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Diane Kurys : "J'ai la chance d'avoir toujours été libre !"

Diane Kurys : "J'ai la chance d'avoir toujours été libre !"

Un article rédigé par Vincent Belotti - RCF, le 26 septembre 2025 - Modifié le 26 septembre 2025
Il était une joieDiane Kurys : "J'ai la chance d'avoir toujours été libre "

Elle s'est fait connaitre en 1977 avec "Diabolo Menthe", chronique douce amère de sa vie de lycéenne dans les années 60. Depuis, Diane Kurys a tracé son chemin, avec des portraits de femme allant au bout de leurs sentiments, quoiqu'il en coûte. "Toi qui m'aimais", son nouveau film sort ce 1e Octobre, relatant les dernières années du couple mythique Montand-Signoret. Coulisses du tournage et petits secrets de bonheur d'une réalisatrice qui a su rester libre de ses choix.

© RCF© RCF

"Simone Signoret est née le même jour et la même année que ma mère. Et elle est morte le même mois de la même année que ma mère !" s'amuse-t-elle. Mais ce n’est pas sur cette coïncidence que Diane Kurys a choisi de lui consacrer son dernier film. "C’était une figure de femme forte, indépendante. On adorait sa grande gueule, la façon dont elle prenait la parole et j’ai commencé à m’intéresser à elle, me documenter, relire ses interviews, son autobiographie "La nostalgie n’est plus ce qu’elle était ". Et on ne sait pas comment on suit une idée. Mais si le lendemain et le surlendemain, elle persiste, on sait que c’est la bonne ! " 

Une question universelle

Dans "Toi qui m'aimais", tiré de la chanson "les Feuilles mortes", on suit donc Yves Montand et Simone Signoret dans les douze dernières années du couple. Une période qui n'a pas été choisie au hasard. "Dans la fin, il y a tout le début." explique la réalisatrice "La rencontre, la liaison avec Marilyn, le bonheur passé, les trahisons. Et ça pose la question du bilan : qu’est-ce qui nous a fait tenir ensemble après 50 ans, est-ce qu’on s’admire toujours, est-ce qu’on est toujours heureux d’être l’un avec l’autre. C’est cette question que le film pose et pas seulement pour les couples célèbres."

Des personnages comme au théâtre

Coté distribution, c’est Roschdy Zem qui campe un Montand volage et égocentrique, tandis que Marina Foïs incarne une Simone Signoret vieillie, meurtrie, noyant ses désillusions dans l’alcool et pourtant tous les deux animés d’une passion commune. "Le film montre que l’amour circule jusqu’au bout." explique l'auteure de Coup de foudre. "Il y a parfois de la haine, mais aussi de la tendresse, ça va d’un pôle à l’autre. Mais à la fin du film, on sent qu’ils se sont aimés, ces deux –là." Et pour écarter tout débat sur la ressemblance physique avec leurs modèles, une séquence d’ouverture montre les deux comédiens se glisser dans la peau de leurs personnages, comme au théâtre, avant d’entrer en scène. 

"Je connais mieux les femmes que les hommes!"

Des personnages féminins qui reprennent leur vie en main, allant au bout de leurs sentiments, la filmographie de Diane Kurys en témoigne depuis son premier succès,  "Diabolo Menthe" en 1977, soit la chronique douce-amère d’une lycéenne et de sa sœur. Des fictions comme "Coup de foudre" ou "La Baule- les- Pins", inspirées par sa propre jeunesse, marquée à six ans par la séparation de ses parents. Mais aussi plus tard, des femmes libres, qui s’affranchissent des conventions, comme le biopic de Sagan avec Sylvie Testud ou "Ma mère est folle" avec Fanny Ardant. Cinéaste féministe ? Pas vraiment, se défend-elle "Je dois connaitre mieux les femmes que les hommes.  Et si les hommes sont un peu plus lâches dans mes films, c’est qu’ils sont quittés. Et les hommes n’aiment pas être abandonnées ! » conclut-elle avec un sourire !

Questions Bonheur

Diane Kurys, si on ne sait pas encore définir le secret d'un couple, comme Montand et Signoret, dans la vie, quels sont vos petits secrets de bonheur ? Première question, le matin quand vous vous levez, est-ce que c'est tout de suite de bonne humeur ou attention, humeur explosive façon "Cocktail Molotov" ne pas déranger tant que je n'ai pas bu mon café ou mon thé ?

Non, je suis toujours de bonne humeur quand je me réveille. 

Qu'est-ce qui vous met donc de bonne humeur le matin ? 

Je ne sais pas, je suis contente de me réveiller, d'être encore en vie. Il n'y a pas de colère, il n'y a pas d'angoisse, il n'y a pas de mauvaise humeur jusqu'au café. Et toujours impatiente de ce qui va se passer dans la journée.

Quand vous avez un petit coup de cafard, qu'est-ce que vous faites pour vous remonter le moral ? 

Je prends un livre ou je prends le téléphone ou je vais faire un tour. La lecture est un très très bon dérivatif. Si quelque chose m'a rendue de mauvaise humeur ou triste, ça m'arrive souvent de chercher un livre dans la bibliothèque et de dire "Allez tiens". Ca peut être n'importe quoi, mais la lecture m'apaise, comme elle doit apaiser, je pense pas mal de gens. Le téléphone, c'est quand on n'a pas envie de lire. Alors on appelle quelqu'un. Donc je parle beaucoup au téléphone ! Et puis sinon, s'il n'y a personne à appeler, pas de livre à lire, je... 

