Et si ça s'était passé autrement? avec Julien Donadille et Régis Jauffret

Dans le ventre de Klara

Dans un roman époustouflant, Régis Jauffret nous raconte la grossesse de Klara à la fin du XIXe siècle, en Autriche. Ce pourrait être une histoire banale, et c’est le cas, en quelque sorte, sauf quand on comprend que l’enfant à naître est Adolf Hitler. Comment l’heureux événement se prépare dans une famille modeste, qui n’imagine évidemment pas le rôle que le bambin va jouer dans l’effroyable drame du XXe siècle.

Régis Jauffret est l'auteur de nombreux livres, des romans bien sûr, mais aussi des nouvelles, je citerai volontiers les trois tomes de Microfictions, le deuxième tome ayant reçu le Goncourt de la nouvelle, c’était en 2018. Tout récemment, Régis Jauffret a signé un Dictionnaire amoureux de Flaubert. Son travail explore souvent les faits divers, on se souvient notamment de Claustria, l’histoire de cette autrichienne séquestrée et abusée par son père pendant 24 ans. Avec ce nouveau roman, il nous entraîne aux débuts innocents d’une folie meurtrière qui va enflammer l’Europe.

Dans le ventre de Klara, de Régis Jauffret, est publié aux éditions Récamier.

La paix paresseuse

Sur les bords du lac Majeur, pourrait-il y avoir aussi un tournant décisif de l’historie du monde ? Rien n’est moins sûr : la conférence internationale qui se déroule en 1935 mesure certainement l’ombre envahissante qui se déploie sur l’Europe, mais qui tiendrait tête à l’Allemagne du chancelier Hitler ?

Julien Donadille, La paix paresseuse est son deuxième roman, plus proche de la réalité peut-être que le premier, « Vie et œuvre de Constantin Eröd », paru en 2016, chez Grasset. Il mêle une documentation très précise à un personnage de fiction qui se perd dans les dédales de l’histoire. Julien Donadille est conservateur de la bibliothèque littéraire Jacques Doucet, place du Panthéon, qui a pour finalité la conservation des œuvres littéraires de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours…

La Paix paresseuse, de Julien Donadille, est publié aux éditions du Rocher.

Et encore deux petits livres étonnants...

tout d’abord , le manuel d’entretien d’embauche au KGB, un document d’histoire retrouvé par le romancier Irgor Gran. Au fil des pages, on trouve conseils et idées pour développer un réseau d’espions en Occident. Le texte du manuel est complété d’incises de l’écrivain qui reprend des histoires vécues, des anecdotes souvent drôles. « Une évidence, le KGB est avant tout une bureaucratie où tout doit être fait selon les règles strictes et un protocole précis, où la paperasserie est la norme, où chaque processus doit être présenté à son supérieur avant toute prise de décision ». C’est L’entretien d’embauche au KGB, Iégor Gran, aux éditions Bayard, collection récits.

Et puis ce document encore, la longue marche de cent mille chômeurs sur Washington en 1894 pour réclamer un grand plan d’investissement dans les travaux publics. Jack London n’a que 18 ans, il rejoint la manifestation à San Francisco et raconte l’affaire dans un petit texte inédit. Traduit par Jacques Tournier, c’est Carnet du trimard, de Jack London, aux éditions Libretto.