A Bordeaux, le monde du vivant est mis à l'honneur
Organisée jusqu'au 31 janvier 2027, le Musée d'art contemporain de Bordeaux (Capc) propose l'exposition "Pollen", qui nous invite à questionner notre rapport au naturel. Explications avec Cédric Fauq, membre de l'équipe curatoriale.
Jesse Darling, "Untitled (Still life)" (2018) © Capc - Musée d'art contemporain de Bordeaux"Pollen" fait référence à l'œuvre de l'artiste allemand Wolfgang Laib intitulée Pollen de noisetier. Dans l'exposition, le rapport au naturel s'exprime sous ses différentes facettes, que ce soit végétal, animal, ou encore minéral. La raison principale de cet événement culturel, raconte Cédric Fauq, "c'était d'abord de savoir comment les artistes qui sont présents dans la collection du musée emploient la nature". Il ajoute : "Ils ne font pas seulement que la représenter, mais en fait, utilisent des éléments naturels pour leurs œuvres".
La nature a toujours été une source d'inspiration pour les peintres et les sculpteurs, notamment à travers les représentations de paysages. Pour Cédric Fauq "les formes primaires d'art qu'on retrouve dans les caves pré-historiques sont déjà une forme d'intérêt pour la nature".
Répondre aux enjeux climatiques
L'exposition revêt d'une portée d'autant plus importante à l'heure des crises écologiques et du réchauffement climatique. "Il y avait l'envie de répondre à une forme d'inquiétude générale et de montrer que les artistes n'étaient pas hermétiques finalement à ces questionnements", explique Cédric Fauq.
"C'est finalement une forme d'ambiguïté qui nous intéressait, le fait qu'on puisse à la fois être fatigué par la nature et en même temps l'utiliser comme ressource et lui infliger finalement une différente forme de souffrance", ajoute-t-il. Il met en avant le film Toxic Detox de l'artiste américain Tony Oursler, sur le scandale du chlordécone, un pesticide utilisé pour la culture des bananes dans les Antilles jusqu'en 1993.
Concernant notre rapport aux animaux, le commissaire en chef du musée note également l'œuvre de l'artiste danoise Nina Beier sur l'histoire d'un éléphant du XIXe siècle, exploité pour être mis en spectacle. "Quand il est décédé et qu'on a ouvert son ventre, on a trouvé plein de choses qui n'étaient pas censées y être présentées", raconte-t-il.
A travers la diversité des formes spécifiques dans les créations exposées, l'exposition se veut "très riche".
L'art, une forme d'engagement
"Finalement, on regarde des choses qui nous paraissent banales différemment. Et ça, c'est vraiment une des forces, je pense, de l'art", affirme Cédric Fauq.
Pour le membre de l'équipe curatoriale de l'exposition, l'art est "toujours" une forme d'engagement. "Après, c'est plus ou moins invisible. C'est plus ou moins palpable dans les œuvres. Mais là, pour le coup, dans l'exposition Pollen, il y en a certaines qui, je pense, paraissent comme définitivement des formes d'engagement en tant que telle".
Il conclut : "Il y a ces manières de faire sentir un état du monde. Ce n'est pas revendicateur en tant que tel. Il y a normalement toujours une forme de poésie et des jeux formels qui permettent d'y voir une forme de beauté critique".


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