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La renaissance lumineuse de la Chapelle du Château de Grammont

La renaissance lumineuse de la Chapelle du Château de Grammont

Un article rédigé par VB - RCF Hérault, le 10 décembre 2025 - Modifié le 10 décembre 2025
Regard orthodoxe Comment les vitraux sont-ils créés ?

Dans la chapelle du Château de Grammont, en pleine restauration, la maître verrier Angéline Clermont nous raconte son métier, l’art du vitrail et le chantier des vitraux dédiés à Sainte Philothée.

Les vitraux de la chapelle de Grammont © Paroisse Ste Philothée d'AthènesLes vitraux de la chapelle de Grammont © Paroisse Ste Philothée d'Athènes

La chapelle du Château de Grammont, désormais dédiée à Sainte Philothée, figure spirituelle majeure du monde orthodoxe et bienfaitrice d’Athènes, bénéficie actuellement d’une restauration d’ampleur. Sous la coordination de Julien Gay, technicien au service de rénovations durables des bâtiments à Vauvert, plusieurs corps de métiers collaborent : tailleurs de pierre, spécialistes du bâti ancien, artisans du verre…

Parmi eux, Angéline Clermont, maître verrier, dont la mission est de redonner vie à des vitraux abîmés par le temps, les mouvements du bâti et certaines altérations encore mystérieuses.

Une vocation née dans la lumière

Lorsque l’on demande à Angéline Clermont pourquoi elle a choisi ce métier si particulier, la réponse semble aller de soi. Son père, maître verrier lui aussi, l’a initiée dès l’enfance à l’univers du verre coloré, des ateliers où scintillaient les fragments polychromes et l’odeur du mastic frais.

Ce compagnonnage familial a façonné son regard, sa sensibilité et son rapport à la lumière. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : "Avant d’être un objet, un vitrail est une manière de travailler la lumière. Il n’existe pleinement que lorsqu’il est traversé par elle."

Qu’est-ce qu’un vitrail ? Un dialogue entre matière, couleur et lumière

Un vitrail, c’est l’assemblage de fines pièces de verre coloré, maintenues par du plomb. Mais derrière cette définition simple se cache un processus patient et minutieux.

La plupart du temps, il s’agit de verre soufflé, réalisé par un souffleur de verre
Teinté dans la masse grâce à des oxydes métalliques, il offre des couleurs profondes et vivantes. 
Les plaques obtenues, de 2 à 4 mm, sont ensuite découpées par le maître verrier
Les pièces sont insérées dans des baguettes de plomb en forme de H : c’est ce que l’on appelle le réseau de plomb. Les intersections sont soudées à l’étain
Un mastic traditionnel, mélange de carbonate de calcium, huile de lin et siccatif, est appliqué pour rigidifier l’ensemble et l’étanchéifier
Le tout devient une image lumineuse, vibrante, animée par les variations du jour.

Couleurs, symboles et peinture sur verre

Certaines compositions, notamment celles représentant des personnages, des visages ou des scènes bibliques, nécessitent une peinture posée directement sur le verre : grisailles, émaux, oxydes.
Ces motifs sont ensuite cuits au four pour se vitrifier et devenir inaltérables.

C’est là que se distingue le maître verrier du simple vitrailliste : le premier crée, peint, restaure ; le second assemble verre et plomb.

Le cas particulier de la chapelle de Grammont

Les vitraux de la chapelle de Grammont sur lesquels travaille actuellement Angéline Clermont présentent de nombreuses altérations.
Dans la sacristie, la moitié de la partie basse a disparu, la partie haute est déformée par l’affaissement du bâti, certaines pièces sont cassées, d’autres écrasées.

Les vitraux originaux, en verre "cathédrale" antique ou dit martelé, étaient décorés de motifs peints en "cage à mouche", typiques de compositions géométriques.
Heureusement, les éléments conservés permettent de reconstituer fidèlement les parties manquantes.

Le travail d’Angéline consiste donc à retrouver un verre cathédrale similaire, découper les pièces selon les modèles d'origine, repeindre les motifs quadrillés, cuire les verres décorés, restaurer le réseau de plomb, réinstaller les panneaux restaurés.

Un chantier où précision, mémoire et transmission se rejoignent.

Un métier d’art, un métier de sens

"Les vitraux sont des histoires de lumière", confie Angéline.

Dans une chapelle, où la lumière joue un rôle théologique majeur (symbole de la présence divine, de la Résurrection, de la Transfiguration), cette restauration revêt une profondeur particulière.

Chaque panneau restauré est une manière de faire renaître un héritage, de reconnecter un lieu à son identité spirituelle et à ses fidèles.

Emission Regard orthodoxe  - ® RCF Maguelone Hérault
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Regard orthodoxe
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