Dans les coulisses de Fendre l'azur
Glissez-vous aujourd’hui dans une conversation littéraire passionnante entre Carine Chauffour et Agathe Portail qui nous emmène dans les coulisses de son dernier roman paru chez Actes Sud, Fendre l’azur.
Rencontre littéraire entre Agathe Portail et Carine Chauffour © RCFDans la peau de l'écrivain
Du tranchant et de l’aventure. De l’animalité et de la poésie. Dans un style intense et haletant, Agathe Portail sort de sa zone de confort pour trouver une vraie « liberté d’écriture ». Après avoir démarré avec la publication de trois romans policiers, celle-ci « s’affranchit du schéma polar » et des règles propres à ce registre.
Non pas sans l’angoisse du syndrome de la page blanche, elle en fait une occasion d’exploration qui l’amène à un vrai travail de recherche. Pour construire son roman et ses personnages liés, entre autres, à la fauconnerie, à la taxidermie, à la médecine militaire allant même jusqu’aux confins de la Mongolie, elle doit s’approprier une masse documentaire constituée pendant près d’un an avant de se lancer dans l’écriture.
Un résultat « vibrant » à la hauteur de son honnêteté intellectuelle avec des personnages plus vrais que nature.
L’autrice confirme : « [Mon livre] ne doit pas être un essai théorique mais doit se présenter comme une réalité vécue. »
La naissance de son histoire ? Elle avoue l’avoir trouvée grâce à son fils revenu plein d’enthousiasme d’un stage de fauconnerie, encore tout étonné d’apprendre le rôle utilitaire de ces rapaces longtemps employés par l’armée pour éviter les collisions entre appareils militaires et oiseaux de passage.
Un moteur pour son roman ? La musique de Top Gun : Maverick, son compagnon d’écriture qui ira même jusqu’à envouter toute sa famille !
Et le titre alors ? « Dynamique ! », « Étreindre l’azur » devient rapidement « Fendre l’azur » notamment pour des questions de sonorité. L’azur quant à lui nous emmène loin, très loin, dans un besoin ineffable d’immensité.
Son secret ? Prier l’Esprit-Saint, beaucoup. Afin de transformer son inspiration en récit inspirant.
L'animal, point commun du combat et de la résilience
Malgré des personnages étonnants voire choquants, des sujets périlleux, c’est finalement avec habileté et justesse qu’Agathe Portail fait s’entremêler des univers aussi différents qu’étranges autour d’un animal : l’aigle.

Trois vies intimement liées à cet oiseau dans un rapport ambigu : tantôt rival, tantôt dominateur ou utilitaire, il incarne l’opposant comme l’adjuvant de leur combat intérieur et de leur quête d’identité. Selon l’autrice, ce va-et-vient entre l’homme et l’animal interroge le « fantasme » de nos contemporains d’une société où les deux vivraient d’égal à égal dans « une confusion des espèces ».
Mais des fragilités de ces personnages et de leur relation, naîtra l’amour. L’amour renouvelé, l’amour exigeant. Chacun, en se demandant qui il est, va se découvrir en aimant et en se laissant aimer.
Véritable chemin de résilience, l’amour au cœur de ce roman nous emmène dans les hauteurs d’un voyage poétique entre le vol lent et majestueux de l’aigle et les montagnes de l’Altaï.
« Oui, c’est l’amour qui répare, qui donne du sens ».
C’est lui qui façonnera le destin des héros de ce roman : Anthony, Roxane et Amaka, dans une « tension dramatique » menée avec brio.
Que les inconditionnels du polar se rassurent, Agathe Portail y reviendra « c’est sûr ! » ayant trouvé une vraie famille dans ce registre.


Chaque semaine, nous vous proposons un échange riche à l’occasion d’une rencontre littéraire. Un ou une écrivain nous immerge dans ses écrits et son monde. Le Sud Ouest à l’honneur : écrivains ou maisons d’éditions et intrigues. Ouvrons ensemble les pages de leur ouvrage !
En fin d’émission, la chronique “Et toi, tu lis quoi?” vous permettra de découvrir des coups de coeur de la littérature jeunesse : des jeunes de 10 à 16 ans nous présentent un livre qui les a marqué et en débattent ensemble.
