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Festival d'Avignon : les coups de cœur de RCF Méditerranée

Festival d'Avignon : les coups de cœur de RCF Méditerranée

Un article rédigé par Audrey Souriau et Brigitte Lascombe - RCF Méditerranée, le 11 juillet 2025 - Modifié le 13 juillet 2025

Avec près de 1800 spectacles à l'affiche, pas toujours facile de trouver les perles de ce festival d'Avignon OFF 2025. 

Voici nos premiers coups de cœur de cette semaine du 7 au 13 juillet 2025. 

Une édition 2025 riche de près de 1 800 spectacles ...Une édition 2025 riche de près de 1 800 spectacles ...

Depuis lundi, les équipes de RCF Méditerranée, RCF Vaucluse et RCF Dialogue sillonnent les théâtres et les salles de spectacles d'Avignon pour vous proposer tous les jours, du lundi au samedi, de 12h à 13h, une heure d'émission en direct et en public sur la place saint Didier à Avignon. 

Voici les coups de cœur de RCF Méditerranée pour cette semaine riche en découvertes et en rencontres :

  • "Péril Ordinaire" au Théâtre de l'Entrepôt. Caroline Ribot époustouflante avec ses 17 personnages. L'histoire de Camille à l'adolescence perturbée qui, malgré la perte de son meilleur ami, arrivera à ouvrir ses ailes pour accomplir ses rêves. La vie est pleine de périls à surmonter il faut retrouver ses valeurs pour continuer à y croire.
    Ce spectacle a été coécrit avec Victor Lassus (du Collectif de l'Étreinte @cie.etreinte ) et coproduit avec Chateauvallon Liberté Scène Nationale. 

     

  • “Nos premiers pas” : une pièce de Déborah Krey d’après le récit autobiographique de Caroline Susa c’est à découvrir à l’espace Alya, 78 rue des infirmières à Avignon. Nos premiers pas c’est le témoignage poignant des premiers pas de l'autrice avec celui avec qui elle va partager sa vie... Ce n’est pas un homme mais une maladie neurodégénérative : Parkinson. Le diagnostic tombe à 37 ans  après un véritable parcours du combattant pour être enfin entendue... On vit grâce à la comédienne Emilie Bougard, les étapes par lesquelles la jeune mère va passer : le déni, la colère, la peur et cette cohabitation… Une interprétation juste, sublime, pleine de pudeur et de sensibilité. On est encore plus touché quand on sait que c'est une histoire vraie et le quotidien de nombreux jeunes hommes et jeunes femmes qui doivent vivre avec cette maladie pathologie associée à la vieillesse et parfois que beaucoup croient à tord être un problème d'alcool...  Et puis la comédienne n'est autre que la nièce de l'auteure... Bouleversant ! 

     

  • "L'enfant de verre" à voir au théâtre Présence Pasteur à 14 h 20 jusqu'au 26 juillet. Le texte parle des non-dits familiaux. La fusion entre les membres semble un enduit solide... en apparence. Le silence est de mise. Le bonheur est factice. Tel un château de cartes, le bel équilibre peut s'effondrer à tous moments.
    Ce conte fantastique de Léonore Confino et Géraldine Martineau est mis en scène par Alain Batis. Le pays nordique est imaginaire, le royaume familial est en verre et les filles, pour leurs quinze ans, se lèguent un oiseau en verre fragile comme un cœur pouvant se briser à la moindre émotion. Où est l'amour dans tout ça ?
    Chacun porte un secret, abandon, folie, alcoolisme, usurpation de rôle, neurasthénie, abus sexuel... Il faudra bien que la parole se libère pour repartir sur de bonnes bases et se délivrer de la violence inhérente.
    Très bien traîté psychologiquement. On pense aux thérapies systémiques (familiales) où l'un des membres porte le symptome de la famille. Une famille qui doit être traitée en entier.
    C'est dur de se montrer vrai et d'écouter l'autre pas d'écouter ce que l'on voudrait entendre.
    Sur scène on peut voir la grand-mère, la fille ainée, le jeune marié, le père, le souffleur de verre, la mère, la fille cadette par qui les problèmes arrivent... Une pièce forte, poignante, terriblement bien jouée !
    Compagnie La mandarine blanche.

 

Trois spectacles incontournables à la chapelle de l’Oratoire

 

Direction à présent la chapelle de l'oratoire, rue Joseph Vernet à Avignon pour trois spectacles pleins de sens et d'espérance. 

  •  “Maintenant que j’ai l’âge de ma grand-mère” par la compagnie Le Puits. Mary Vienot y interprète son propre rôle, et nous raconte à travers Plouk son clown, son chemin de vie. On la rencontre petite fille, on vit son enfance dans la pauvreté de l’après guerre entre Irlande et Angleterre, son arrivée en France pour suivre des cours de théâtre, la rencontre avec son mari, leur amour, leurs enfants, le décès de son fils et puis l’avancée en âge et cette peur de la mort. En tant que spectateur, on est touché dans notre intimité et invité à rejoindre nos émotions. on rit, on pleure, on apprend aussi l'importance de la fragilité. A découvrir jusqu’au 25 juillet, les jours impairs c’est à 18h30.

