Alexis Michalik : "Je ne suis jamais aussi heureux que quand je suis entouré"
"Le Porteur d'Histoire", "Le Cercle des illusionnistes", "Edmond", autant de pièces couronnées de Molières qu'on doit à Alexis Michalik. Ce 1er octobre, il reprend "Les Producteurs", une comédie musicale totalement déjantée créée par Mel Brook, à redécouvrir au Théâtre de Paris, avec l'humoriste Florent Peyre en tête d'affiche. Coulisses du spectacle et petits secrets de bonheur d'un des metteurs en scène les plus doués de sa génération.
© Pierre Laporte Communication
Un producteur au bord de la faillite qui décide de monter un spectacle écrit par un ancien nazi, en espérant un bide pour toucher l’argent de l’assurance. Sauf que la pièce est un succès. C’est, résumé en quelques mots, l’intrigue des Producteurs, une comédie musicale totalement déjantée créée par le scénariste américain Mel Brooks et qui revient au Théâtre de Paris après deux saisons triomphales. "Elle a eu un record de récompenses à Broadway, j’en suis tombé amoureux et j’espérais bien le monter ici." explique Alexis Michalik, qui en assuré la direction artistique.
Pourtant, centrer un spectacle musical autour du Führer nazi, le pari était plutôt osé. "C’est surtout Mel Brooks qui était gonflé de l’avoir fait en 67, époque encore bien plus proche de la guerre. Depuis, beaucoup de films ont désacralisé cette période, comme Inglorious Bastards de Quentin Tarantino. Mais oui, il y a encore des gens qui disent dans la salle : je ne m’attendais pas à voir Hitler faire des claquettes. Mais à partir du moment où on rit, c’est gagné !"
Surprendre sans trop dérouter
Et public et critique ne s'y sont pas trompés : 300 000 spectateurs et deux Molières, dont celui du meilleur spectacle musical en 2020. Le cinquième pour ce fils de peintre d’origine polonaise et de traductrice britannique, après Le Porteur d’Histoire et Edmond, d’ailleurs adapté au cinéma en 2019. Est-ce que ça ne met pas la pression, à chaque nouvelle œuvre ? "Je ne pense pas que ce soit les distinctions qui mettent la pression." estime l’auteur d'Intra Muros. C’est plus la peur de se dire : est-ce que cette fois-ci, il y a du public qui va suivre, comment je vais le surprendre, ne pas leur servir la même chose que la dernière fois et en même temps ne pas les dérouter complètement. C’est ça la vraie question. ». En attendant, il y a tout à penser qu’avec l’humoriste Florent Peyre en tête d’affiche pour ces nouvelles représentations, le succès soit encore au rendez-vous.
Questions bonheur
Alexis Michalik, quand vous levez le matin, est-ce que c’est tout de suite de bonne humeur ou à ne pas trop chatouiller avant d’avoir pris le petit déjeuner ?
Non, je suis plutôt du matin. J'aime bien attaquer la journée directement. Je ne bois pas d'alcool donc je n’ai jamais de gueule de bois en me réveillant. Et au saut du lit je suis tout de suite en forme
Qu'est-ce qui vous met de bonne humeur ? C'est de savoir ce qui va se passer dans la journée ?
Oui, absolument. J'adore savoir ce qui va se passer, j'adore la perspective de manger mon petit-déj. Je regarde aussi beaucoup des late-show américains sur YouTube de la nuit d'avant. Oui, j'aime bien la perspective d'une nouvelle journée qui commence.
Quand vous avez un petit coup de cafard, qu'est-ce que vous faites pour vous remonter le moral ? Est-ce que vous relisez Cyrano de Bergerac ? Vous prenez votre planche à voile ?
Ah oui la planche à voile, c'est un antidépresseur !
Oui, parce qu’il faut rappeler que vous êtes quand même un grand sportif. Vous avez fait du rink hockey,, de l'escalade …
C’est vrai. Mais quand j'ai un petit coup de cafard en général, je ne me plonge pas dans le boulot, je vais plutôt voir mes amis. On a tous besoin d'interaction sociale et je ne suis jamais aussi heureux que quand je suis entouré.
Ça arrive souvent les coups de cafard ?
C'est passager, mais oui, forcément, on est toujours soumis à des hauts et des bas dans ce métier. Ce n’est pas un long fleuve tranquille. !
