La Grande Sophie : "La mer, pour ma famille, est comme une religion"

Un miroir de loge, un vieux fauteuil confortable, trois guitares et un micro. Voilà pour le décor de scène de ce spectacle. "Ma comédie musicale à moi", s’amuse La Grande Sophie. Le film de sa vie, où s’enchaînent ses chansons les plus marquantes avec des extraits de lettres adressées à une mystérieuse Suzanne, retranscrites dans son livre "Tous les jours Suzanne". Mais pourquoi ce désir de se raconter à 55 ans ? "J’avais besoin d’écrire par rapport au reflet que la société renvoie aux femmes de mon âge." explique-t-elle. "Se rendre compte qu’on veut vous mettre dans la marge, sur le côté... J’ai eu besoin de revenir sur mon parcours en écrivant à Suzanne mon histoire, moi l’autodidacte, tout ce que j’avais pu faire finalement."

Sortir des cases

Et les souvenirs et anecdotes, cette native du midi en a justement à raconter : sa fascination, enfant, pour la Catherine Deneuve de Peau d’âne, ses influences musicales, comme Joan Baez, les Pretenders ou PJ Harvey, la rencontre avec son amoureux il y a 35 ans et qui dure encore, les premiers succès mais aussi comment on écrit une chanson, les codes d’une star du show biz ou encore la critique cinglante de sa grand-mère : "chanteuse et pourquoi pas le cirque ?" En creux, le portrait d’une artiste libre, à l’indépendance artistique affirmée. "Souvent, quand vous démarrez, on vous met dans une boite et vous ne pouvez plus en sortir.", confie l’auteure de Du Courage. "Et moi ce qui me plait, c’est d’amener toutes ces facettes."

Mais au fait, qui est la fameuse Suzanne destinataire de toutes ses lettres écrites au fil des jours ? Une sœur, un fan, une amie ? Le public le découvrira à la fin, avec beaucoup d’émotion. Et ce que souhaitait La Grande Sophie. "Ce voyage à travers les émotions" que la scène permet, plus que l’écoute d’un album. Un bonheur donc à partager tout au long d’une tournée jusqu’en 2027. En attendant, c’est l’heure de lever les petits secrets de bonheur de LGS, pour les intimes !

Questions bonheur

Le matin, quand vous vous levez, est-ce que c'est tout de suite, "Il y a de la joie" ou c'est plutôt "Encore un matin, un matin pour rien" ?

Ah non, c'est plutôt : "il y a de la joie" parce que je suis du matin. J'adore ça, un nouveau jour se lève, C'est un espoir déjà. Et ce qui me plaît beaucoup, c'est d'entendre les oiseaux. Parfois, je trouve qu'ils se lèvent très tôt et je me dis "Ah, lui, il est content, il gazouille !" Ça me met en joie parce qu'il y a de la vie et j'ai envie de rejoindre cette vie-là.

Quand vous avez un petit coup de déprime, qu'est-ce que vous faites pour vous remonter le moral ? 

Mon amour est très fort, mon mari, même, pour me remettre en joie. Il me fait des blagues, il m'amuse ! 

Vous avez un souvenir, justement, d'une petite blague, qu'il vous a faite ? 

J'aime bien quand il fait très bien le chien, le chihuahua ! Il aboie comme ça - je ne pourrai pas vous le faire -  et dès qu'il aboie comme ça, j'éclate de rire !

Est-ce qu'il y a un endroit qui vous ressource, qui vous fait du bien ? 

La mer. En fait, la mer, dans ma famille, c'est un peu une religion. On se retrouve à la mer, mes parents ont besoin de la mer, vivent au bord de la mer. C'était leur rêve. L'eau, on en a besoin. Moi, chaque année, même au mois de novembre, j'essaie de trouver un endroit où je peux aller me baigner pour dire au revoir à la mer. Je sais que je vais la retrouver dans quelques mois.

Qu’est-ce qui vous fascine tant dans la mer ? 

C'est l'eau, ça détend, c'est portant. Surtout, l'eau salée, on s'étend et ça détend. C'est aussi synonyme de vacances, c'est l'infini, c'est la beauté. Malheureusement, je trouve qu'on n'en prend pas assez soin. C'est horrible, parfois, de voir tous ces sachets plastiques qui volent sur l'eau. C'est une beauté, c'est une beauté, la mer !

Est-ce qu'il y a une qualité dont vous êtes particulièrement fière d'avoir héritée de vos parents ? Du courage peut-être, comme une de vos chansons fétiches ?

En fait, Je crois que j'ai ce côté-là, où il faut savoir faire. J'essaie de faire par moi-même ce que je peux. Je n'aime pas trop qu'on fasse à ma place. Et c'est vrai que c'est une satisfaction. Par exemple, quand j'ai fini d'écrire une chanson, j'ai cette joie de me dire, « Ah voilà, elle est finie, je l'ai faite toute seule, j'ai trouvé cette ligne de base, j'ai trouvé…"

Ça vient de vos parents ?

Je crois. Mon père, par exemple, il, est très bricoleur. Et dans le bricolage, il y a cette idée que tout est possible, qu'on va pouvoir trouver une solution.

Pour terminer, vous connaissez le dicton :"Pour vivre heureux, vivons cachés". Mais pour vous, , pour vivre heureuse, il faudrait vivre comment ? Sans amertume, comme dans une autre de vos chansons ?

Ah oui, bien sûr, parce que c'est moche, l'amertume, l'aigreur, Je crois que pour vivre heureux, il faut toujours se poser la question, et je me la suis posée, quelles sont mes envies au moment présent ? Est-ce que j'ai toujours envie de chanter ? Est-ce que j'ai toujours envie d'aller porter des petits bonheurs aux gens ? Est-ce que ça, ça fait toujours partie de moi ou il faut tourner une page et passer à autre chose ? Et je crois que quand on a une idée qui nous porte... Là, c'était ce livre et faire ce spectacle, quelque chose de nouveau. L'envie, elle est là, donc on continue !

La Grande Sophie : en tournée dans toute la France.  Toutes les infos sur https://www.lagrandesophie.fr/ Et son livre autobiographique "Tous les jours, Suzanne" est publié aux éditions Phébus.