 

  • La Chapelle de l'Oratoire semble vibrer à l'unisson avec les danses soufis et la voix pure de Raphaëlle Hubin. Il lui en aura fallu du temps et du courage, pour répondre aux questions existentielles: Qui suis-je ? Où vais-je ? Ai-je un rôle à jouer ?
    Son spectacle théâtralisé "L'Envol" relate son parcours initiatique.
    Difficile d'être "d'être quelques notes sur un cahier" mais facile de répondre aux exigences familiales lorsqu'on est capable de présenter l'ENA. Difficile d'être harcelée, à l'école, lorsqu'on est différente. Elle, si sensible, voudrait "habiter poétiquement le monde"'. Mais sans travail, sans argent, c'est difficile aussi. La solution se présente la méthode M.E.R.D.E Mettre en route, Écouter son coeur qui bat, Ressentir ce qui se passe, se Débrouiller, s'Émerveiller de la personne unique que l'on est. Alors elle va tout lâcher, rencontrer Dieu et la foi sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, trouver la paix, s'essayer à la colorimétrie pour devenir authentique et accepter son prénom Raphaëlle signifiant Dieu guérit.
    Quel beau spectacle! À la fois parlé, dansé (en couleurs successives) comme un derviche tourneur pour atteindre l'extase et chanté.  Oui l'oiseau est là, magnifique, lumineux en chacun de nous. Il suffit pour cela de se libérer de ses peurs car "jouer petit ne rend pas service au monde". Une belle leçon de vie. Mise en scène de Guillemette Regnault. À voir jusqu'au 26 juillet. 

     

  • "L'homme qui marche" de Christian Bobin, interprété par Jacques Langlet. Le texte est puissant. Les images poétiques, l'écriture ciselée. L'homme qui marche, c'est Jésus de Nazareth, mais son nom n'est jamais cité... Jacques Langlet, frère missionnaire oblat, dans un décor sobre, cite les lumineuses pensées, imprégnées de foi chrétienne, de Christian Bobin. C'est aussi sa propre ferveur qui transparaît ici." La porte de l'autre, c'est le visage" dit-il encore. Celà m'évoque le philosoophe Lévinas avec sa théorie des visages et de l'Autre avec un grand A. 
    Chanter, c'est résister, car " la vibration persiste dans le rien" "Ce que l'on partage se multiplie" récite encore Jacques Langlet. Et nous voilà à partager un pain de campagne, en souriant, de cette multiplication simple de petits bouts distribués avec un large sourire. Oui, la joie est communicative. "Roi sans puissance", mais rempli d'amour, Dieu donne l'exemple. Ce religieux nous fait face en toute simplicité, animé de sa foi en Jésus, son rendez vous avec Dieu.
    "Dieu est un homme qui marche bien au delà de la tombée du jour." "Rien de ce qui est humain ne lui est étranger"
    Le message est passé pour la plupart, non passé pour d'autres. Qu'importe... des graines sont semées, à nous de les arroser et d'entretenir notre jardin pour qu'il fleurisse. Pour croyants ou non croyants, ce texte fort transmet des paroles de paix et de fraternité. 

 

Le festival d'Avignon c'est aussi des classiques revisités et des textes poignants

 

  • "Germinal", l'intemporel est sur Avignon off.  Un spectacle toujours contemporain vu la mondialisation, l'exploitation du charbon encore opérante de nos jours, les inégalités sociales et les violences faites aux femmes.
     Étienne (Léandre Leroy), Catherine (Agathe Coquelle) et Chaval (Nicolas Tavernier) sont les trois personnages principaux, ils changent en alternance. La pièce , reste fidèle au roman de Zola, et relate un drame social, celui de l'exploitation des mineurs parallèle à l'exploitation des mines de charbon dans le nord de la France au XIXème siècle.
    Étienne, l'idéaliste, se révolte contre l'injustice, les conditions inacceptables de travail dans les mines et la violence de Chaval envers Catherine qui subit coups et viols sans oser élever la voix. Une grève sera t elle possible? Un nouveau drame ébranlera t il les structures fragilisées? L'originalité de ce spectacle, très bien joué, doit beaucoup aux décors. Trois grands panneaux de verre forment un écran de projection, en noir et blanc, pour des personnages filmés ou dessinés. Il a fallu 30 comédiens (de 6 mois à 80 ans) pour réaliser cette performance rendant palpable la population de Montsou et les inégalités sociales. Les mineurs les plus importants sont plus lumineux. Les photos sont réservées aux patrons. Mais si l'un d'eux fait faillite il passe au stade crayonné. Des décors époustouflants. A voir, sans modération, au Théâtre de La Luna à 15 h 15 jusqu'au 26 juillet.

 

  • Un témoignage bouleversant à découvrir à la Scala Provence jusqu'au 26 juillet à 10h10 : "Prière aux vivants". Seule en scène avec pour seul décor les murs noirs de la salle 60 et un luminaire, une servante de théâtre, Marie Torreton nous retrace les années de déportation à Auschwitz de la résistante française Charlotte Delbo. C'est poétique, touchant, et sobre. Un récit de résilience raconté avec pudeur. On y découvre le quotidien de ces femmes dans ce camp de la mort : l'appel, la soif, le froid, la fatigue, la peur. On est remué par la façon dont elles s'accrochent à la vie à tout prix, avec cet espoir que un jour peut être elles seront libres. La solidarité, la sororité, l'art. Pour ne pas sombrer, elle s'attache à la poésie, elle se récite des poèmes, elle a peur de les oublier. Elle achète Le Misanthrope, dans l’édition Les petits classiques, a une gitane contre un bout de pain, elles vont l'apprendre ce texte et le jouer. Une ode à la vie et à l'humanité. 

 

 

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