« L'adoration, c'est un mode de vie » Sandra Kouamé
Elle fait partie des artistes de louange francophone incontournables depuis près de 15 ans : révélée avec le groupe Impact, sous le leadership de Sébastien Corn, propulsée à la louange de l'église Nouvelle Vie, la Lyonnaise devenue Québécoise Sandra Kouamé a sorti il y a trois semaines un nouvel album live, Un Seul Nom. De passage à Lyon auprès de sa famille, elle revient avec Anaïs Sorce sur son parcours et la place de la louange dans sa vie.
Sandra Kouamé n'a jamais envisagé de chanter autre chose que de la louange - © RCF LyonRCF Lyon : Sandra Kouamé, vous avez sorti il y a trois semaines ce nouvel album live, Un Seul Nom. C'est votre deuxième album solo. Vous avez par ailleurs sorti quasiment une dizaine de singles entre les deux. D'où il vient ce second album ?
Sandra Kouamé : Il vient d'un long processus, entre mon premier album sorti en 2018 et celui qui vient de sortir. Une recherche d'identité, une recherche aussi un peu plus spirituelle. J'ai vraiment aussi eu un travail sur moi par rapport à ma vie spirituelle, à ma relation avec Dieu. Quand mon premier album est sorti, j'étais avec le groupe Impact. On était dans un certain style un peu plus pop rock. Un style que j'aimais aussi, mais j'ai toujours aimé la musique gospel, la musique afro et je me suis posé la question, et j'ai surtout posé la question à Dieu, : "mais qu'est-ce que j'ai, qu'est-ce que je porte, qui est Sandra Kouamé, quelle est sa mission avec tous les artistes qu'on entend, tous les chanteurs qu'il y a... Pourquoi moi et qu'est-ce que j'ai à apporter de différent ?" Et ce qui est drôle, c'est qu'en fait, Dieu m'a rappelé mon métissage, il m'a rappelé que j'étais une sorte de pont ou de caméléon et que c'était une de mes forces, que je pouvais autant m'intégrer dans le pop rock que faire du gospel, de l'afro et que toutes ces choses-là me définissaient. Et tout ce parcours-là a été pour arriver à cet album, Un Seul Nom, où on retrouve différents styles, différents styles d'écriture aussi, différents styles musicaux et, spirituellement parlant, il peut rejoindre également différents horizons. Donc c'était vraiment ça l'objectif.
RCF Lyon : L'un des titres phare de cet album était Victoire, un chant pour les temps troublés que nous traversons. Quelle était votre prière avec ce titre ?
S.K : Le chant Victoire, c'est une de mes amies qui s'appelle Sephora Bastrash qui l'avait composé et Dieu lui a littéralement demandé de me le donner. Elle avait travaillé avec un autre auteur qui s'appelle Julien Adam. Et quand elle me l'a offert, la mélodie était là, les paroles étaient là, mais j'ai complètement changé la chanson. Et en fait, quand j'entendais ces paroles, pour moi, c'était vraiment une chanson de déclaration, comme pour partir à la guerre. Et c'est exactement ça, en fait, que j'ai ressenti quand j'ai chanté cette chanson et quand on a commencé à l'arranger. Mon credo, moi, c'est 2 Chroniques 20, avec le roi Josaphat qui met les musiciens devant l'armée. Et c'est exactement ça, en fait, la vision qu'on doit avoir avec ce chant. On part au combat, on rappelle à l'ennemi qu'il a perdu, que l'enfer est sous nos pieds, que Jésus a triomphé. Et c'est tout ça que ça évoque en moi. C'est un chant à proclamer dans toutes nos circonstances. C'est un chant pour se rappeler que peu importe les temps troublés qu'on peut vivre, Jésus nous donne la victoire et on a cette victoire en lui, par la foi. Donc, c'est un petit peu mon cri de guerre.
RCF Lyon : Et pourtant, c'est le titre Un Seul Nom qui a donné son nom à l'album.
Pourquoi ?
