LA CHRONIQUE CINÉMA - Un film absolument magistral, qui puise son inspiration à la fois dans la littérature classique (il est librement adapté d’une nouvelle d’Henry James, La Bête dans la jungle) mais aussi chez les plus grands réalisateurs de cinéma.
On sent l’influence d’un David Lynch dont Bonello est un grand admirateur, ou de Christopher Nolan dans la manière d’entrelacer différents espace-temps. Le récit commence en 2044 dans un futur proche qu’on imagine assez bien, un monde où l’intelligence artificielle a pris le pouvoir et où hommes et femmes se doivent d’éradiquer en eux toute trace d’émotions.
Le scénario est assez prodigieux, il navigue entre 3 époques, 3 lieux : Le Paris de 1900 qui occupe une large part, un "aujourd’hui" qui se passe à Los-Angeles en 2014, et ce futur dystopique et terrifiant. Il peut paraitre complexe au départ, on ne sait pas bien si on est dans un film historique ou de science-fiction. On frôle même par moment le film d’épouvante ou la comédie romantique.
Pour ne pas nous perdre en route, il sème des indices qui reviennent d’une époque à l’autre : une voyante, un pigeon, une poupée Et cette bête qui donne son titre au film, on la devine dès la 1ère séquence, dans une sorte de prologue: l’actrice Léa Seydoux répète une scène du film, sur un fond vert de plateau de cinéma, elle y interprète la peur, pure, panique, viscérale, devant un évènement qu’on ne voit pas mais dont on sait qu’il va advenir.
Le fil rouge entre ces 3 temporalités, c’est le thème de l’amour impossible, l’amour empêché. A chaque époque, Léa Seydoux et George MacKay interprètent les deux mêmes jeunes gens, Gabrielle et Louis, profondément attirés l’un vers l’autre mais sans jamais parvenir à se rencontrer vraiment et à s’aimer. C’est follement romanesque !
Et comme dans la nouvelle d’Henry James, on s’interroge ici sur cette peur que Gabrielle pressent, qui l’effraie, cette chose tapie dans l’ombre qui empêche à l’amour d’advenir.
C’est son 9ème long métrage. On retrouve ici la beauté de la photographie de ses films précédents, que ce soit "L’Apollonide-souvenirs de la maison close" ou son "Saint Laurent", avec Gaspard Ulliel dans le rôle principal, où les décors et les costumes étaient aussi somptueux et soignés que les créations du grand couturier.
Là encore, Bonello recrée 3 ambiances, 3 univers recherchés, différents et bien identifiés. Le tout est un vrai voyage dans le temps, mental et visuel qui nous déplace, et une expérience esthétique et sensorielle puissante.
C’est un film à voir sur grand écran, et à revoir même tellement il est riche! Léa Seydoux y est phénoménale. C’est vraiment une des plus grandes actrices françaises actuelles. Le film était en compétition à la dernière Mostra de Venise. C’est l’actrice Cailee Spaeny qui a reçu la coupe Volpi de meilleure actrice pour son rôle dans Priscilla où elle joue l’épouse d’Elvis Presley. Mais Léa Seydoux la méritait amplement !
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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