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Juliette Binoche présidente du jury du 78e Festival de Cannes : « Présidente, ce n’est pas mon truc, c’est ensemble qu’on va trouver le cap ».

Juliette Binoche présidente du jury du 78e Festival de Cannes : « Présidente, ce n’est pas mon truc, c’est ensemble qu’on va trouver le cap ».

Un article rédigé par Pierre Germay, au Festival de Cannes - le 13 mai 2025 - Modifié le 14 mai 2025

Comme le veut la tradition, c’est le jury qui débute le bal des conférences de presse le jour de l’ouverture du Festival. Qui va succéder à l’Américain Sean Baker récompensé l’an dernier avec « Anora » ? Sur la ligne de départ, vingt-deux prétendants vont se disputer une seule Palme d’or. Et c’est donc le jury qui choisira l’heureux élu.

Madame la Présidente, Juliette Binoche © Pierre GermayMadame la Présidente, Juliette Binoche © Pierre Germay

À nouveau une femme présidente

L’an dernier, c’était une femme, Greta Gerwig, réalisatrice du méga-succès « Barbie », qui avait la lourde tâche de présider le jury de la compétition officielle. C’est année, c’est à nouveau une femme, en la personne de Juliette Binoche.

La plus internationale des actrices françaises, notamment grâce à son Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour « Le patient anglais » d’Anthony Minghella, en 1996, doit beaucoup au Festival de Cannes où elle s’est révélée à l’affiche de « Rendez-vous » d’André Téchiné en 1985 avant de décrocher un prix d’interprétation pour « Copie conforme » d’Abbas Kiarostami, en 2010.

La conférence de presse du jury prend une tournure politique

Quelques heures avant la cérémonie d’ouverture, le jury se prête donc à ce qui s’apparente à une figure imposée. Il faut bien l’avouer, il en ressort rarement quelque chose de vraiment intéressant ou inédit ! Quoique. C’est que l’actualité toute fraîche rattrape le monde du cinéma avec, d’une part, la condamnation le matin-même de  Gérard Depardieu pour agressions sexuelles et, d’autre part, la lettre ouverte de 350 stars du cinéma en faveur des Palestiniens de la bande de Gaza.

À propos de la condamnation du montre-sacré qu’est Gérard Depardieu, Madame la Présidente a tenu à réagir : « Je n’aime pas cette expression de monstre-sacré. D’abord, aucun acteur n’est un monstre. Depardieu est un homme. Une star de cinéma, certes, avec ses caractéristiques propres, mais rien de plus qu’un homme comme tout un chacun. Ensuite, quand on crée, le sacré ne nous appartient pas. Cette condamnation, ça fait réfléchir sur le pouvoir qu’on a parfois sur d’autres personnes ».

#MeToo

Sans le mouvement #MeToo, Depardieu aurait-il été condamné, demande une intervenante : « Le tribunal suit le mouvement de la vie sociale ici et dans le monde, sur toutes sortes de sujets différents, explique Juliette Binoche. Il a fallu un certain temps pour que ce mouvement #MeToo arrive à influencer des décisions de justice. Sans ce mouvement, il est fort probable que Gérard Depardieu n’aurait pas été condamné ».

Lettre ouverte pour Gaza

C’est également quelques heures à peine avant l’ouverture du Festival, ce mardi soir, que 350 stars du monde du cinéma ont écrit une lettre ouverte suite à la mort d’une journaliste palestinienne participant à un documentaire retenu dans une sélection parallèle, journaliste décédée sous les bombes israéliennes le 16 avril dernier : « Nous avons honte d’une telle passivité » écrivent ces stars à propos du silence de l’industrie du cinéma.

Une autre intervenante demande alors à Juliette Binoche pourquoi elle n’a pas signé cette lettre, elle que l’on la sait engagée et souvent assez prompte à prendre position sur ce genre de sujet. Mais cette fois, la présidente du jury est apparue embarrassée : « Vous comprendrez pourquoi mais plus tard, s’est-elle contentée de répondre. Désolée, mais là, je ne peux pas répondre ». Mystère !

Halle Berry, membre du jury

Les différents membres du jury se sont tout de même un peu épanchés sur leur mission dans les jours à venir. Ainsi, Halle Berry, la seule Afro-Américaine à avoir reçu un Oscar de la meilleure actrice, pour « A l’ombre de la haine » en 2002, s’est dite « heureuse d’être membre de ce prestigieux jury et d’avoir la chance de découvrir de très bons films ».

A-t-elle suivi une préparation particulière ? « Non, avec plus de trente ans passés dans le cinéma, je n’ai pas besoin de me préparer. Dans ce jury, nous sommes tous différents, on vit et on ressent les choses selon notre culture, notre éducation et notre sensibilité. Partager tout cela sera très enrichissant, j’en suis sûre ».

Celle qui a tourné dans un James Bond, « Meurs un autre jour », en 2002, a rappelé qu’elle venait à Cannes chaque année depuis quatre ans « mais c’est la première fois dans cette situation de membre du jury. Depuis notre arrivée hier, on sent la passion et l’engouement que suscite ce Festival de Cannes, c’est irrésistible de voir tous ces artistes et la qualité de leur jeu. Le monde a besoin de ça. Pour survivre, il faut créer de l’espoir et des connexions entre nous ».

Les autres jurés

Parmi les autres membres du jury, citons pêle-mêle la réalisatrice indienne Payal Kapada récompensée à Cannes en 2021 pour son documentaire « Toute une nuit sans savoir », l’actrice italienne Alba Rohrwacher, la journaliste écrivaine franco-marocaine Leila Slimani, prix Goncourt 2016 pour son deuxième roman (« Chanson Douce »), et le réalisateur sud-coréen, Hong Sang-Soo, un habitué des sélections à Un Certain Regard.

Juliette Binoche et le dresse code !

Après s’être réjouie que le nouveau dresse code n’impose plus aux femmes le talon-aiguille pour monter les marches, Juliette Binoche a expliqué comment elle percevait son rôle de présidente du jury : « Je me sens plus comme une leader. Présidente, ou Roi, ce n’est pas vraiment mon truc ! Au fil des jours, je vais découvrir le cap à suivre. C’est tous ensemble que nous allons fixer le cap, on ne doit avoir aucun préjugé, on choisira aussi en fonction de qui nous sommes ».

Et de poursuivre : « Hier, lors de notre premier contact, j’ai ressenti beaucoup de bonnes connexions entre nous. On verra bien si ça débouche sur quelque chose d’inattendu. Mais ce ne sera pas facile car beaucoup de films de la compétition sont de très bons films, j’en suis sûre. Notre responsabilité sera de nous entendre entre nous tous et de trouver le meilleur palmarès possible ».

Rendez-vous le samedi 23 mai au soir pour vérifier cela !

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