S. K : Parce que je veux toujours mettre le focus sur Jésus, peu importe les thématiques, les thèmes, les sujets abordés dans les différentes chansons. Le point central de tout, c'est Jésus. Et donc, c'était important pour moi que quand on voit cet album, on puisse tout de suite savoir de quoi ça parle. Ça parle de Jésus, de qui est Jésus, de ce qu'Il fait dans notre vie, de ce qu'Il a déjà fait, de Ses promesses, de ce qu'Il peut faire. Refocaliser tout le monde à fixer son regard sur Jésus, c'est la meilleure décision que tout le monde pourrait prendre.
« Le timing de Dieu n'est pas le nôtre et on lui fait confiance au-dessus de toute chose »
RCF Lyon : Vous écriviez sur Instagram à la sortie de l'album que le processus n'avait pas toujours été simple pour produire cet album, qu'il y a eu des moments de doute, de larmes. Qu'est-ce qui peut faire douter Sandra Kouamé quand elle écrit un album ?
S. K : Beaucoup de choses ! Déjà, le processus est long pour un album live, plus long que pour un album studio. Il y a eu beaucoup de challenges en pré-prod pour réussir à mettre tout ça en place pour l'enregistrer. Ensuite, il y a eu beaucoup de délais, de blocages parfois pour le montage, le mix, les finances aussi. Je m'auto-produis, donc des fois, c'est des doutes de réussir à terminer ce projet, se demander s'il va réellement voir le jour. D'un coup, on se demande s'il y a quelqu'un qui va vouloir l'écouter cet album ? Et puis, même des défis au niveau de la voix. J'ai été diagnostiquée avec des polypes sur les cordes vocales un mois avant d'enregistrer l'album. Donc, ça a été beaucoup de rééducation sur mes cordes vocales, beaucoup d'orthophonie, de thérapie vocale. Les gens ne verront jamais ces images, mais c'était beaucoup de travail, d'exercice, toutes sortes de choses à faire entre chaque enregistrement pour être sûre que ma voix tienne tout le long. Et je me suis demandé si c'était Dieu qui me faisait comprendre que l'album ne devait pas sortir ou si, au contraire, c'est parce que cet album doit sortir que je rencontrais de l'opposition ? Et si l'album est sorti, c'est que c'était le numéro deux. Donc, j'ai simplement été obéissante malgré tout, obéissante, persévérante, patiente aussi et de comprendre que des fois, le timing de Dieu n'est pas le nôtre et on lui fait confiance au-dessus de toute chose.
RCF Lyon : Qu'est-ce que ça vous fait de voir des chrétiens qui s'approprient vos chants, qui les chantent, qui les prient, qui les déclarent dans leur propre vie ?
S.K : On se dit mission accomplie parce qu'on compose des chants qui nous touchent, qui nous parlent, mais pour que ça puisse rejoindre aussi les autres. Et quand les gens se les approprient, quand je vois des personnes qui déclarent les paroles, je me dis que la mission est accomplie parce que ça veut dire que ces chants ne m'appartiennent plus, mais ils ont été intégrés dans leur vie spirituelle, dans leur louange, dans leur relation avec Dieu. Et c'est tout l'objectif d'écrire des chants. C'est pour que les gens puissent complètement oublier, même ne pas savoir qui est la personne à l'origine de ce chant-là, mais retrouver une parole, un texte biblique dans la chanson ou une phrase qui rencontre l'auditeur qui se dit "c'est exactement ça que je voulais dire à Dieu". Il peut se l'approprier et parfois, ça va l'accompagner tout le reste de sa vie. Donc la plus belle des récompenses, c'est les fruits que Dieu produit à travers tout ça.
« Avec Dieu, la musique est le ciment qui lie notre famille »
RCF Lyon : Sandra Kouamé, vous êtes de retour chez vous pendant quelques jours. Puisque c'est ici à Lyon que tout a commencé pour vous. C'est là où vous avez grandi, où vous avez commencé à la maîtrise de l'Opéra de Lyon. Quelle est la place de la musique et de la louange dans votre vie ?