Vous prenez un diabolo menthe ? 

Non, j'aime pas trop le diabolo menthe. J’ai jamais aimé ça ! 

Diane Kurys, est-ce qu'il y a un endroit où vous vous sentez bien, qui vous "ressource" comme on dit ? 

Chez moi, j'aime bien chez moi. 

Qu'est-ce qui est bien chez vous ? 

Alors j'ai beaucoup de chance parce que tous les matins, je vois le ciel. J’ai un appartement qui est comme ça. Double exposition. Donc si le soleil se lève à droite, il se couche à gauche et il y a du soleil toute la journée. Et même quand il y a de la pluie, on voit le ciel, il n'y a rien de tel. J'ai beaucoup, beaucoup de chance !

En parlant d'ailleurs d'endroits qui marquent, vous avez pu tourner certaines scènes du film "Toi qui m'aimais" dans des lieux qu’ont fréquenté Yves Montand et Simone Signoret, comme La Colombe d'or à Saint-Paul-de-Vence où le couple s'était rencontré pour la première fois. C’'est un bon souvenir de tournage ? 

Oui, j'aurais été très triste de ne pas pouvoir y tourner et j'ai eu beaucoup de chance. Le propriétaire qui s'appelle François Roux et qui a hérité de cet établissement, c'est son grand-père qui l'avait créé. C'est toute une famille, toute une dynastie, les Roux. Et il m’a autorisée. C’est la première fois qu'on tourne à la Colombe d'Or. Si vous allez sur internet pour regarder les chambres, vous ne les trouverez pas, elles ne sont pas en photo.

Par contre on voit le mobile de Calder dans la cour …

Oui, parce qu'il y a des œuvres d'art à l'intérieur de cet hôtel, c'est hallucinant !  Et on a eu le droit d'y tourner, oui. C'était très important pour moi. 

Question gratitude, Diane Kurys : est-ce qu'il y a une personne qui a beaucoup compté dans votre vie personnelle ou professionnelle et à qui aujourd'hui, vous avez vraiment envie de dire merci ? 

La personne qui a compté le plus et qui compte encore le plus, c'est mon fils. Sacha Sperling*, qui va d'ailleurs reprendre son nom. Il s'appelle Yacha Kurys, comme moi. Comme il a eu une petite fille il n'y a pas longtemps, qui s’appelle Micha Kurys, il a décidé pour son prochain livre qui sort en janvier de reprendre son vrai nom. Et je suis très heureuse de ça. 

Qu'est-ce qu'il vous apporte votre fils ? 

Je ne sais pas, il m'apporte beaucoup de sérénité, d'apaisement, de questionnement. On s'entend très bien et on s'est rencontrés tard. Il avait 8 ans quand on s'est vraiment rencontrés, parce que je tournais énormément quand il était petit. Il était toujours gardé. Et à un moment, il m'a dit : "Viens on part avec la voiture, on va faire un voyage." Et quand on a commencé ce voyage, au bout de cinq minutes, il m'a dit : "Bon. Maintenant, tu vas me raconter ta vie! " Et là, on a commencé à faire le lien et le lien ne s'est jamais rompu.

Est-ce que vous n'auriez pas aussi envie de dire merci à cette directrice du lycée Jules Ferry à Paris qui vous a autorisée à tourner en été, pendant les vacances scolaires, votre premier film "Diabolo Menthe", qui a démarré votre carrière de réalisatrice ? 

Ah si ! Mais là, je lui dois énormément, bien sûr ! Elle est à la retraite maintenant. Mais surtout, je dois à tous les gens qui m'ont permis de faire ce déroulement. C'est évident. Il y a Toscan Du Plantier, président de la commission d'avance sur recettes à l'époque et qui m'a donné l'avance sur recettes. Je ne l'avais pas eu la première fois. Et puis tous les gens qui ont participé :  Philippe Rousselot, qui a fait l'image de "Diabolo Menthe", avec lequel je viens de faire ce dernier film. On ne s’était pas revus depuis 45 ans et on s'est retrouvés, on est passés du premier au... dernier !

Pour terminer, Diane Kurys, vous connaissez le dicton "Pour vivre heureux, vivons cachés", mais pour vous, pour vivre heureuse, il faudrait vivre comment ?

Il faut vivre libre. Pas de personnes qui vous dictent ce que vous devez faire. 

Et ça a été votre cas tout au long de votre carrière ? 

Oui, ça a été très important pour moi. C'est terrible parce que je suis très gâtée de pouvoir dire ça. Mais personne au-dessus de moi ou à côté de moi pour m'empêcher ou pour me freiner ou... pour ne pas m'encourager au moins. Vraiment, c'est la liberté pour moi.

*Son fils, écrivain, né en 1990 de l’union avec le réalisateur Alexandre Arcady


"Toi qui m'aimais", de Diane Kurys, avec Marina Foïs et Roschdy Zem. sortie le 1e Octobre au cinéma

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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