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Jean Gabin, une icône française, en 7 films

Jean Gabin, une icône française, en 7 films

Un article rédigé par Fabien Genest - RCF, le 13 octobre 2025 - Modifié le 13 octobre 2025
Tous mélomanesPromenade musicale dans la filmographie de Jean Gabin

Alors qu’en 2026, on commémorera les 50 ans de sa disparition, Jean Gabin est-il le plus grand acteur du cinéma français de tous les temps ? Ce qui est sûr, c'est qu'il possédait un charisme hors norme, puissant, animal, qu'il était capable de tout jouer, de tout endosser. L'homme de loi comme le truand, l'agriculteur comme le militaire. Sélection subjective en sept films. 

© Wikimedia. Jean Gabin et Bourvil en 1956, année de sortie de La Traversée de Paris.  © Wikimedia. Jean Gabin et Bourvil en 1956, année de sortie de La Traversée de Paris.

Ce qu'il faut retenir :

  • L'acteur caméléon du cinéma français

1-La Belle Equipe, Julien Duvivier en 1936  

Jean Gabin chantant Quand on se promène au bord de l’eau. Une chanson composée par Maurice Yvain et Jean Sautreuil, sur des paroles de Julien Duvivier et Louis Poterat. La musique a été arrangée dans un style typique de l’époque, et, ce n’est pas un secret, elle a fortement contribué au succès et à l’atmosphère du film, un mélange de drame et de poésie, d’amitié et de jalousie. Un an avant Pépé le Moko, La Belle Equipe, de Julien Duvivier, raconte l’histoire d’un groupe d’ouvriers gagnant à la Loterie nationale. Ce film charnière de l’entre-deux-guerres révèle Jean Gabin au grand public. Aux côtés de Charles Vanel et Viviane Romance, il incarne un ouvrier charpentier profondément humain. La musique, pleine de tendresse et de gravité, capte l’âme du Paris du Front populaire. Jean Gabin, alors âgé de 32 ans, y forge le ton de sa future "gueule" légendaire.

2-Le Quai des brumes, Marcel Carné en 1939

En 1938, Marcel Carné et Jean Gabin forment avec le compositeur Maurice Jaubert un triangle de réalisme poétique : l’usure, la fatalité, la lumière. Voilà comment l’on pourrait résumer de façon lapidaire le film Le Quai des brumes. Jean Gabin joue un déserteur de l’armée coloniale qui arpente les quais du Havre et va rencontrer Nelly, jouée par Michèle Morgan, jeune fille mélancolique aux grands yeux bleus. Elle est terrorisée par Zabel son tuteur, incarné par Michel Simon, qu'elle soupçonne d'avoir assassiné son amant. Pour la défendre, Jean Gabin va tuer Zabel. Alors qu'il s'enfuit pour rejoindre le bateau qui doit l'emmener vers le Venezuela, il est assassiné par un jeune truand local dont il s'est attiré la haine. Mort prématurément en 1940, Maurice Jaubert, a contribué à révolutionner la musique de film moderne.

3-Touchez pas au grisbi, Jacques Becker en 1954

Le thème à l’harmonica, joué par Jean Wetzel sur une musique de Jean Wiener pour Touchez pas au grisbi, en 1954 pour le film de Jacques Becker, est passé depuis à la postérité. Gabin joue Max, un truand fatigué, mentor bienveillant. Le succès du film (plus de 3 millions d’entrées) relance le polar français et la carrière de Jean Gabin en plus de lancer celle d’un certain Lino Ventura. Le film deviendra une référence. Côté musique, Jean Wiener mélange piano et harmonica, créant une incroyable ambiance et musique d’atmosphère soulignant la nostalgie d’une certaine époque en passe de s’éteindre.

4-La Traversée de Paris, Claude Autant-Lara en 1956  

Dans la France de l’Occupation, Jean Gabin arpente le pavé parisien aux côtés de Bourvil en 1956 dans La Traversée de Paris, de Claude Autant-Lara. Il confirme son retour au premier plan après la guerre. Il a quitté depuis longtemps le jeune prolétaire romantique des années 30. Il devient ici l’incarnation de l’homme d’expérience, lucide, autoritaire, désabusé.
Grandgil, son personnage, est un artiste ironique et cynique, qui se mêle à la France souterraine du marché noir presque par jeu ou curiosité sociale.
 René Cloërec compose une mélodie de circonstance aux accents militaires : d’abord triomphante avec ses cuivres tout en avant puis intimiste et romantique avec un accordéon complice et du violon pour conclure sous la forme d’une valse comme un parfait contrepoint à la gravité du sujet du film traitant des restrictions et du marché noir.

5-Un Singe en hiver, Henri Verneuil en 1962  

Jean-Paul Belmondo et Alain Delon ont tour à tour tourné avec Jean Gabin. Le second davantage que le premier d’ailleurs. Et tour à tour sous la caméra d’Henri Verneuil. C’est d’abord Un Singe en hiver en 1962 avec un Gabin en mode tenancier d'un petit hôtel normand, nostalgique et revivant sa jeunesse à travers les excentricités de Jean-Belmondo à l’image de la scène d’anthologie de la corrida improvisée qu’accompagne Michel Magne avec une musique de circonstance.  L’année suivante, c’est Alain Delon qui donnera cette fois la république à Jean Gabin dans Mélodie en sous-sol où quand un cambrioleur de haut vol rangé des voitures tente un dernier gros coup et s’associe avec un jeune voyou impulsif et insolent.

6-Le Clan des Siciliens, Henri Verneuil en 1969

A bien des égards, Le Clan des Siciliens est considéré comme un film culte et un pan national du 7e art français. A cela, au moins quatre raisons : un casting de rêve : Gabin, Delon, Ventura, un polar de référence, une esthétique marquante grâce à un subtil jeu de lumières, de plans et son atmosphère et enfin à cause ou grâce à la musique d’Ennio Morricone. Une bande originale qui a contribué grandement au statut légendaire du film.  Le chef d’orchestre italien se sublime en créant un thème hypnotique mélancolique à souhait. Un mélange entre vestiges du passé, tragédie grecque sous-jacente et sensualité à fleur de peau. Un thème immédiatement reconnaissable où affleure la guimbarde chère à Morricone depuis sa période Sergio Leone. Gabin excelle dans le rôle du patriarche régentant sa cour. Les années ont passé. Le jeune premier de Pépé le Moko a vieilli. L’acteur impose sa force tranquille et son charisme incroyable et mieux vaut ne pas le chatouiller.

7-La Horse, Pierre Granier-Deferre en 1970

Serge Gainsbourg compose en 1970 chez Pierre Granier-Deferre la BO de La Horse et son thème pop très seventies. La Horse avec un Gabin en exploitant agricole maître sur ses terres confronté à des trafiquants de drogue prêts à tout pour récupérer leur bien. Le film est essentiel pour comprendre le dernier Gabin, celui des années de maturité, revenu à la terre et à la rudesse des origines. C’est aussi un rôle profondément personnel pour lui, car il rejoint presque mot pour mot sa propre vie : celle d’un homme enraciné, attaché à sa terre, à son autorité, à un certain sens de l’ordre et de la famille.
 Serge Gainsbourg aligne une orchestration lourde, rythmée, angoissante mais efficace à souhait.
 
 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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