S.K : Elle est à l'origine de tout, puisque mes parents étaient également musiciens, sont chanteurs, ils servaient déjà à l'église dans la louange avant même que je ne vienne au monde. Donc j'ai vraiment grandi dans un contexte musical. Mon grand frère et ma petite sœur chantent aussi, on chantait en famille, on visitait des églises. Mon frère a été au conservatoire, ma sœur et moi à la maîtrise de l'Opéra. Ça a vraiment toujours fait partie de notre histoire et je pense que, avec Dieu, la musique est le ciment qui lie notre famille, qui crée cette complicité qu'on a encore aujourd'hui. S'il n'y a pas de musique, pour moi c'est comme si on m'arrachait les membres.
RCF Lyon : Vous avez pourtant fait des études d'infirmière en France, ici en 2011, avant de quitter votre pays pour vous former au Québec, à l'Institut théologique pour la francophonie, dans le cadre d'un certificat en louange, suivi d'un baccalauréat en théologie. Pourquoi partir au Canada pour vous former ?
S.K : J'ai toujours rêvé du Canada. Depuis l'âge de 13 ans, je disais que je voulais être infirmière au Canada. Donc mon plan était tout tracé dans ma tête, il fallait que je devienne infirmière et à un moment donné, il fallait que j'aille au Canada. Je n'ai jamais été infirmière au Canada, mais j'ai le diplôme en tout cas. Et je suis partie en fait tout simplement parce que le certificat louange était un programme qui m'intéressait beaucoup. Mes parents nous ont toujours dit qu'après nos études, on pouvait prendre une année sabbatique pour aller dans une école biblique ou voyager. Mon frère a fait Hillsong et moi, je cherchais quelque chose idéalement francophone, dans la louange, qui pourrait me former. Et il s'avère qu'à ce moment-là, en 2011, pile un an après mes études, cette école donnait encore ce programme. C'est un programme qui ne s'est donné que deux fois, en 2009 et en 2011. Je voulais déjà y aller en 2009, mais je ne pouvais pas arrêter mes études. Et donc là, c'était le timing parfait. Et une fois arrivée sur place, j'ai vraiment senti que Dieu me disait qu'il fallait que je reste, qu'il fallait que je continue le programme. Et après, il a ouvert les portes pour le groupe Impact en 2012. Donc très rapidement, à peine un an après que je sois arrivée. Et finalement, je ne suis juste jamais rentrée.
RCF Lyon : Et c'était effectivement la révélation. Sous le leadership de Sébastien Corn, vous avez enregistré plusieurs albums avec Impact. Vous n'avez jamais envisagé de vous lancer dans la musique profane, en dehors de la louange ?
S.K : Jamais. Je ne m'estime pas être une chanteuse à voix avec un timbre particulier, comme on peut en entendre certaines qui ont vraiment une signature vocale très prononcée. J'ai beaucoup de techniques vocales, je ne vais pas me diminuer par rapport à ça. Mais être une chanteuse, ce n'était pas tant ça qui m'intéressait. J'ai vraiment très rapidement ressenti, à 17-18 ans, qu'en fait, Dieu allait utiliser ma voix pour Lui. Donc je savais que ce n'est pas parce que j'avais la plus belle voix que j'allais être utilisée, mais c'est plutôt que Dieu allait déposer en moi et sur ma voix ce qui allait faire la différence et que ça allait pouvoir Lui être utile. J'ai déjà dû essayer une fois un concours de chant. Puis on m'a dit que j'avais une voix trop classique, ça répondait tout de suite à mes questions !
« Je ne pourrai jamais faire un concert sans faire une chanson d'Impact »
RCF Lyon : À quel moment, en 2018, vous vous décidez à vous lancer en solo ?
