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RCF Dans l'ambiance des films de Claude Chabrol
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Dans l'ambiance des films de Claude Chabrol

Un article rédigé par Fabien Genest Natio - RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023
La Symphonie du cinéma Dans l'ambiance des films de Claude Chabrol
De Pierre Jansen à Matthieu Chabrol en passant par la musique classique, les ambiances des films de Claude Chabrol sont souvent contemplatives, dissonantes voire désenchantées à l’image des histoires contées par ce scrutateur de l’âme humaine qui disparaissait en 2010.
Wiki Commons. Claude Chabrol à la Berlinale en 2009. Wiki Commons. Claude Chabrol à la Berlinale en 2009.

La Symphonie du cinéma revisite, cette semaine, l’univers et la carrière d’un réalisateur majeur du cinéma français, qui disparaissait le 12 septembre 2010 à l’âge de 80 ans. Représentant éminent de la Nouvelle Vague dans les années 60, Claude Chabrol aura fait du récit policier sa forme d’expression de prédilection mais c’est avec le cinéma d’auteur qu’il se fait connaître en 1958 avec un film libre et âpre: "Le Beau Serge"…    

« LE BEAU SERGE », MANIFESTE DE LA NOUVELLE VAGUE

"Le Beau Serge" est tourné à l’hiver 58 à Sardent, dans la Creuse, village où Claude Chabrol avait passé son enfance pendant la guerre. Le film, dont la musique est d’Emile Delpierre, est considéré comme le premier de la Nouvelle Vague, mouvement qui désigne de jeunes réalisateurs comme Jacques Rivette, François Truffaut, Jean-Luc Godard ou Eric Rohmer, désireux de rompre avec les codes.
D’abord attaché de presse, puis critique de cinéma, Claude Chabrol tourne successivement deux films avec Gérard Blain et Jean-Claude Brialy, acteur phare de la Nouvelle Vague. "Le Beau Serge", donc, puis "Les Cousins" en 1959. Sa carrière est lancée et les films vont s’enchaîner au rythme d’un voire deux par ans et ce pendant un demi-siècle.  

« LE BOUCHER » : LA MUSIQUE GRINçANTE DE PIERRE JANSEN

Dans "Le Boucher", film de 1970, la musique de Pierre Jansen est très dissonante. Le double de cinéma de Claude Chabrol, son « frère en musique », comme aimait à le qualifier le cinéaste, aura collaboré sur nombre de ses films. Dès 1960 pour "Les Bonnes Femmes" jusqu’au "Cheval d’orgueil" en 1980, en passant par "Le Boucher" et quelques mois auparavant "Que la Bête meure", deux films avec Jean Yanne en vedette, acteur au jeu franc et direct campant dans les deux cas un meurtrier. Quant à Stéphane Audran, la muse de Claude Chabrol, qui fut son épouse jusqu’en 1980, elle compose, dans "Le Boucher", son rôle favori au cinéma, celui d’une femme élégante, à la fois distante et bienveillante.

« QUE LA BÊTE MEURE » : LA DOULEUR D'UN PèRE

"Vier ernste gesänge", "Quatre chants sérieux", en français, de Johannes Brahms, interprété par la contralto britannique Kathleen Ferrier, une musique de circonstance pour un grand film "Que la bête meure" et une inoubliable interprétation de Michel Duchaussoy dans le rôle d’un père rongé par la vengeance. On retient le face à face d’anthologie avec Jean Yanne, le chauffard qui a fauché son fils et toujours la musique de Pierre Jansen, dépouillée, grinçante par moments et terriblement atonale.  
Restons dans l’univers du crime mais cette fois-ci transposé aux années 30 et à la célèbre affaire Violette Nozière du nom de cette jeune Parisienne empoisonneuse, accusée de parricide…

« VIOLETTE NOZIèRE » : UN RETENTISSANT FAIT DIVERS DES ANNéES 30

Toute l’ambiance du Paris populaire des années 30 est réuni dans la chanson "Où sont mes amants", célèbre ritournelle de Fréhel qui figure sur la bande originale de "Violette Nozière", qui vaudra par ailleurs à Pierre Jansen une nomination à la cérémonie des César dans la catégorie meilleure musique de film. A travers ce fait divers célèbre qui défraya la chronique et fit la une des gazettes comme on disait jadis, Claude Chabrol réalise un film virtuose, servi par l’interprétation d’Isabelle Huppert, alors jeune comédienne et future actrice chabrolienne par excellence.   

