« L’âme ne vieillit pas » : Charles Wright sur les traces de son père et de ses racines anglaises
Avec son nouveau roman intitulé Le Jardin anglais paru chez Albin Michel, Charles Wright nous entraîne dans un voyage intime entre la France et l’Angleterre. Entre road trip familial, quête de mémoire et réflexion sur la filiation, l’auteur partage au micro de RCF dans l'émission "Des livres et vous", une exploration passionnante de ses racines et de sa relation au père.
Charles Wright - © RCF LyonPartir sur la route pour éclairer les zones d’ombre
Tout est parti d’une angoisse : que saurait-il dire, le jour venu, à l’enterrement de son père ? « Je me suis rendu compte que je ne connaissais pas très bien cet homme énigmatique qui m’avait donné la vie. »
Pour y remédier, Charles Wright a proposé à son père — anglais, pudique, taiseux — de repartir ensemble sur les traces de son enfance. Accompagnés de la tante Harriet, véritable passeuse de mémoire, ils sillonnent le sud de l’Angleterre, visitent cimetières et villages familiaux, et découvrent même que certains aïeux n’ont pas eu les moyens de se payer une tombe.
« La pauvreté la plus suprême, c’est quand il n’y a personne pour se souvenir de vous », confie l’écrivain. De cette quête est née la nécessité d’un livre, comme une sépulture offerte à ceux que le temps avait effacés.
Une réconciliation avec le père… et avec soi-même
Ce périple ne fut pas seulement généalogique : il a aussi transformé le regard de Charles Wright sur son père. Derrière « le vieil homme un peu terne », il redécouvre « l’enfant qu’il a été ». L’écrivain y voit une leçon universelle : « L’enfance, ce n’est pas du passé. L’âme ne vieillit pas. »
Au fil du voyage, il revisite également l’histoire d’amour de ses parents, longtemps perçue comme un malentendu. Son père la raconte finalement comme « un coup de foudre ». Pour Charles Wright, cette révélation change tout : « Mon origine, c’est l’amour. »
À travers cette réconciliation, il affirme aussi sa liberté : « La famille ne me détient plus… je peux écrire ma propre page. »
J’écris pour garder une trace, pour que le temps n’emporte pas tout
« Il n’y a que les routes pour calmer la vie »
Si son père reste cet homme discret « qui ne parle pas », le regard du fils a changé. Le Jardin anglais se lit ainsi comme un récit d’héritage et de transmission, mais aussi comme une déclaration d’indépendance : honorer ses racines sans en être prisonnier. Son regard transformé sur son père illustre cette liberté retrouvée. Charles Wright nous rappelle qu’« il n’est jamais trop tard pour devenir adulte ». Et pour lui, le défi reste entier : continuer à écrire pour lutter contre l’oubli et faire vivre ce qui, autrement, disparaîtrait.


Chaque semaine, un écrivain nous dévoile son ouvrage, sa personnalité, ses passions et les coulisses de son écriture, au micro de Laetitia de Traversay. L'émission est diffusée sur RCF Lyon le vendredi à 19h et le dimanche à 17h45.