S.K : Je pense que j'ai toujours ressenti qu'à un moment donné, j'irais en solo et que pour moi, Impact a été une grande formation. J'ai appris la théorie à l'école biblique, et Impact, ça a été la pratique. Ça a été la pratique de travailler avec un groupe, avec des musiciens. Ça a été la pratique de composer des chants, d'enregistrer, et en studio et en live parce qu'on a eu les deux avec Impact. Ça a été de partir en tournée, d'aller à la rencontre des gens. J'ai pu voir ce que c'était que le ministère. Ça m'a vraiment énormément forgé. Puis à un moment donné, Impact s'est comme arrêté. Je pensais que c'était temporaire et qu'ensuite, on continuerait avec Impact mais les choses se sont passées différemment. Pour moi, c'était une petite fenêtre où je me suis dit que puisqu'on ne faisait pas d'album avec Impact cette année-là, j'allais pouvoir faire le mien et qu'on verrait la suite. Et donc, j'ai juste sauté les deux pieds dedans.
RCF Lyon : Impact, c'est fini, on n'en entendra plus parler ?
S.K. : Je pense qu'on en parlera toujours un peu. Sébastien Corn, Ben Luiten et moi, on est encore très proches, très amis. Donc, si ce n'est pas sur des albums, je pense qu'on continuera à chanter ensemble. Je pense que moi-même, je ne pourrai jamais faire un concert sans faire une chanson d'Impact. Mais je ne pense pas qu'il y aura des nouveaux projets avec le groupe Impact.
« Mon désir, c'est toujours de pouvoir mettre des paroles de louange dans la bouche des gens »
RCF Lyon : Vous ne vous imaginez pas sans la musique. L'adoration, pour vous, ne s'exprime qu'en musique ?
S.K : Non, pour moi, l'adoration, c'est un mode de vie. C'est par mes paroles, par mes actions, par la manière dont je vais être avec les autres. En fait, l'adoration, c'est tout simplement honorer Dieu pour qui Il est. Donc toutes les actions de ma vie, que ce soit la manière dont je parle de Lui, dont je Le sers, même mes offrandes, comment je gère mes finances... tout ça, pour moi, sont des actes d'adoration. Et la louange fait partie de l'adoration. C'est pour moi un moyen d'expression qui me permet d'être en relation avec Dieu et de lui exprimer mon admiration et à quel point je l'aime en retour.
RCF Lyon : Vous conduisez la louange à l'église Nouvelle Vie au Canada. Est-ce qu'on chante sur un album de louange comme on conduit à la louange ?
S.K : Si on regarde les vidéos qui accompagnent cet album, c'est sûr qu'on va mettre un peu plus de moyens pour que, visuellement, ce soit intéressant, on va mettre un peu plus d'arrangements, pour que ce soit quelque chose qui soit un peu plus élaboré sur un album. Alors que quand c'est à la louange, on est là vraiment pour diriger les gens, pour qu'eux expriment leur louange. Sur un album live, c'était plutôt moi qui présentais mes chants aux gens. Mais c'est le même coeur, la même passion, la même intention. Mon désir, c'est toujours de pouvoir mettre des paroles de louange dans la bouche des gens pour qu'ils puissent L'élever. C'est juste que là, on l'a fait avec un petit peu plus de lumière, un petit peu plus d'écran. Le dimanche matin, on met un peu moins le focus sur nous et beaucoup plus sur Dieu. On s'est permis un peu plus d'efforts, étant donné que c'est quelque chose qui allait rester et qui allait être filmé.
RCF Lyon : Un Seul Nom, à découvrir sur toutes les plateformes de streaming et de podcast. Est-ce qu'on aura la chance de vous voir peut-être un peu plus à Lyon en 2026 pour des tournées ?
S.K. : Je l'espère. On est en train, justement, d'organiser tout ça, de pouvoir revenir au printemps 2026 pour pouvoir faire des concerts un petit peu partout. Donc probablement.


Chaque jour de la semaine à 12h, Anaïs Sorce reçoit celles et ceux qui font bouger la région lyonnaise, le Roannais et le Nord-Isère, en rendant notre quotidien meilleur.