MATtHIEU CHABROL, LA FILIATION EN MUSIQUE

En 1986, Matthieu Chabrol signe le générique d’"Inspecteur Lavardin". Le fils aîné de Claude Chabrol est devenu depuis 1982 le compositeur attitré des films de son père, signant les bandes originales de 21 de ses films jusqu’à "Bellamy" en 2009, le dernier du cinéaste…

 « MERCI POUR LE CHOCOLAT » : « LES FUNéRAILES » DE LISZT POUR FIL ROUGE

"Les Funérailles", de Franz Liszt, ont été interprétées notamment par le pianiste chilien Claudio Arrau, grand spécialiste de Chopin, Liszt et de la musique romantique, disparu le 9 juin 1991.  Le morceau sert de fil rouge au film de Claude Chabrol "Merci pour le chocolat" qui prend pour trame justement le milieu des musiciens à travers un professeur de piano taciturne, joué par Jacques Dutronc,  subjugué par le talent d’une de ses élèves qu’incarne une jeune Anna Mouglaglis, alors débutante.
 
La Minute Judy Garland
Cette semaine dans La Minute Judy Garland… rendons un hommage à Annie Cordy qui nous a quittés le 4 septembre à l'âge de 92 ans. Artiste complète, qui avait débuté comme meneuse de revue du Lido, elle s'essaye ensuite à l'opérette puis à la chanson avec le succès que l'on connaît, menant une longue et brillante carrière, tout en tournant pour le cinéma, puis la télévision. On le sait peu mais Annie Cordy avait tourné près de 40 films en soixante ans sous la caméra de prestigieux réalisateurs tels que Sacha Guitry, René Clément, Claude Chabrol, Pierre Granier-Deferre ou plus récemment Alain Resnais. En 1968, on la retrouve aux côtés de Francis Blanche, Michel Serrault, Jean Yanne, Jean Poiret et Darry Cowl pour "Ces Messieurs de la famille" où elle interprète également la chanson du générique sur une musique de Jean-Michel Defaye et Darry Cowl.

 
Quelques conseils pour prolonger cette émission…
Tout Chabrol, de Laurent Bourdon, tout d’abord, paru cet été chez Lettmotif, l’excellente maison d’édition lilloise spécialisée dans le cinéma, qui revient sur la carrière de l’un des réalisateurs les plus sous-côtés du cinéma français sans doute et puis un second livre, intitulé sobrement Claude Chabrol, de Patrick Saffar, paru, aussi cet été chez Gremese, une étude quasi entomologique de l’œuvre du cinéaste, disséquée film par film.

Et on se quitte avec "L’Ivresse du pouvoir", ou plutôt avec "La Wally", le célèbre air de l’opéra d'Alfredo Catalani, qui figure dans ce grand film de l’année 2006, librement inspiré de l’Affaire Elf et de l’enquête menée par la juge Eva Joly, mettant au jour un scandale politico-financier à grande échelle impliquant des hommes politiques et des grands patrons d’industrie.  

 

Play list des titres diffusés
Bande annonce "Le Beau Serge". Musique d’Emile Delpierre
Extrait "Le Boucher"
Suite BO "Le Boucher", Pierre Jansen
"Vier ernste Gesänge", BO "Que la bête meure", Johannes Brahms et  Kathleen Ferrier
"Où sont tous mes amants", BO "Violette Nozière", Fréhel
"Pose ta joue sur mon épaule", BO "Les Fantômes du chapelier", Jairo et Charles Aznavour. Musique : Georges Garvarentz
Générique de début "Inspecteur Lavardin", Matthieu Chabrol
"Country", BO "Jours tranquilles à Clichy", Joe McDonald
"Les Couleurs du temps", BO" L’Enfer", Guy Béart
"Les Funérailles", BO "Merci pour le chocolat", Franz Liszt par Claudio Arrau
"Les Messieurs de la famille", BO "Ces Messieurs de la famille", Annie Cordy. 
"La Wally", BO "L’Ivresse du pouvoir", Maria Callas

Réalisation technique :  Emmanuel Bouissière

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La Symphonie du cinéma

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