Festival Villers BD : rencontre avec une autrice engagée
Le week-end dernier, du 17 au 18 mai, la bande dessinée était à l’honneur avec la 13ème édition du festival Villers BD. Des séances de dédicaces et des expositions se sont déroulées près du château de Madame de Graffigny à Villers-lès-Nancy. Nous sommes allés sur place et nous avons fait la rencontre de l’autrice Claire Bouilhac.
Claire Bouilhac au festival Villers BD Pendant cette journée dédiée à la bande dessinée, Claire Bouilhac a présenté ses œuvres dont deux réalisées en collaboration avec Catel Muller : Indiana et La Princesse de Clèves. Ces deux histoires ne vous sont pas inconnues puisqu’elles figurent parmi les textes qui ont marqué la littérature française. Claire Bouilhac nous a donc expliqué pourquoi et comment elle et Catel Muller sont parvenues à adapter une histoire comme La Princesse de Clèves en une bande dessinée.
Relire et comprendre La Princesse de Clèves
Les deux autrices-illustratrices se sont lancées sur le projet de La Princesse de Clèves en voyant que la fille de Catel Muller l’avait lu et n'avait pas apprécié cette histoire. Cette réaction a suscité un grand étonnement de la part des deux autrices. En effet, dans cette histoire, La Princesse de Clèves est une jeune fille qui découvre l’amour : c’est un sujet qui peut parler à un public assez large selon elles. “On va sur la lune mais on découvre l’amour toujours de la même façon 500 ans plus tard”, explique Claire Bouilhac. En outre, ce qui intéresse cette dernière, c'est la façon dont les autrices de l’époque ont eu l’occasion de travailler leur héroïne en fonction du contexte et de leur époque. Dans le cas de Madame de La Fayette, celle-ci a écrit La Princesse de Clèves bien après que les événements se soient déroulés.
Une adaptation pour les lecteurs modernes
Bien qu’elle affectionne particulièrement son histoire, Claire Bouilhac reconnaît que La Princesse de Clèves n’est pas un roman facile à lire et à comprendre pour les lecteurs d’aujourd’hui : “C’est un texte qui est un petit peu hard pour un lecteur moderne”, reconnaît-elle. Pour combler cette lacune, Claire Bouilhac et Catel Muller ont réduit les passages jugés “superficiels” pour la compréhension de l’histoire. Claire Bouilhac a notamment retiré quelques passages de la première partie du roman : “Elle fait des clins d’œil assez contemporains sur des gens de sa propre cours, ce qui évidemment nous échappe complètement aujourd’hui”, explique-t-elle en évoquant le travail de Madame de La Fayette. Ainsi, les deux autrices ont décidé de faire ressortir les deux angles principaux de cette œuvre. Le premier étant que, La Princesse de Clèves est une jeune fille qui prend ses propres décisions et qui est très encouragée par sa mère. Selon Claire Bouilhac, il s’agit donc d’une situation aux dimensions féministes pour l’époque. Le deuxième angle que les deux autrices ont mis en lumière c’est la capacité des hommes et des femmes à pouvoir agir et réagir en fonction des droits dont ils disposaient à l’époque.
La BD : un milieu qui se féminise ?
Le monde de la bande dessinée évolue, porté par l’arrivée de nombreuses jeunes autrices, souvent par le biais du numérique. “Il y en a beaucoup plus que quand j’ai commencé”, observe Claire Bouilhac. Elle souligne l’émergence d’une solidarité féminine, notamment avec la création d’un collectif contre le sexisme dans la BD. Pourtant, les inégalités persistent. En effet, l’autrice regrette que les hommes se soutiennent dans le domaine professionnel au détriment des femmes qui ont plus de difficultés à évoluer à force égale. “Quand j’étais petite, c’était très difficile pour moi de m’imaginer en tant qu’autrice. D’abord parce que le mot n’existait plus - grâce à Richelieu - mais qu’en plus parce que je n’en voyais pas des autrices de bandes dessinées”, témoigne-t-elle. Aujourd’hui, elle espère que les petites filles peuvent enfin se dire que c’est possible de devenir autrice et de pouvoir se faire une place dans cet univers qui fait le bonheur de Claire Bouilhac et de tant d’autres passionnées du 9ème art.


