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Balade au phare de l'Île Vierge

Balade au phare de l'Île Vierge

Un article rédigé par Océane Théard - RCF Finistère, le 26 juillet 2025 - Modifié le 28 juillet 2025
Balades en BretagneBalade au Phare de l'île Vierge

Nous vous emmenons à la découverte d’un joyau du patrimoine breton, le phare le plus haut d’Europe et le phare en pierre de taille le plus haut du monde : le phare de l’île Vierge. 
Du haut de ses plus de ses 82 mètres de haut, il surplombe les Abers, et défie le souffle des visiteurs qui se risquent à grimper ses plus de 350 marches.

Le phare de l'île Vierge, depuis le pont du bateau. (Crédits photo: Océane Théard)Le phare de l'île Vierge, depuis le pont du bateau. (Crédits photo: Océane Théard)

Ce matin, le ciel est voilé sur le port de l’Aber Wrac’h. Des nuages gris, une petite bruine, mais pas de quoi décourager les quelques dizaines de touristes, K-way sur le dos qui patientent à l’embarcadère, direction le phare de l'Île Vierge. Yannick a déjà chaussé sa paire de jumelles et scrute un oiseau, "des sternes je crois mais je n'ai pas pu bien voir ce que c'était."

Avec deux amis, Hervé et Isabelle, ils ont posés leurs valises à Guissény et explorent les environs. Malgré la météo maussade, ces trois touristes de l'Oise ne cachent pas leur impatience de découvrir le phare le plus haut d'Europe. "À chaque fois qu'on le voit, c'est du bord de la mer, ou du bord de plage. Donc, on se dit: pourquoi pas aller plus loin et découvrir à pied?" Et l'aventure n'attend pas, il est temps d'embarquer! 

Du haut des 360 marche, un panorama entre Manche et mer d'Iroise

À bord, c'est Robin, le matelot de la "Vedette des Abers", qui se charge de la balade commentée. "Nous venons de quitter le port de l'Aber Wrac'h, un port assez récent puisqu'il a été construit en 2007. La marraine du port c'est Jane Birkin. C'est un hommage à son père qui était navigateur, et, pendant la Seconde Guerre  Mondiale, il ramenait des aviateurs anglais et américains cachés par des résistants du secteur."

Un port de pêche aussi, principalement de fileyeurs, précise Robin, et très prisé des plaisanciers l'été, avec plus de 400 voiliers accueillis. Sous les yeux des passagers,  le paysage de l’Aber Wrac'h, et ses îles : l’île Cézon et son fort, l’île aux américains, l’île Stagadon, ses eaux turquoises et son sable blanc, ...

Et déjà, le bateau s'approche de l'île Vierge, et les touristes se ruent sur le pont pour capturer en photo le phare qui se rapproche à l'horizon. Alain et Françoise, casquettes vissées sur le crâne et coupe-vent zippés jusqu'au cou, viennent de Royan.

Ce qu'ils attendent de la découverte du jour ?"365 marches à monter déjà ! Mais bon, on vient de faire 2000 kilomètres à vélo donc on devrait avoir les mollets pour ça", sourit Françoise. 

L'escalier vertigineux du phare, aux murs tapissés de carreaux d'opaline. (Crédit photo: Océane Théard)

À peine débarqués, nous filons retrouver Léa Cornic, chargée de communication à l'office de tourisme du pays des Abers qui sera notre guide sur l'île. Et bien entendu, la visite démarre par la montée de l'escalier. "383 marches" nous précise Léa. Nous avons donc le temps de nous attarder pour reprendre notre souffle, et voir de près ces carrés de carrelage blanc bleuté qui tapissent les murs intérieurs du phare, plus de 12 000 plaques d'opaline, qui proviennent des usines Saint-Gobain, aujourd'hui fermées. 

Un matériau qui a notamment pour propriété de repousser l'humidité. Et ça y est, nous parvenons au sommet, le souffle un peu court, mais une montée "en moins de cinq minutes", nous félicite Léa. 

Les toutes dernières marches ne nous sont pas accessibles. Elles permettent l'accès à la lentille de Fresnel, qui permet au phare de diffuser sa signature lumineuse, "un éclat blanc toutes les 5 secondes" explique notre guide, et visible à une quarantaine de kilomètres à la ronde en fonction de la météo. Nous nous engouffrons dans une porte menant à l'extérieur, au sommet du phare.

