À table ! La 28e édition du Festival Chrétien du cinéma
Le Festival Chrétien du Cinéma revient à Béziers et Montpellier en janvier 2026 avec un thème fédérateur : À table. L’historien Florent Quellier nous aide à décoder les symboliques sociales et spirituelles du repas : un lieu de communion, mais parfois aussi de tension, de spectacle ou de pouvoir.
À table ! La 28e édition du Festival Chrétien du cinéma © Chrétiens & CultureUn thème universel aux saveurs locales
Chaque année en janvier, l’association Chrétiens & Culture propose aux habitants de Béziers, Montpellier et de l’Hérault un regard cinématographique et spirituel sur notre monde, à travers le Festival chrétien du cinéma. Pour cette édition 2026, c’est un mot simple et familier qui sert de fil rouge : À table. Un mot d’invitation, de partage… mais aussi d’interrogation.
Pour nourrir cette réflexion, Florent Quellier, professeur d’histoire moderne à l’université d’Angers, spécialiste de l’alimentation et des cultures de la table à l’époque moderne, a répondu aux questions de Chrétiens & Culture pour RCF. Il apporte un éclairage historique et symbolique sur ce lieu du quotidien où se nouent tant de relations.
"La table est un rituel social, codifié, parfois apaisé, parfois conflictuel. Elle révèle nos liens, nos tensions, nos valeurs", explique-t-il.
Entre communion et confrontation
Les films projetés viendront illustrer que le repas familial n’est pas toujours un havre de paix. Au contraire, c’est souvent là que se jouent des règlements de comptes. Ce contraste fonctionne d’autant mieux qu’on attend du repas qu’il soit un moment de convivialité.
Même dans les albums d’Astérix, où le banquet final semble être une tradition joyeuse, les tensions ne sont jamais loin — notamment pour Ordralfabétix, qui finit souvent dans une marmite !
Une liturgie domestique ?
Au cœur de la programmation du Festival chrétien du cinéma, le dernier repas de Jésus, la Cène, fonde la réflexion chrétienne sur le sens spirituel du repas. Peut-on parler d’une liturgie de la table, même en dehors de l’Église ? Florent Quellier n’hésite pas à faire le lien.
La disposition des convives, les couverts, la nappe : tout évoque un rituel. La table devient un autel du quotidien.
La table familiale, dominicale ou festive, suit elle aussi un calendrier rituel : Noël, anniversaires, fêtes de village, chaque convive en connaît les codes. Et chaque assiette peut porter une mémoire collective.
Genre, pouvoir et représentations
Le Festival questionne aussi les stéréotypes liés à la gastronomie. Dans son livre Histoire des préjugés, Florent Quellier démonte l’idée selon laquelle la gastronomie serait affaire d’hommes. Il évoque le cinéma, où les grands chefs sont majoritairement masculins.
Par exemple, dans le film La Grande Bouffe de Marco Ferreri, les femmes sont absentes du banquet gastronomique : elles incarnent un autre plaisir, non intellectuel. Ce schéma a longtemps dominé la représentation culturelle des repas.
Une invitation locale à réfléchir ensemble
Pour sa 28e édition, le Festival chrétien du cinéma sélection 2026 propose un regard enraciné dans nos réalités locales. Qu’on soit en famille ou entre voisins, le repas est un lieu où se vit la fraternité ou le conflit, où le spirituel rejoint le quotidien.
Et si cette année, prendre place à table devenait aussi une manière de mieux comprendre notre monde et notre foi ?


Une chronique dédiée à la promotion d’une culture vivante et ouverte. Depuis plus de vingt-quatre ans, deux temps forts de l’association Chrétiens & Cultures (le Festival Chrétien du Cinéma fin janvier et le Festival Interreligieux de Musiques Sacrées ANIMA en novembre) rythment le paysage culturel montpelliérain et héraultais. Tout au long de l’année, l’association propose également des voyages et conférences pour explorer l’autre et le monde.





