Accueil
Deux films de société en salle cette semaine : Paternel et L'affaire Abel Trem

Deux films de société en salle cette semaine : Paternel et L'affaire Abel Trem

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF, le 27 mars 2024  -  Modifié le 27 mars 2024
La Chronique Cinéma Deux films de société en salle cette semaine : Paternel, et L'affaire Abel Trem

LES FILMS DE LA SEMAINE - Cette semaine 2 films "de société" sur les écrans. Le premier, sur l’Église et plus précisément la vie privée des prêtres, c’est PATERNEL de Ronan Tronchot. Et le second, plus politique, se passe à Budapest, en Hongrie. C’est L’AFFAIRE ABEL TREM, de Gabor Reisz.

Grégory Gadebois dans "Paternel" ©Les Films du Clan / Micro Climat Studios / Marianne Grégory Gadebois dans "Paternel" ©Les Films du Clan / Micro Climat Studios / Marianne

PATERNEL pour commencer. Le thème nous intéresse tout particulièrement. C’est l’histoire de Simon, un prêtre très apprécié dans sa paroisse qui voit arriver un jour à la sortie de la messe, une jeune femme, Louise, accompagné d’Aloe, 11 ans, qu’elle lui présente comme étant son fils.

Un regard de l'intérieur dans la vie de l'Église

Disons-le tout de suite, le film n’est pas du tout "à charge" contre l’Institution. Il traite, de manière sincère et authentique, du quotidien des prêtres aujourd’hui, à travers une histoire certes particulière et romancée mais documentée. C’est un premier long métrage d’un jeune réalisateur qui s’interroge sur son Église. Il a co-écrit le scénario avec Ludovic du Clary qui partage les mêmes questionnements. Et il faut se réjouir que de jeunes cinéastes se sentent concernés, aujourd’hui, en France, par la vie de l’Église, vue de l’intérieur !

La Chronique Cinéma Deux films de société en salle cette semaine : Paternel, et L'affaire Abel Trem

Une relation père et fils entre Simon et Aloe

Donc Simon a eu une relation avec Louise avant d’être prêtre. Et il doit maintenant concilier son rôle de père avec sa vocation, qui reste toujours très vive ! Ce qui est résumé dans le film, par cette réplique d’Aloe : "Pourquoi tout le monde t’appelle Mon Père et moi, je ne peux pas t’appeler papa ?"Simon au début est déstabilisé, puis il se laisse transformer progressivement par les évènements, tout en restant fidèle à sa foi. C’est un film intimiste, qui tient beaucoup à la qualité du casting. Avant tout, Gregory Gadebois qui joue le rôle de Simon, est un très grand acteur, doué d’une sensibilité à fleur de peau. Il donne beaucoup d’épaisseur humaine à ce prêtre.

Un film tiré de la réalité

Le film est aussi très documenté. Les deux scénaristes ont rencontré plusieurs prêtres et laïcs sur le sujet, et ils ont vécu en immersion dans une paroisse en Bretagne. Le film nous montre l’envers du décor. Que font les prêtres de leur temps libre par exemple ? Les seconds rôles sont intéressants. Il y a Lyes Salem, un acteur toujours très juste, qui interprète Amine, un prêtre d’origine algérienne. Il apporte un soutien à Simon, et aussi beaucoup d’humour et de légèreté!

Le réalisateur nous fait découvrir les arcanes du droit canonique et la réalité d’un "procès" en interne. Dans la vraie vie, Ronan Tronchot est lui-même un jeune papa. Il a déjà réalisé deux courts-métrages sur le thème de la paternité. On le sent en empathie avec ses personnages. Et il donne aussi la parole aux femmes à travers le rôle de la mère jouée par Géraldine Nakache. Il interroge le poids de la société et le regard des proches, pas toujours "aidants", quand il s’agit de décisions intimes, difficiles à prendre pour les femmes. Le film s’intitule PATERNEL. Il est signé Ronan Tronchot.

L'Affaire Abel Trem, de Gabor Reisz

Un second film cette semaine, c’est L’AFFAIRE ABEL TREM, de Gabor Reisz. Le film se passe de nos jours à Budapest. Il raconte comment un élève recalé au baccalauréat, va s’enferrer dans le mensonge pour ne pas avoir à affronter la déception de son père. Dans les faits, le jeune Abel accuse son professeur de l’avoir disqualifié parce qu’il portait une cocarde nationale à son veston pendant l’examen. Cocarde perçue au pays de Viktor Orban comme un signe extérieur de nationalisme, un fait politique, dont tout l’entourage d’Abel s’empare. Et quand les médias s’en mêlent, c’est toute la société qui s’emballe.

Une affaire politique

Le film met un peu de temps pour démarrer. Le temps de planter le décor de cette famille moyenne, plutôt aisée, dans la Hongrie d’aujourd’hui. Puis il devient dans une seconde partie le miroir grossissant de toutes les dérives individuelles et collectives engendrées par un pouvoir autoritaire et liberticide.

À l’heure des élections européennes qui approchent, ça donne à réfléchir. L’AFFAIRE ABEL TREM de Gabor Reisz a reçu le prix Orrizonti à la dernière Mostra de Venise.

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

Émission La chronique Cinéma © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La Chronique Cinéma

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don