"Il mesure 82,5 mètres de hauteur, il a été construit en 1902. Et ici, nous sommes au chemin de ronde. Nous sommes à environ 70 mètres de hauteur. nous voyons la commune de Plouguerneau. Aujourd'hui, l'horizon est assez bouchée, mais plus loin, nous voyons Guissény et, par temps clair, nous voyons le phare de l'île de Batz. Par ici, nous voyons également la commune de Landéda et, plus loin, Saint-Pabu", égrène Léa Cornic. 

Le sifflement du vent emplit nos oreilles, mais nous percevons aussi le cri des oiseaux, car nous sommes dans la période de nidification des goélands, qui a lieu entre février et juillet sur l'île. "Cela permet aux goélands de pouvoir se reproduire et élever leurs petits tranquillement sur cette île, qui n'est pas habitée et où il y a seulement quelques visites par jour", précise notre guide du jour. 

Des goélands, mais aussi des cormorans, des pipits maritimes, un petit spécimen de la famille des passereaux, et pour les plus chanceux, des phoques en train de paresser sur les rochers.  

Côté histoire de l'île, des écrits ont été retrouvés et évoquent un sanctuaire druidique. Puis, au XVe siècle, des frères mineurs cordeliers y fondent un couvent, mais celui-ci a été rapidement déserté, du fait des conditions de vie complexes, régies par les marées. D'ailleurs, "l'île vierge tient son nom de l'absence de la végétation, c'est-à-dire qu'il est très difficile de faire pousser un quelconque arbre, de quelconques ressources nourricières pour l'homme. C'est pour ça que nous trouvons quelques bruyères, mais pas de quoi survivre sur l'île", précise Léa Cornic.

À la découverte de l'éco-gîte de l'île

Une fois les marches redescendues, nous nous dirigeons vers le deuxième phare de l'île, le plus ancien, construit entre 1842 et 1845. Une tour carrée de 33 mètres, construite initialement pour signaler l'entrée de l'Aber Wrac'h. À l'entrée, nous rencontrons Nolwenn Renaud-Leroy, les bras chargés de draps propres. 

Car le phare, après une phase de travaux menée notamment par la communauté de communes du pays des Abers, a été transformé en éco-gîte. Nolwenn nous ouvre la porte, et nous débouchons sur une entrée aux murs blanchis à la chaux. "On se croirait dans un petit château, sourit la gardienne des lieux depuis l'ouverture du gîte à l'été 2020. Il y a un plafond voûté en pierre chaulées blanc, le sol avec des grosses pierres en granit, c'est le sol d'antan. Et puis un petit escalier en colimaçon qui mène aux étages. C'est un peu médiéval en fait!

Nous avons l'impression de faire un saut dans le passé, et pourtant le fonctionnement du gîte est ancré dans son temps et a été réfléchi pour respecter son environnement, d'où cette appellation d'éco-gîte que Nolwenn nous précise. 

"Ici, on est dans une réserve naturelle protégée qui s'appelle "Natura 2000", et on est en autonomie, que ce soit sur la production d'énergie ou la production d'eau. Pour la production énergétique, on est ravitaillés principalement avec des panneaux solaires et des éoliennes. Et pour la production d'eau, c'est de l'eau de pluie qu'on récolte dans une cuve qui est installée derrière la fenêtre de la cuisine. Elle est ensuite acheminée dans le gîte, elle est un petit peu filtré quand même, mais on est pas ravitaillés par le continent." 

150 m² carrés au total, dans ce gîte pouvant accueillir jusqu'à neuf personnes et un bébé. Nous poursuivons la visite, et nous grimpons un étroit escalier qui mène au sommet. Des sifflements presque surnaturels résonnent. "C'est ce qu'on appelle le chant des sirènes", explique Léa Cornic. Mais à peine le temps d'admirer le panorama au sommet du phare, qu'il est temps d'embarquer de nouveau sur le bateau, les visiteurs se pressent déjà sur l'embarcadère, les mollets fatigués mais le sourire aux lèvres.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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