1985 est assurément une belle année pour le cinéma. Avec des films tels que Cotton Club, de Francis Ford Coppola, L’Année du Dragon, de Michael Cimino, Mishima, de Paul Schrader ou encore Papa est en voyage d’affaires, d’Emir Kusturica, les cinéphiles sont gâtés.
Retour sur cinq monuments marquants sublimés, aussi, par leur bande originale.
The Mooche est un célèbre morceau de Duke Ellington et Irving Mills, interprété par le John Barry et son orchestre. On le retrouve dans Cotton Club, de Francis Ford Coppola. Ce film, sorti en France le 2 janvier 1985, nous plonge dans le New York des années 20, au cœur du célèbre club de jazz de Harlem, le Cotton club qui a réellement existé et que l’on doit au champion de boxe poids lourd Jack Johnson qui l’ouvre à l’angle de 142e rue et de l'avenue Lenox à Harlem. Le film mêle romance, crime et musique avec un casting impressionnant : Richard Gere, Diane Lane, Gregory Hines et Nicolas Cage. John Barry, qui a fait ses armes sur des films comme James Bond, dirige une partition où les percussions donnent un rythme effervescent. Avec ses cuivres vifs, le morceau illustre à merveille l'ambiance envoûtante du jazz à l'époque de la Prohibition.
Dans L'Année du dragon, l’Américain Michael Cimino, à qui l’on doit Voyage au bout de l'enfer, l’un des meilleurs films jamais réalisés sur la guerre du Vietnam, réalise en 1985 un film noir. On y suit un policier, interprété par Mickey Rourke, qui s'attaque aux triades chinoises de New York. La musique de Gustav Mahler, notamment le 5e mouvement de sa Symphonie n°2 en do mineur, est une pièce grandiose, utilisée pour accentuer la profondeur et la tension dramatique. L’œuvre de Mahler est ici déclinée dans sa forme la plus monumentale, où chaque mouvement orchestral renforce l’ambiance sombre et menaçante du film. L'intensité de cette musique s'aligne parfaitement avec les thèmes de l'œuvre : la quête de justice, l'isolement et la violence. Un choix audacieux mais parfait pour un film de cette envergure.
Kalidor, Red Sonja, dans son titre d’origine, est un film d’heroic fantasy réalisé par Richard Fleischer, où l’on retrouve un Arnold Schwarzenegger en pleine forme aux côtés de Brigitte Nielsen, future et éphémère Madame Stallone. Maître incontesté des grandes bandes-son, Ennio Morricone apporte sa touche unique à ce film mineur avec une musique grandiose et épique. Des trompettes sonnantes qui surfent sur les codes de l’aventure et de la fantasy. Le thème principal s’ouvre sur une orchestration majestueuse. Morricone excelle, ici, en associant les tonalités épiques de l'orchestre avec des éléments presque mystiques, ce qui donne à Red Sonja une dimension particulière qui s’est bonifié avec le temps. Et bien sûr, cette BO est restée mémorable grâce à sa capacité à illustrer l'héroïsme et le fantastique avec une mélancolie sous-jacente.
Nous voilà dans le monde de la pensée et de la tragédie avec Mishima, un film de Paul Schrader qui retrace la vie de l'écrivain japonais Yukio Mishima, interprété par le grand acteur Ken Ogata. Ce film explore les thèmes de la beauté, du sacrifice et de l’idéalisme, dans un style visuel époustouflant. La musique de Philipp Glass, jouée par le Quartet Kronos, répétitive et hypnotique, est une composante essentielle du film. Mishima Opening est un morceau caractérisé par des motifs de piano simples, mais d'une profondeur émotionnelle qui fait écho à l’intensité de la vie de Mishima. Le minimalisme de Glass s’accorde parfaitement avec la structure du film, où chaque moment de silence est aussi chargé de sens que les notes qui le suivent. La répétition hypnotique de la musique accentue la pression intérieure et la quête de perfection du personnage, une œuvre qui, à travers la musique, nous transporte dans l’esprit tourmenté de l’écrivain japonais.
L’année 1985 voit la sortie d’un film bouleversant que l’on doit à Emir Kusturica. Le réalisateur serbe confie à Zoran Simjanović la musique de Papa est en voyage d’affaires. Emir Kusturica est récompensé de la Palme d’or à Cannes. Le film, qui se déroule pendant la guerre en ex-Yougoslavie, raconte l’histoire d’un jeune garçon qui vit dans un monde en guerre, marqué par les absences de son père. La musique mélancolique et nostalgique, capture parfaitement cette dimension intime et tragique, réhaussée par ses accents folkloriques et son rythme lent, qui reflète la séparation et l’espoir d’une époque troublée.
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