Au cœur des sociétés Saint-Vincent-de-Paul
Le mouvement a vu le jour à Paris en 1833, sous l’impulsion d’un groupe de laïcs catholiques. Parmi ceux-ci, Frédéric Ozanam, plus tard béatifié par le pape Jean-Paul II. Un peu moins de 200 ans plus tard, qu’est devenue cette organisation, qui s’y engage encore et est-elle toujours utile ?
Jean-Marie Poplimont préside le Conseil Provincial du Hainaut de la société Saint-Vincent-de-Paul et est également impliqué depuis de nombreuses années dans l’antenne qui œuvre à Ath. C’est donc un mouvement qu’il connaît bien.
Déjà en 1831, Paris était une splendide capitale intellectuelle mais aussi un creuset de misère ; pas moins de 300.000 personnes vivaient sous le seuil de pauvreté. Cette situation a interpellé Frédéric Ozanam et quelques étudiants de la Sorbonne et ils ont commencé à rendre visite à des personnes précarisées. L’action prenant un certain développement, ils se sont réunis, en 1833, pour jeter les bases de la future société Saint-Vincent-de-Paul.
Un mouvement qui a rapidement essaimé, d’abord dans les pays limitrophes, dont la Belgique en 1842, mais aussi peu à peu dans le monde entier. Aujourd’hui, on retrouve des sociétés dans près de 150 pays, qui comptent ensemble 800.000 membres venant en aide à plus de 30 millions de personnes chaque jour. Pas moins de 250 associations sont actives en Belgique pour soutenir plus de 100.000 familles.
Mais pourquoi parle-t-on souvent de « conférences » Saint-Vincent-de-Paul ? « Dès le départ, il y a eu autour de la société Saint-Vincent-de-Paul beaucoup de réunions explicatives, d’information », précise Jean-Marie Poplimont. « Conférence est alors le terme qui a été utilisé pour désigner les associations locales. »
Une pauvreté en croissance
À Herseaux par exemple, cela fait 30 ans qu’une conférence Saint-Vincent-de-Paul existe, anniversaire qui a d’ailleurs été marqué récemment –avec un peu de retard suite à la pandémie- lors d’une célébration présidée par Mgr Harpigny. « Il restait un seul membre encore actif d’une société sur la paroisse Saint-Maur », se souvient le diacre Marc Van Hollebeke, l’un des fondateurs de l’antenne herseautoise. « C’était un monsieur âgé s’efforçant péniblement de distribuer quelques colis. Inutile de vous dire qu’il nous a accueillis les bras grands ouverts. »
D’une association de paroisse, la société s’est étendue au fil des ans sur les trois quartiers d’Herseaux, a occupé des locaux de plus en plus importants, jusqu’à se renommer conférence des Trois Clochers. Près de 95 familles sont inscrites auprès de l’asbl, et 80 d’entre elles poussent très régulièrement les portes de l’aide alimentaire ou du vestiaire.
Souvent, des gens prennent contact avec moi et me demandent si l’asbl marche bien. Je leur réponds à chaque fois ‘oui, malheureusement’. On est heureux de rendre ce service mais on aimerait qu’il ne soit plus nécessaire. La pauvreté ne fait que croître : financière, culturelle,… Et il y a de plus en plus d’isolement.
Bénévoles motivés
Dans l’asbl des Trois Clochers, une bonne quinzaine de bénévoles récoltent, trient, distribuent et surtout écoutent. Des gens de tous horizons et de tous âges (le plus jeune d’entre eux a 17 ans). Guillaume Vande Borre, lui, a intégré l’association en 2018 pour lui apporter ses compétences comptables et soutenir les démarches de subvention. Il en est aujourd’hui le trésorier et la société lui tient très à cœur : « On apporte une écoute attentive à toute personne qui souhaite venir participer au projet : celles qui viennent bénévolement mais principalement aux publics fragilisés de la région, les familles, les personnes isolées… »
Au-delà de la distribution d’une aide matérielle, c’est un véritable échange qui se noue avec les bénéficiaires. « On peut les aider aussi à rencontrer un assistant social de la ville de Mouscron, et faire le lien avec le CPAS. » C’est d’ailleurs via le CPAS que les bénéficiaires recevront une carte leur permettant d’utiliser les services de la société Saint-Vincent-de-Paul. Un système de tickets ou de points – dont le nombre est établi en fonction de la structure de la famille - a été mis en place afin que chacun puisse réellement « faire ses courses », choisir ses produits, et pas seulement recevoir un colis tout fait et impersonnel.
Une longue chaîne de solidarité qui implique des particuliers, des magasins ou encore des entreprises de la région. Avec l’espoir qu’un jour, cette aide n’ait plus de raison d’être.
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