Henri Gougaud, conteur inépuisable
C’est un conteur inépuisable. Henri Gougaud a écrit des dizaines de romans, des chansons pour Juliette Gréco ou Jean Ferrat, mais c’est au conte qu’il a consacré la majeure partie de sa vie. Parcourant le monde et la mémoire publique, il a collecté des centaines de contes et légendes de tous pays, ces histoires plus ou moins courtes, qui se transmettent de génération en génération, pour faire rire, pleurer, émouvoir et espérer…
Il y a toujours une part de sagesse universelle dans les contes, sous toutes les latitudes. À 87 ans, celui qui a rendu le conte populaire continue de rassembler en un bouquet plein de saveurs ces histoires courtes qui en disent long sur l’existence humaine. Il publie "Contes impatients d’être vécus" (éd. Albin Michel).
Tendres ou cruels, les contes ont souvent un côté magique et sage
Ça commence parfois par "Il était une fois", et le lecteur n’a plus qu’à se laisser embarquer par la magie du verbe. Mieux encore : avec ou sans auditeurs, lisez donc le conte à voix haute, car il est de tradition orale. Et si nous prenions le temps d’un conte ? J’ai choisi pour vous "Le flocon de neige" :
Une mésange, une colombe sur une branche défeuillée. Elles contemplent l'horizon gris, puis la mésange, à sa compagne :
- Toi qui pris ton envol, jadis, des mains ouvertes de Noé, dis, que pèse un flocon de neige ?
L'autre roucoule :
- Moins que rien.
Long silence gelé, puis la mésange :
- Écoute. J'ai passé la dernière nuit à l'abri d'un creux de vieux chêne. Je ne pouvais dormir, Dieu se taisait trop fort. Alors, pour tromper mon ennui, comme il neigeait lourd dans le noir, je me suis amusée à compter les flocons sur la première branche à portée de mon œil.
Je ne te dirai pas leur nombre, qu'importe, je l'ai oublié. Mais ce qui me reste en mémoire, et j'en ressens encore un bonheur inconnu, c'est le vol léger de l'un d'eux qui tourbillonna dans l'air sombre, hésita, enfin se posa, et la branche, épuisée par le poids ridicule de ce dernier venu, s'effondra lamentablement.
La mésange se tait. La colombe, rieuse :
- Une idée toute nue me vient. Ne manque peut-être qu'un rien, un flocon, une nuit de neige, pour que tombent les branches mortes qui nous embroussaillent la vie. Je ne t'oublierai pas, mésange.
- Moi non plus, colombe. Bon vent !
Henri Gougaud, "Contes impatients d’être vécus" (éd. Albin Michel)
Il y a de quoi méditer avec les contes
C’est ce que nous propose Henri Gougaud, avec 84 contes, qui, selon les sept chapitres, évoquent "les pouvoirs de l’enchantement, l’illusion féconde, la venue au monde, la tendresse qui réchauffe les cœurs..." Des contes à picorer selon les envies : il y en a forcément un pour vous aujourd’hui !
Pour aller plus loin
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !