Critique : Mariage avec un escabeau

Elle arrive par la salle tirant une valise, monte sur le plateau et constate : « Personne ».
Elle ouvre sa valise et la comédienne devient devant nous un personnage : une femme un peu perdue qui cherche une présence.
Elle nous conte son parcours en se posant et en nous posant la question :
« Qu’est-ce que ça veut dire OUI, qu’est-ce que ça veut dire NON ? »

Elle avance dans ce labyrinthe de doutes, cherchant ce qu’il faut faire maintenant, quand tout semble déjà écrit ou, au contraire, terriblement incertain.

C’est la rencontre avec un escabeau qui symbolise un homme dont elle tombe amoureuse, le OUI le jour du mariage puis la vie quotidienne faite de tâches répétitives, la grossesse, l’accouchement, le bébé.

Tout cela Szandra DEAKY nous le raconte avec son corps, ses regards pleins de tendresse, de fureur ou d’étonnement.
Dans ce théâtre gestuel et corporel, tout est dit avec peu de mots dans un rythme et une tension permanente que la comédienne tient de bout en bout.

Elle sort régulièrement de sa valise des dessins qu’elle affiche, illustrant les étapes du parcours intérieur de cette femme.

Vie qui se heurte à la violence subie par les femmes, dans une scène très forte sans pathos.
Et résonne alors encore la question :
« Qu’est-ce que ça veut dire OUI, qu’est-ce que ça veut dire NON ? ».

Un spectacle fort bien mené où nous passons du rire à la tendresse, de l’effroi à l’apaisement grâce au talent de la comédienne qui se donne entièrement dans ce spectacle qu’elle conclut par le mot « Personne ».
… et repart avec sa valise, nous laissant emplis d’émotions.

Alain GRAS