À Lattes, des enfants à hauteur de chevaux

Axel, 10 ans, repositionne une crinière sur un puzzle pas comme les autres. Devant lui, le squelette d’un cheval se dévoile pièce après pièce. Autour de la table, dans la salle pédagogique du site archéologique Lattara - musée Henri Prades de Lattes, une classe de CM1/CM2 vit une plongée ludique et sensorielle dans l’univers équin. L’exposition “Chevaux, héros oubliés ? Archéologie d’une espèce au fil du temps”, présentée du 5 avril 2025 au 5 janvier 2026, devient un terrain de découvertes étonnées et de réflexions profondes. À hauteur d’enfants.

“Je croyais que ça allait être long et un peu nul, mais c’est intéressant. J’ai appris plein de choses”, confie Axel, concentré sur les os et les mots, mandibule, lombaires, crâne. Un autre monde s’ouvre à lui.

Un puzzle… et des idées à assembler

Coloriages, jeux de cartes, fac-similés d’ossements à toucher : tout est pensé pour éveiller la curiosité naturelle des plus jeunes. Loin d’un savoir figé, ici le cheval devient compagnon de découverte. Entre deux coups de crayon, Jules s’étonne : “Je pensais qu’ils avaient des canines comme nous !” Tandis que Solène, émerveillée, souhaite déjà revenir : “C’est mieux que les maths et la grammaire !”

Le cheval de Przewalski, évoqué plusieurs fois, devient une figure émotive : en voie d’extinction, il touche les enfants qui s’ouvrent à des questions presque philosophiques. “Le cheval c’est pas un animal comme les autres… on peut ressentir une connexion avec lui.” Une belle leçon d’humanité venue des sabots.

Une médiation à plusieurs vitesses

Ce succès, on le doit aussi au travail des médiateurs du musée. Florence Moreau et Romain Gresset adaptent sans cesse leur discours au public, qu’il s’agisse d’élèves, de seniors ou de personnes en situation de handicap. “La clé, c’est de partir des repères du visiteur”, explique Romain. Plutôt qu’une date, un contexte vécu : “il y a 2 200 ans, c’est plus parlant que -218 avant J.-C.”

Les objets, eux aussi, sont rendus accessibles : os à toucher, livres jeunesse soigneusement sélectionnés avec la médiathèque de Pérols, anecdotes choisies avec soin. “On aime beaucoup connaître les petites histoires derrière les objets, car ce sont elles que les visiteurs retiennent le plus.”

Transmettre et s’émerveiller ensemble

Dans cette exposition qui explore le rôle du cheval à travers les âges (compagnon de guerre, de labeur, voire figure sacrée), l’archéologie rejoint le plaisir d’apprendre. Florence sourit : “On apprend tous les jours, et on s’amuse autant que le public !” Le pari est gagné : autour des puzzles et des crayons, les enfants partagent leurs nouvelles connaissances et leur joie. Le musée devient un lieu de vie, de lien et d’éveil. Et les chevaux, héros oubliés ? Ils sont, ici, bien vivants dans l’imaginaire des enfants.