Dans un an, la réouverture de Notre-Dame de Paris : la cathédrale plus belle qu'avant l'incendie ?

Un article rédigé par Pauline de Torsiac, Odile Riffaud - RCF, le 5 décembre 2023 - Modifié le 7 décembre 2023
Contre courantNotre Dame de Paris : A la rencontre des artisans du chantier

La réouverture de Notre-Dame de Paris est prévue pour le 8 décembre 2024. Le président Emmanuel Macron voulait que l’édifice soit reconstruit en cinq ans, à l’identique. Un chantier aussi gigantesque que minutieux. On en profite pour restaurer des œuvres épargnées par l'incendie d'avril 2019 mais malmenées par le temps. Les visiteurs verront-ils une cathédrale plus belle qu'avant ?

Dans le chantier de restauration de l'intérieur de Notre-Dame de Paris ©RCF / Pauline de TorsiacDans le chantier de restauration de l'intérieur de Notre-Dame de Paris ©RCF / Pauline de Torsiac

 

En ce mois de novembre 2023, on voit peu à peu s'élever dans le ciel de Paris la flèche de Notre-Dame, encore dissimulée derrière son échafaudage. De quoi relancer le débat autour de l'usage du plomb, dénoncé par plusieurs associations. Le matériau doit en effet couvrir les nouvelles charpentes de la nef et du chœur ainsi que les bras du transept, ce qui suscite l'inquiétude de plusieurs associations. Mais l'établissement public en charge de la restauration de Notre-Dame assure que les visiteurs ne seront pas exposés au plomb... Le chantier se poursuit donc avec pour objectif la réouverture de l'édifice le 8 décembre 2024. Si tout va bien, le pari de reconstruire à l'identique en cinq ans ce joyau d'art sacré sera tenu. Un an avant l'ouverture de Notre-Dame, où en sont les travaux ?

 

C'est le chantier où tout le monde voudrait être

 

Notre-Dame sera-t-elle plus belle qu’avant ?

Quand on pénètre dans la cathédrale, autrefois très sombre, la blondeur des pierres saute aux yeux maintenant que l’ensemble des échaudages – cette "cathédrale de fer" - a quasiment disparu. "La pierre a retrouvé son éclat initial, cette blondeur magnifique, originale", se félicite Frédérique Meyer, qui travaille à la direction de la communication de l'établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale. "Il en va de même pour les vitraux qui ont retrouvé leur éclat – il faut signaler qu’aucun vitrail n’a été détruit ou abimé dans l’incendie."

Les visiteurs verront-ils Notre-Dame plus belle qu’avant l’incendie ? Le chantier de reconstruction est aussi un chantier de restauration, jusque dans les moindres détails. Ainsi, les frises sur lesquelles travaille Giuseppina Genna. Elles décorent l’extérieur de la cathédrale en dessous de la charpente, mais elles ont plus souffert de l’usure du temps que de l’incendie. Ce sont "le vent, la pollution" qui les ont endommagées : "Il était temps de restaurer la cathédrale !" estime la restauratrice.

Notre-Dame de Paris, c’est "le chantier où tout le monde voudrait être", selon Giuseppina Genna, venue d’Italie. 500 artisans se relaient sur le chantier. Une véritable ruche où l’on croise tous les corps de métiers. Échafaudeurs, sculpteurs ou charpentiers succèdent aux artisans du Moyen Âge. "Comment ils ont fait ?" ne cesse de se demander Tamsaout Boussad. Maçon et tailleur de pierre, il a contribué à la restauration intérieure de Notre-Dame. À ses yeux, les cathédrales gothiques n'ont rien à envier aux pyramides d’Égypte. "On pose des questions sur les pyramides mais en fait si on regarde bien on a aussi le plus compliqué dans les cathédrales de France !"

 

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La "forêt" de Notre-Dame

"Voir la charpente quasiment finie, c’est beaucoup d’émotion pour toute l’équipe", confie Aurélie Ouzineb, architecte dans l’équipe de Philippe Villeneuve, architecte chargé de la restauration de Notre-Dame. "Moi, ce qui me touche particulièrement c’est de travailler sur un ouvrage exceptionnel, en particulier sur les charpentes, la flèche notamment, qui sont tout simplement des chefs d’œuvre, en fait ! Il faut être très humble pour marcher dans les pas de ceux qui ont conçu ces ouvrages…"

Celle que l’on appelle "la forêt", c’est la fameuse charpente de la nef, reconstruite en bois de chêne. Un travail technique, de précision, "au millimètre", assure le charpentier Pierre de Villepoix, où "tout doit se raccorder". La "forêt" est partagée en "fermes". "Entre les fermes principales, vont venir des fermes secondaires qui vont venir former l’ensemble du rampant de la toiture sur lesquelles ensuite les couvreurs viendront poser la volige et le plomb pour retrouver l’aspect extérieur final de la charpente."

Le plomb doit en effet couvrir les nouvelles charpentes de la nef et du chœur ainsi que les bras du transept, ce qui suscite l'inquiétude de plusieurs associations. Lors de l’incendie du 15 avril 2019, plus de 400 tonnes de plomb étaient parties en fumée. Des particules qui s'étaient déposées sur les trottoirs de Paris ou les balcons des immeubles alentour. Avec la reconstruction de la flèche, en ce mois de novembre 2023, le débat sur la pollution au plomb a refait surface. L'établissement public en charge de la restauration de Notre-Dame assure que le public ne sera pas exposé au matériau.

 

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Un chantier à l’épreuve des conditions météo

Emblématique de la cathédrale, la flèche de Viollet-le-Duc. À l’automne 2023, elle atteint déjà "plus ou moins 75 mètres de hauteur", précise Pierre Maire, conducteur de travaux. "On doit monter jusqu’à 95 mètres", ajoute-t-il. Pour tenter de s’en approcher il faut emprunter l’ascenseur qui conduit au sommet de la croisée du transept, à 30 mètres de haut. De là, on l’aperçoit, dissimulée par un enchevêtrement de tubes en acier.

Si le chantier avance vite, il faut toutefois composer avec des conditions climatiques défavorables. "La pluie, on arrive toujours à se protéger, mais le vent, ça peut vraiment bloquer dans le boulot." Interdiction en cas de fort vent d’utiliser par exemple les grues mobiles. Mais si tout va bien, les travaux de couverture pourront commencer début 2024.

 

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