La Zarzuela, cette belle et noble inconnue.
Portée par les plus grands chanteurs, de Placido Domingo à Teresa Berganza, en passant par Montserrat Caballé, Victoria de Los Angeles, la Zarzuela demeure encore et toujours, une belle inconnue dans nos contrées. Alors ne me devais je pas, en tant qu’hispanophone, de vous raconter son histoire ?
Photo Philippe Soler
Qu’est-ce qu’une Zarzuela ?
La Zarzuela est un genre théâtral, proche de l'Opéra, qui reste encore aujourd'hui, chez nous en France, assez mal défini, un genre typiquement espagnol, lequel ne traversera pas aussi facilement que cela, la barrière de nos Pyrénées. Expliquer à une personne non hispanique ce qu'est une Zarzuela, ne sera pas évident. Nous sommes proche de l'Opérette, de par l'alternance du parlé-chanté, de par ses interactions entre l'aspect vocal et l'aspect théâtral. Les histoires, les arguments de ces pièces aborderont tous les genres, allant du comique, au tragique le plus sombre. La Zarzuela couvrira les formes les plus diverses avec des compositeurs variés, et on aura de ce fait, une multiplicité de style. Qui plus est, ce genre musical ne se laissera pas enfermer dans des règles strictes. Compter que nous aurons tout de même au total, quelque 500 compositeurs, avec près de 20000 œuvres, réparties sur quatre siècles. Alors il m’a fallu choisir, et je déclinerai la période la plus éclatante, celle qui va de la fin du 19ème au début du 20ème siècle, et cela en trois chapitres, en trois actes.

Madrid, capitale de la Zarzuela.
Nombre de Zarzuelas seront ancrées dans le décor de la capitale espagnole, mettant en scène une foule de personnages. Des vendeurs, des nourrices, des enfants, des gens costumés, une représentation large des mœurs et coutumes liées à la capitale. Et puis nous aurons quelques « Chulapona » Mais qu’est-ce qu’une Chulapona ? Chulapona vient du mot chulo. Un chulo est un gamin, un petit gars qui habite les quartiers populaires de Madrid. C'est l'équivalent de notre Titi Parigot de la Butte Montmartre. Donc une Chulapona ne sera rien d'autre qu'une gosse madrilène, fière d'être une belle et jeune gamine de la capitale. Teresa Berganza en immortalisera, avec brio, quelques-unes.

De l’influence du vérisme sur la Zarzuela.
Soulignons dans la Zarzuela, l'irréfutable influence du théâtre italien, mêlée à des tournures musicales typiquement espagnoles, et allons jusqu'à prononcer le terme de vérisme, ce mouvement artistique qui va prendre ses racines en Italie, à la fin du dix-neuvième siècle, pour se rapprocher du mouvement littéraire français, le naturalisme, mouvement représenté par Zola et Maupassant. On se focalise sur les classes sociales les plus déshéritées, on abandonne tout idéalisme, on décrit la réalité sociale de manière objective. La Zarzuela flirtera, durant un temps, avec Puccini et sa Bohème, dosant parfaitement les sentiment entre drame et passion, sans mettre pour autant sa veine hispanique de côté.

De la difficulté à interpréter ce genre musical.
Rajoutons aux noms de Victoria de Los Angeles, Montserrat Caballé, Teresa Berganza, Placido Domingo, ceux de Pilar Lorengar, Maria Bayo, Inès Rivadeneyra, Ana-Maria Iriarte, José Carreras, Alfredo Kraus, et nous tenons là les grands noms du chant espagnol à l’international. L'école de chant espagnole sera exigeante, avec une technique vocale solide, bétonnée, inoxydable laquelle permettra à nos chanteurs de durer dans le temps. Victoria de Los Angeles, Alfredo Kraus chanteront jusqu'au bout. Placido Domingo était encore sur scène il n'y a pas très longtemps de cela, avec une voix certes descendant dans le grave, allant vers des rôles de baryton. Tous ces chanteurs géreront leur carrière de manière intelligente. Aucun d'eux n'acceptera un rôle qui ne soit pas fait pour lui. Ils ne forceront jamais sur la voix, ils sauront se ménager et dureront dans le temps. Et puis Espagne oblige, ils commenceront tous leur carrière en chantant la Zarzuela, genre musical d'une exigence redoutable. En effet la Zarzuela de par son alternance entre Théâtre et Opéra, exigera de nos artistes d’être au cours d'une même soirée, autant acteur que chanteur, et cela aura une incidence sur la prononciation. Si on pourra éventuellement, j'ai bien dit éventuellement, chanter un Opéra avec une diction approximative, il sera impossible de faire du théâtre sans une clarté absolue du texte. De ce fait nos chanteurs espagnols auront une diction vocale parfaite, et cela dans toutes les langues.
Philippe Soler.
Lundi 3 novembre à 16h
La Zarzuela de A à Z. Une belle et noble inconnue. Acte 1/3
Lundi 10 novembre à 16h
La Zarzuela de A à Z. Du Pays basque aux terres andalouses. Acte 2/3
Lundi 24 novembre à 16h
Histoire de la Cancion Cuplé, ce pur dérivé de la Zarzuela Acte 3/3


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