Cécile de France : "Chaque journée qui m'est offerte est un cadeau !"

Paris, dans un futur proche. Ecrivaine dépressive après la perte de son fils, Clarissa intègre une prestigieuse résidence d’artistes afin de trouver l’inspiration de son prochain roman. Pour l’assister, on lui adjoint une Intelligence Artificielle prénommée "Dalloway". Une présence qui va devenir de plus en plus envahissante, voire menaçante. Mais qui se cache derrière ce programme ? 

Adapté des "Fleurs de l’ombre" de Tatiana de Rosnay, le scénario a tout de suite suscité l’enthousiasme de Cécile de France : "J’avais très envie de participer à la fabrication d’un thriller dans l’univers de Yann Gozlan, réalisateur de 'Un Homme idéal" et de "Boîte noire." confie-t-elle. Le sujet a aussi compté. "On parle de vie privée, de manipulation, de dépendance, de mystère. On connait finalement très peu de choses de cette invisibilité, de cette technologie qu’on ne maîtrise pas. Donc ça provoque pas mal d’angoisse légitime et ce film donne à réfléchir."

Jouer ... pour les gens 

Romancière sous surveillance, mais aussi épouse en rupture, religieuse, scientifique ou journaliste politique, autant de rôles endossés par l’actrice belge, révélée en 2002 dans "L'Auberge espagnole" de Cédric Klapisch. Un fil conducteur dans cette carrière ? "Non", répond l’intéressée. "Tout à l’instinct. J’aime varier les plaisirs et ne pas refaire les mêmes choses. J’ai pu aussi profiter de cette égalité entre acteurs et actrices, avec de plus en plus de personnages féminins principaux, ce qui n’était pas le cas quand j’ai commencé." Par contre, ce qui n’a pas varié : sa côte d’amour auprès du public "Je ne l’explique pas.", sourit-elle avec modestie. "Mais j’aime jouer pour les gens, me dire : qu’est-ce que ce personnage va raconter aux spectateurs. Mais c’est avant tout le plaisir !"

Questions bonheur 

Le matin, quand vous vous levez, est-ce que c'est tout de suite de bonne humeur ou il ne faut pas trop vous chatouiller avant d'avoir bu votre café ou votre thé ? 

Je suis extrêmement heureuse avant d'ouvrir les yeux. 

Qu'est-ce qui vous rend heureuse ?

Parce que je considère que chaque journée qui m'est offerte, c'est un cadeau. Surtout quand on a la chance de faire un métier qu'on aime : quel privilège immense ! J'ai dans la société d'avoir ce rôle-là. De pouvoir faire rêver, rire, réfléchir les gens, de les émouvoir. Et en plus de m'amuser de ça, que ce soit vraiment mon métier, c'est complètement fou !  

Quand vous avez un petit coup de déprime, qu'est-ce que vous faites pour vous remonter le moral ?  Ne me dites pas que vous "scrollez" sur votre portable pour trouver des vidéos rigolotes ...?

 Alors, non, je ne suis pas du tout connectée, à aucun réseau. Je regarde un documentaire sur Arte. 

Sur quoi ? Il y a des thèmes qui vous inspirent ? 

Sur les animaux, sur l'espace, plein plein plein de choses, Sur des artistes, sur des cinéastes, il y a de tout. 

Et un petit carreau de chocolat ? 

Et le chocolat, je ne dis pas non. 

Belge, surtout ?

Pourquoi pas ! Mais il y a aussi du très bon français ! (sourires)

Est-ce qu'il y a un endroit qui vous ressource, qui vous fait du bien ? On a compris, ce n'est pas la résidence sous surveillance avec Dalloway.

Non, mais là, sur le tournage, le décor était très beau. J'étais très heureuse. Vraiment, on y était, je ne sais pas combien de semaines, mais je ne m'en lassais pas, j'avais envie d'y rester. 

Mais autrement, il y a un endroit qui vous ressource ? 

Tout ce qui est la nature, tous les arbres. 

Question gratitude : est-ce qu'il y a une personne qui a beaucoup compté dans votre vie professionnelle ou personnelle et à qui aujourd'hui, vous avez vraiment envie de dire merci ? 

Oui, Il y a Dominique Besnehard qui m'a découverte (producteur, acteur et agent artistique NDLR), Stéphane Foenkinos aussi, qui a été directeur de casting et qui m'a pour la première fois proposé pour des rôles importants. Puis Elisabeth Tanner, qui est notre agente, à tous les deux, et qui a toujours été tellement attentionnée et vigilante à me suivre, pas à pas, toujours avec beaucoup d'amour et d'admiration. C'est inestimable de l'avoir dans notre équipe. 

Je pensais aussi à Cédric Klapisch, qui vous a révélée dans "l'Auberge Espagnole" ? 

Ah, oui, bien sûr, Cédric Klapisch , Xavier Giannoli. Des gens qui ont beaucoup compté. Oui, bien sûr, Je les remercie beaucoup. 

Dernière question. Vous connaissez le dicton "Pour vivre heureux, vivons cachés" mais pour vous, pour vivre heureuse, il faudrait vivre comment ? 

Oui, caché, c'est bien.

Pourquoi ?  Vous avez peur de la célébrité ? Quand on fait ce métier, il faut s'y attendre ? 

Oui, tout à fait. Il faut assumer complètement. Mais moi, j'aime bien garder aussi une part de mystère, Non pas pour faire genre, mais pour rester à chaque fois une page blanche, en fait, pour que je puisse jouer d'autres rôles. Si on m'identifie trop dans la sphère sociale, j'ai peur de perdre ma liberté. Jusqu'à présent, les réalisateurs m'imaginent dans vraiment plein plein de styles, de rôles à chaque fois différents. 

Donc, il faut laisser la page blanche ...

C'est très précieux pour moi. Sinon, je m'enfermerais dans un seul rôle et ça, ce serait la fin de mon travail. 

Je pensais aussi en se reconnectant à la nature. Vous en parlez souvent de ce lien dans vos interviews et je crois que vous avez la chance d'avoir un jardin. 

Oui, tout à fait. La nature, c'est important. Mais pour tous les êtres humains, je crois.

"Dalloway" de Yann Gozlan, d'après "Les Fleurs de l'ombre" de Tatiana de Rosnay (éditions Robert Laffont), avec Cécile de France, Anna Mouglalis, Lars Mikkelsen,  Frédéric Pierrot et la voix de Mylène Farmer. Sortie le 17 Septembre