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Alexandre Romanès, l'art du cirque et l'identité tzigane

RCF, le 22 décembre 2016 - Modifié le 1 février 2024
La culture tzigane n'est pas une passion chez Alexandre Romanès, c'est son identité. Il la cultive et la magnifie par l'art du cirque, éminemment poétique. Par Stéphanie Gallet.
Cirque RomanèsCirque Romanès

Il a grandi dans l'exiguité d'une caravane, sous la toile d'un chapiteau et l'immensité du ciel. Tout petit, Alexandre Romanès a connu la morsure du froid, le rejet des gadjos - "dans tous les villages que l'on traversait on nous jetait des pierres" - mais aussi les lumières dans les yeux des enfants. A 65 ans, il est resté un rebelle, un poète, un amoureux de la culture manouche. Lui qui n'a pas aimé que le cirque familial devienne "très grand", "inhumain", a fondé en 1994 son propre cirque, le Cirque Romanès, aujourd'hui plébiscité pour sa densité poétique. Mais Alexandre Romanès c'est une vie de rencontres - Jean Genet, Lydie Dattas, Christian Bobin... Il vient de publier son histoire "Les corbeaux sont les gitans du ciel" (éd. L'Archipel).
 

Le cirque, un héritage familial

On a l'impression qu'une vie comme celle-là compte pour plusieurs. Alexandre Romanès se dit "100% français, 100% tzigane", il a aussi le cirque dans le sang. Aussi loin que l'on s'en souvienne, chez les Romanès on est montreur d'ours. A 19 ans, quand son père le pousse dans la cage aux fauves, Alexandre devient dompteur. Un métier où l'on risque sa vie, mais ce n'est pas pour cela qu'il souhaite l'oublier: "J'étais malheureux pour les bêtes." Malheureux aussi dans un cirque qui était devenu comme "une usine", qui n'avait plus rien de celui qu'il avait connu étant enfant. "On n'avait pas un cirque on en avait cinq". Et lui de tout plaquer pour devenir acrobate dans les rues, avant de fonder son cirque familial, le Cirque Romanès. Il "n'a pas pris la suite de [son] père, dit-il "mais de [son] grand-père".
 

authentiquement Tzigane

Les Romanès revendiquent d'être "les seuls tziganes dans le monde du cirque". Avec sa femme, ses filles, son fils, ils présentent un spectacle authentiquement tzigane, qui se revendique comme tel. Des numéros traditionnels du cirque ils ont ôté "les conventions lourdes et bébètes". Sans "esbrouffe" ni "paillettes", ils rapprochent identité tziganes et densité, aidés par la musique - violon, contrebasse, accordéon. "Tout le monde dit que nous sommes le cirque le plus poétique." Etre tzigane, pour Alexandre Romanès c'est avoir une vision poétique de l'existence. "Un artiste c'est quelqu'un qui ose", lui a répondu un jour Jean Genet dont il était l'ami. "Les enfants sont des artistes, tous les enfants, qu'ils soient tziganes ou pas."

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