En parlant de sport, vous avez porté la flamme olympique aux JO de Paris en 2024. A Avignon et puis en bateau, de Brest à Pointe à Pitre, en Guadeloupe, à bord du trimaran d'Armel Le Cléac’h, aux côtés de Marie-José Perec, Marine Lorphelin et Hugo Roellinger. J'imagine que ça reste un beau souvenir ?
C'est un souvenir extraordinaire. C'était absolument fabuleux. On se reparle régulièrement dans notre petit groupe WhatsApp, on suit un peu les nouvelles de tout le monde.
Qu'est-ce qui vous a plu dans ce périple ?
Tout ! C'est une aventure qu'on ne vit qu'une fois dans une vie. Déjà, se retrouver sur un bateau aussi incroyable que celui-là, qui ressemble à un vaisseau spatial, qui va à 30 nœuds, à travers les flots, l'équipage extraordinaire avec lequel on a voyagé. C’est des sommes d'anecdotes et de moments de vie qu'on n'oubliera jamais. Et puis voilà, moi je ne pensais pas pouvoir dire un jour que j'ai traversé l'Atlantique à la voile. Ça ne faisait pas partie des plans que j'imaginais !
Est-ce qu'il y a un endroit, un lieu, Alexis Michalik, qui vous fait du bien ?
Moi, j'adore les îles. J'y vais soit pour me repose, soit pour travailler. J'adore les îles francophones, que ce soit la Corse ou la Guadeloupe, j'y suis souvent aussi.
Et pourquoi les îles en particulier ? Qu'est-ce qui vous plaît ?
Déjà la proximité de la mer, le climat plutôt tropical en Guadeloupe, la simplicité de la vie, la douceur de vivre. Moi, je me sens bien quand il y a la plage pas loin.
Il paraît que vous habitez aussi un appartement dans le 19ème à Paris et que vous avez une vue imprenable sur les barres HLM. Ça vous réjouit, cette vue-là ?
Pas que sur les barres HLM, en tout cas. Mais sur l'ensemble du 19ème, sur les Buttes Chaumont à la place des Fêtes jusqu'à l'avenue de Flandre. Oui, c'est une chance énorme d'avoir une vue dégagée à Paris. Moi, j'ai grandi avec une façade en face de ma chambre, donc j'ai conscience de mon privilège.
Question gratitude Alexis Michalik : est-ce qu'il y a une personne qui a beaucoup compté pour vous dans votre vie personnelle ou professionnelle et à qui aujourd'hui, vous avez vraiment envie de dire merci ?
Il y a beaucoup de gens qui ont compté pour moi, Benjamin Bellecour, mon associé, mon premier producteur, Régis Vallée, mon meilleur ami qui a joué dans pratiquement tous mes spectacles, Aïda Asgharzadeh, ma meilleure amie. Il y a beaucoup de gens qui ont été là pour moi tout le temps et qui le seront encore, j'espère, pendant les prochaines années. Il y a cette phrase qui dit :"Tout ce qui n'est pas donné est perdu." Et donc si on est tout seul, le sommet, c'est pas très intéressant.
Dernière question. Vous connaissez le dicton "Pour vivre heureux, vivons cachés". Mais pour vous, pour vivre heureux, il faudrait vivre comment ? Sur scène ou pas trop devant les projecteurs.
Un peu les deux, je pense. C'est très agréable d'avoir la lumière, mais c'est aussi agréable d'être dans l'ombre. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que moi, pour vivre heureux, il faut vivre libre.
Dans quel sens ?
Dans tous les sens qu'on peut imaginer. Je pense que la liberté... Il y a des gens à qui ça fait peur. Et puis il y a des gens qui ont besoin d'une routine, il y a des gens qui ont besoin d'un petit territoire. Moi, ce que j'aime, c'est pouvoir aller d'une expérience à l'autre, d'une vie à l'autre, d'un pays à l'autre, pouvoir me lever quand je veux, me coucher quand je veux, je pense que c'est la plus grande des richesses.
"Les Producteurs", d'après Mel Brooks, avec Alexandre Faitrouni et Florent Peyre, au Théâtre de Paris depuis le 1e Octobre.
A noter aussi la reprise du "Porteur d'Histoire" au théâtre Comédie Odéon à Lyon jusqu'au 1e Novembre. https://www.comedieodeon.com/


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