"C’est lundi, c’est raviolis !" Il aura suffi d’une réplique pour qu’Hélène Vincent accède à la célébrité en 87 dans "La vie est un long fleuve tranquille" d’Etienne Chatillez. Aujourd’hui, la comédienne est à l’affiche de "On ira" d’Enya Barroux, un film à a fois drôle et émouvant sur la fin de vie, sorti en salle ce 12 mars. A cette occasion, retour sur la carrière d’une comédienne discrète et attachante, aux petits secrets de bonheur assez particuliers !
Une grand-mère atteinte d’un cancer, qui décide d’aller mourir en en Suisse et qui embarque, sans leur dire, en camping-car, son fils immature et sa petite-fille ado en crise, avec comme chauffeur un aide-soignant, lui par contre mis dans la confidence, c’est le point de départ de "On ira", le premier film d’Enya Baroux. Un sujet grave, mais traité avec humour et émotions. "C’est en fait une véritable ode à la vie." souligne Hélène Vincent, qui joue le rôle de cette octogénaire déterminée. "Il faut pouvoir parler de la mort pour pouvoir profiter des derniers instants de la vie. Ca ouvre les dernières portes de la relation avec les enfants et les petits-enfants."
Drames ou comédies, en 50 ans de carrière Hélène Vincent aura joué dans tous les registres, que ce soit au théâtre, séries télé ou au cinéma. Mère culpabilisée d’une victime du Père Preynat dans "Grâce à Dieu" de François Ozon, grand-mère ambiguë dans "Quand vient l’automne" du même réalisateur, ce qui lui a valu d’ailleurs une nomination comme "meilleure actrice" aux derniers César. Mais pour toute une génération, elle reste encore cette Marielle Le Quesnoy, bourgeoise coincée, avec ses "raviolis du lundi" et ses "Ne jurez pas Marie-Thérèse !" adressés à sa bonne. Un film providentiel : "Il est arrivé à 41 ans, à un moment où je voulais quitter ce métier. J’étais désespérée et n’avais pas travaillé depuis deux ans. Et les raviolis m’ont rempli l’estomac !" conclut-elle en souriant.
Quand vous vous levez le matin, est-ce que vous êtes plutôt en mode bonne humeur ou il ne faut pas trop vous chatouiller ?
Non, je suis en mode bonne humeur. J'ouvre mes volets, j'ouvre la porte, je vis à la campagne, puis je respire un grand coup et je me sens heureuse d'être encore vivante, voilà.
Qu'est-ce que vous faites pour vous remonter le moral quand vous avez un petit coup de déprime ? Est-ce que vous chantez "Voyage Voyage " de Desireless comme dans le film "On ira" ?
Non, en général, je fais… le ménage. (rires) Je fais le ménage, j'astique, je range tout, je nettoie tout. Et petit à petit, en fait, je me concentre tellement dans ce que je fais que j'oublie. Et puis, pour chasser la mauvaise humeur… Je sors un des films doudous que j'ai …
Par exemple ?
Coup de foudre à Notting Hill !
Ça vous remonte le moral ?
oui, oui, oui !
Est-ce qu'il y a un endroit où vous vous sentez bien, qui vous ressource, où vous aimez bien vous réfugier ? Pas seulement en camping-car, j'imagine !
Non, c'est dans le hameau où je vis, dans la campagne nivernaise. C'est une vraie campagne, avec un charme très secret, qui ne vous éclate pas la figure comme ça, mais petit à petit. Il y a des paysages magnifiques, des forêts sublimes, des prés, des vaches, ça sent bon. Voilà, c'est ça pour moi.
Est-ce qu'il y a une personne qui a beaucoup compté pour vous dans votre vie personnelle ou professionnelle et à qui aujourd'hui vous avez vraiment envie de dire merci ?
Il y en a beaucoup et ceux à qui j'aimerais dire merci se sont décédés.
A qui pensez -vous par exemple ?
À Jean-Pierre Vincent, bien sûr, (son mari comédien et metteur-en-scène ndlr) et à Patrice Chéreau. Ces deux-là, ils m'ont sauvé la vie ! Franchement, là d'où je venais, j'étais mal "barrée", vraiment. Ils m'ont acceptée, ils m'ont fait travailler, ils m'ont donné des livres à lire, montré des tableaux, écouté de la musique. Voilà, c'est eux, c'est vraiment eux.
Hélène Vincent vous connaissez le dicton "Pour vivre heureux, vivons cachés" . Mais pour vous, pour vivre heureux, il faudrait vivre comment ?
Eh bien, je l'ai trouvé, là. Je suis heureuse, vraiment. Je vis seule, à la campagne.
Être libre de ses choix , comme Marie dans "On ira" ?
Ah, être libre de ses choix, oui. Quand on en arrive là, à pouvoir dire, ça oui, ça non, c'est qu'on a déjà fait un sacré bout de chemin. Et c'est mon cas aujourd'hui. Voilà, donc je suis heureuse !
Pour terminer, juste un petit plaisir, est-ce que vous pourriez nous redire, c'est "lundi, c'est raviolis"?
C'est lundi, c'est raviolis !
Bon appétit ! Merci Hélène Vincent !
Extrait de la reprise "Voyages voyages" de Désireless par Barbara Pravi
"On ira", le premier film d'Enya Baroux, fille du comédien et réalisateur Olivier Baroux, du tandem Kad et Olivier. Avec Pierre Lottin, David Alaya et Juliette Gasquet. Sortie en salles le 12 Mars
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