2024 semble être un bon cru pour la Vallée des Saints, qui développe l’apprentissage du métier de sculpteur pour modeler des statues. En juillet seront aussi célébrés les quinze ans de cette aventure hors du commun (et du temps), dont les racines sont à chercher du côté de Saint-Pol de Léon.
La colline de Quénéquillec peut se flatter d’être devenue au fil des saisons, un lieu de balade original, voire pour certains de pèlerinage. 184 statues monumentales sculptées dans le granite se répondent sur ce parc de trente-huit hectares autour d’une motte féodale du XIè siècle. L’objectif est d’en accueillir un millier à l’échéance de cinquante ou soixante ans. Ces œuvres, financées à 90 % par des mécènes, sont érigées en l'honneur des Saints qui ont un lien direct ou indirect avec la Bretagne.
Sébastien Minguy dirige la Vallée des Saints. Ce féru de cartes postales anciennes et d’histoire locale (Santec) se rappelle avoir été approché par Philippe Abjean, en 2006. L’ancien professeur de philosophie de Saint-Pol de Léon avait déjà relancé le Tro Breizh, pour célébrer les sept Saints fondateurs de Bretagne. "Philippe Abjean est passé de sept sculptures à mille, se souvient Sébastien Minguy, en se disant qu’il y avait peut-être un millier de Saints en Bretagne et qu’on allait les représenter sous forme de sculpture monumentale en granite de quatre mètres de haut."
Ces Saints, originaires de Cornouaille britannique, d’Irlande ou d’Ecosse, sont arrivés en Armorique entre les quatrième et neuvième siècles. Ils ont été nommés Saints par les habitants. "Ils vont former des ermitages qui donneront naissance aux paroisses". Et Sébastien Minguy de s’arrêter devant la sculpture de Saint-Tugdual (Tréguier), l’une des premières parmi les 184 présentes aujourd’hui sur cette île de Pâques bretonne. En 2022, une statue à l'effigie de Saint-Charbel a aussi été érigée, en rapport avec une autre Vallée des Saints, située cette fois au Liban (Ouadi Qadisha).
Le visiteur de la Vallée des Saints peut, dès l’entrée du site, s’émerveiller devant la réalisation des statues. C’est certes bruyant, à cause des disqueuses, mais voir les sculpteurs s’activer pendant trente jours à partir d’un simple bloc permet de se rendre compte du travail de titan qu’oblige la taille de pierre.
Si les sept premières statues (celles des Saints fondateurs) ont été confectionnées à deux pas de la cathédrale de Saint-Pol de Léon puis transférées à partir de 2009 sur Carnoët, les autres représentations sont pour la plupart faites sur place.
Depuis le printemps, une première session accueille Tristan Bansept et Lola Guézennec, sous la responsabilité de Bruno Lamer, lui-même sculpteur. "J’étais émerveillée par l’idée et j’ai coupé court à ma formation", raconte la jeune femme, passée par l’Ecole des Beaux-Arts de Brest.
Contrairement à Lola, Tristan avait plus d’affinité avec la pierre (il était tailleur) et en particulier le tuffeau, une roche poreuse. "L’opportunité était trop belle. Je voulais faire des choses plus artistiques", réagit-il.
Les candidatures pour une nouvelle formation de sculpteur monumental sur granit sont ouvertes à la Vallée des Saints. Des conférences et des animations diverses seront aussi proposées du 15 au 21 juillet 2024 pour marquer les quinze ans.
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