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78e Festival de Cannes : une sélection sous le signe du renouvellement malgré d’éternels habitués comme les frères Dardenne

78e Festival de Cannes : une sélection sous le signe du renouvellement malgré d’éternels habitués comme les frères Dardenne

Un article rédigé par Pierre Germay, au Festival de Cannes - le 11 mai 2025 - Modifié le 12 mai 2025

A deux jours de son ouverture, que nous réserve la sélection officielle du 78 e Festival de Cannes ? La sélection de Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, et de sa présidente Iris Knobloch, fruit de la vision de 2909 films proposés, un record, est un savant dosage entre continuité et renouveau, entre retours d’éternels habitués et premières sélections de nouveaux venus.

Jean-Pierre et Luc Dardenne en route vers une 3e Palme d'Or ? © Pierre GermayJean-Pierre et Luc Dardenne en route vers une 3e Palme d'Or ? © Pierre Germay

Parmi ces habitués éternels, il y en a qui ont déjà au moins trois sélections au compteur. Les plus connus d’entre eux sont Jafar Panahi, l’Iranien qu’on a presque envie d’appeler l’Iranien de service, cette remarque étant juste un constat n’emportant aucun jugement de valeur, Dominik Moll, le Français, ou Wes Anderson, l’Américain. Et bien sûr Luc et Jean-Pierre Dardenne, les deux petits Belges, qui en sont à leur dixième sélection.

Thierry Frémaux, ami des Dardenne

On connaît les liens d’amitié réelle entre Thierry Frémaux et les frères Dardenne. Comme s’il avait besoin de se justifier de leur nouvelle sélection, Thierry Frémaux a comparé sa situation à celle d’un éditeur qui publierait le nouveau livre de l’un de ses auteurs, même s’il n’est pas tout à fait au niveau de ses précédents ouvrages. Admettons.

Parmi les cinéastes moins connus qui comptent tout de même, eux aussi, trois sélections à Cannes, notons le retour de Joachim Trier, le Norvégien, Kléber Mendoça Filho, le Brésilien, ou Sergeï Loznitsa, le Russe, soit des cinéastes qui, sans leur faire offense, ne sont pas les plus sexy pour le grand public.

Dans le registre des retours, même si ce n’est que sa deuxième sélection, notons aussi celui de Julia Ducourneau, palmée d’or en 2021 avec « Titane » : elle revient avec « Alpha », un film qu’on annonce déjà comme s’inscrivant dans l’univers très singulier de la cinéaste française.

Sous le signe du renouvellement

Parmi les nouveaux venus à Cannes, le contingent est impressionnant : Kelly Reichardt, une cinéaste américaine déjà primée deux fois à Deauville, Tarik Saleh, un réalisateur suédois, Mario Martone, un metteur en scène napolitain, Richard Linklater, un réalisateur américain, ainsi que Carla Simon et Oliver Laxe, deux cinéastes espagnols, Hafsia Herzi, une actrice et réalisatrice française, Ari Aster, un Américain, Olivier Hermanus, un Sud-Africain, Chie Hayakawa, une Japonaise, et enfin Mascha Schilinski, une Allemande. Sur le plan géopolitique, ça ratisse large !

Avec ainsi près d’un tiers des films retenus en sélection officielle cette année, signés par des cinéastes plus jeunes et qui viendront à Cannes pour la première fois, force est de reconnaître que le Festival s’inscrit plus que jamais sous le signe d’un renouvellement bien réel.

Le glamour du tapis rouge

Mais le Festival ne doit pas pour autant décevoir le grand public. C’est que le Festival de Cannes sans ses stars attendues en version glamour sur le tapis rouge du Palais des Festivals ne serait plus tout à fait le Festival de Cannes. Alors, les photographes et les badauds peuvent se rassurer, ils en auront pour leur… patience cette année, jugez plutôt : Joachim Phoenix, Scarlett Johansson, Isabelle Huppert, Virginie Effira, Emma Stone, Jodie Foster, Cécile de France, Isabelle Huppert, Diane Kruger, Kristen Stewart, Robert Pattinson et peut-être Tom Cruise pour la projection hors compétition du dernier « Mission Impossible ».

Sans oublier l’inusable Robert De Niro à qui le Festival décernera une palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière lors de la cérémonie d’ouverture, le mardi 13 mai au soir.

Une cérémonie qui verra aussi se produire une icône de la scène musicale française, Mylène Farmer, qui sera également à l’affiche de « Dalloway », le nouveau long métrage de Yann Gozlan sélectionné en Séance de Minuit. Dans ce drame, la Désenchantée Mylène Farmer prête sa voix à une intelligence artificielle, assistante virtuelle omniprésente d’une romancière en mal d’inspiration, romancière incarnée par Cécile de France.

Juliette Binoche, présidente du jury

Enfin, les photographes de presse ne se lasseront pas de braquer leurs objectifs sur Juliette Binoche puisque la comédienne montera les marches tous les soirs en qualité de présidente du jury de ce 78e Festival de Cannes.

Le Festival de Cannes, c’est la fête du cinéma. Mais une fête d’ores et déjà endeuillée par la mort de la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, héroïne d’un documentaire sélectionné dans une sélection parallèle, mais qui a été tuée le mercredi 16 avril dernier, victime d’un bombardement israëlien.

Les sélections parallèles

Et qu’en sera-t-il de la programmation des sélections parallèles ? Pour sa 57e édition, La Quinzaine des Cinéastes jouera plus que jamais le rôle de dénicheur de talents. On pourra ainsi y découvrir le premier long-métrage du réalisateur belge Valéry Carnoy, « La danse des renards ».

Mais aussi « Enzo » le film que Laurent Cantet, palme d’or en 2008 avec « Entre les murs », avait commencé de tourner jusqu’à son décès, l’an passé ; c’est Robin Campillo, très remarqué à Cannes en 2017 avec « 120 battements par minute », qui a achevé le tournage.

La Semaine de la Critique, pour sa 64e édition, ne comptera que onze longs-métrages et elle aura un petit accent belge puisqu’elle ouvrira avec « L’Intérêt d’Adam », le second long-métrage de Laura Wandel, la cinéaste belge révélée en 2021 à un Certain regard avec « Un monde » ; et qu’on y verra aussi « Kika » de Alexe Pukine, une cinéaste française vivant à Bruxelles.

Le cinéma belge à Cannes en 2025

Et, précisément, le cinéma belge, dont l’histoire d’amour avec le Festival de Cannes n’en finit plus de finir depuis la caméra d’or de Jaco Van Dormael pour « Toto, le héros », en 1991, sera-t-il à nouveau de la partie cette année ?

Outre le nouvel opus des frères Dardenne, le film de Laura Wandel en ouverture de la semaine de la critique et celui de Valéry Carnoy à La Quinzaine, ainsi que la présence d’actrices telles que Virginie Effira et Cécile de France, ce sont surtout via des coproductions que le cinéma belge sera présent à Cannes, cette année.

Citons-en deux : le Julia Ducourneau, une coproduction avec Frakas Productions, en sélection officielle, et « La femme la plus riche du monde » du Français Thierry Klifa, une coproduction avec la société Versus production du Liégeois Jacques-Henri Bronckart, en sélection officielle, mais hors compétition.

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