Cinéma - Notre sélection de la semaine : "Sans Filtre" et "Le sixième enfant"
Ce mercredi 28 septembre sortent en salles deux films. "Sans filtre" de Ruben Östlund, un film dérangeant et parfois hilarant mais hélas trop long... Et "Le sixième enfant", de Léopold Legrand. Un film qui interroge le désir d'enfant sur fond de précarité économique.
"Sans filtre" alterne moments de malaises et scènes hilarantes
C’est sa deuxième palme d’or, après "The Square" primé en 2017. Il rentre dans le club très select des doubles-palmés, à côté de Coppola et de Ken Loach. Ses films sont des satires grinçantes assez dérangeantes sur les excès des élites actuelles. On peut trouver ça vain ou un peu nombriliste, surtout à Cannes, au milieu des paillettes et des yachts de la Croisette. Mais c’est quand même très brillant et assez mordant !
L’histoire se déroule en trois actes et suit deux jeunes influenceurs mannequins invités à une croisière de luxe, sur un yacht pris dans une tempête qui va virer au cauchemar ! Östlund va très loin dans sa démonstration, avec des scènes à la limite du malaise pour le spectateur. Ce qu’il cherche, c’est à déboulonner, par la farce absurde, tout un tas d’idéologies modernes, comme l’argent, la réussite, les apparences physiques. Il y a plusieurs scènes jubilatoires comme celle de l’addition, après un dîner romantique en tête à tête, pour savoir qui va payer de l’homme ou de la femme. C’est hilarant !
Le film a un problème c’est sa longueur ! Il dure 2h30, la dernière partie n’en finit pas ! Il délaye trop son propos, il devient ennuyeux. Il aurait dû terminer par un retournement beaucoup plus incisif. Le côté "satire sociale" aurait été plus percutant.
"Le sixième enfant" : quand le désir d'enfant devient dévorant
Pour continuer sur les sorties de la semaine le film "Le sixième enfant", de Léopold Legrand, un film qui vaut le détour. C’est un premier film très abouti. Il vient d’obtenir quatre prix au Festival du film d’Angoulême, dont un prix conjoint d’interprétation féminine. Mais les quatre acteurs sont excellents : Sara Giraudeau, Judith Chemla, Benjamin Lavernhe et Damien Bonnard.
C’est un film très délicat sur le désir d’enfant et jusqu’où il peut mener. C’est l’histoire d’une rencontre de deux couples, deux mondes, deux cultures : d’un côté Anna et Julien, deux jeunes avocats parisiens en mal d’enfant. Et en face, Meriem et Franck, qui vivent dans une caravane sur un terrain vague, déjà parents de cinq enfants, quand un sixième s’annonce…
Un enfant contre de l’argent, c’est impensable ! Mais c’est quand même l’idée qui va germer dans leur tête. Le film ne les juge pas mais montre très bien la confusion des sentiments quand la précarité économique se télescope à un désir dévorant d’enfant. C’est tourné façon thriller, très maîtrisé pour un premier film. On est touché par la sincérité de ces deux couples fragilisés par la vie.
Le réalisateur a mis beaucoup de son histoire. Il cite comme source d’inspiration personnelle le texte du jugement du roi Salomon et l’amour de cette mère prête à donner son enfant à une autre pour qu’il vive. Dernier détail qui n’en est pas un : avant d’écrire son scénario, il a suivi le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer pour être au plus près de ses personnages. Franck et Meriem appartiennent à la communauté yéniche et ont une foi très vivante.
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