloir en même temps, limitant les risques de frottement, et autres dégradations liées à l’activité humaine.
En somme, le parc archéologique ne cherche pas à accroître la fréquentation mais désire sensibiliser à la préservation : “les visites se font en petits groupes pour une approche intelligente et respectueuse de ce monument.”
Après des années de recherches portées par l’archéologue Serges Cassen sur le corpus de signes gravés : vagues, lames de haches, arcs, flèches, vortex, baleines, crosses… Cyrille Chaigneau affirme qu'“il est impossible d'interpréter Gavrinis faute de texte, ces recherches permettent simplement d'offrir une grille de lecture au public.” En effet, si le travail de Serge Cassen a su discriminer seize grands groupes de signes, il permet seulement d’affirmer que le dolmen de Gavrinis a été bâti grâce au démantèlement d’un ouvrage de stèles graphiquement cohérent.
Cyrille Chaigneau explique que “le consensus scientifique permet de proposer une interprétation de ces gravures renvoyant à un imaginaire marin, probablement un peuple morbihannais, constructeur de monuments, un peuple de et par la mer…”. Les recherches récentes, menées avec les technologies de la 3D, continuent d’enrichir la compréhension de leur signification.
Les résultats de ces recherches sont désormais réunis dans une monographie de 1280 pages, réparties en trois volumes, intitulée, “Gavrinis, Autour du Gouffre. À la recherche des représentations d’une tombe à couloir néolithique”, parue aux éditions Les Vaisseaux de Pierres.
Le site de Gavrinis reste accessible aux visiteurs jusqu’à fin septembre 2025, avec des départs depuis Larmor-Baden, Port-Navalo, Locmariaquer et Vannes. Plusieurs formules sont proposées : visite classique, croisière ou circuit incluant un passage par Er Lannic.
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