Deloupy
" Les carnets de Saint-Étienne " (Jarjille)
« Je la dessine, je la cartographie comme un explorateur au XVIIIe siècle ».
Le regard et les mains de Zac Deloupy transforment Saint-Étienne en un carnet de voyage pour tordre le cou aux idées reçues sur la ville aux sept collines.
Le dessinateur, et scénariste ligérien, la connaît bien. Il arpente ses rues depuis toujours.
L'ouvrage immortalise aussi ses habitants. Saint-Étienne et les Stéphanois n'ont pas dit leur dernier mot.
La chronique de Jacques Plaine
DELOUPY
Les carnets de Sainté
Jarjille éditeur
Éditeur, illustrateur et auteur de bandes dessinées,
Serge Prud’homme, dit Deloupy, est stéphanois. Ancien
élève de l’École Européenne Supérieure de l’Image, il a
obtenu en 2017 le prix « France Info de la bande
dessinée d’actualité et de reportage ».
Si depuis 1939 existe en France un carnet de Santé, c’est
seulement en cette année 2025 que Saint-Étienne a obtenu
son Carnet de Sainté.
Le Carnet de Santé créé par Louise Hervieu, prix Fémina 1936 et dessinatrice (mais oui !
elle aussi), le Carnet de Sainté conçu lui par Serge Prud’homme, Zac Deloupy pour les
amoureux de BD. « J’ai appelé ce carnet, Carnet de Sainté, en référence au carnet de
Santé bleu marine, parce que cette ville est en souffrance… ».
Depuis Guillaume Revel au XVème siècle, les dessinateurs ont pris la plume, le crayon ou le
pinceau pour dessiner, peindre et croquer notre ville. Il y eu les eaux fortes de Trouilleux, les
dessins de Thiollier et de Chapelon, d’Henry Gonnard et de Crapelet, du père Moulade, de
mon père et de bien d’autres. De l’un à l’autre le Furan s’est couvert, l’hôtel de Ville a perdu
son dôme, la place du Peuple son marché aux fleurs et l’église Saint-François son clocher,
au Jardin des Plantes la Maison de la Culture a remplacé les chevalements des puits
Villeboeuf et Pélissier, la caserne est devenue Université, la prison centre commercial, la
gare de Châteaucreux a retrouvé ses couleurs, les crassiers oublié leurs fumerolles et la
maison François 1er son nom de Capétien, l’École des Beaux-Arts a conservé son sourire de
façade et le mouton de la rue du théâtre ses cinq pattes.
En cent quatre-vingts dessins, Deloupy nous fait voyager, de jour comme de nuit, sous le
soleil ou sous la neige, parfois en tram ou à vélo, d’une bosse à l’autre des sept collines.
Collines d’une ville noire pour les uns, verte pour les autres. Et d’ajouter : « Lorsque l’on
dessine dans la rue […] les seuls à venir vous parler sont les vieux et …les pigeons !
Quelqu’un en train de dessiner intrigue, et je dois souvent m’expliquer… ».
Réflexion qui me rappelle cette vieille dame postée derrière mon père et son chevalet et qui
lui susurra de sa petite voix de vicomtesse (car renseignements pris elle était bien
vicomtesse) : « moi aussi j’ai dans ma famille quelqu’un qui faisait de la peinture… il
s’appelait Puvis de Chavannes ».
Magazine littéraire en lien avec l'association de promotion de la lecture "Lire à Saint-Étienne".
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !