78e Festival de Cannes : Léa Drucker en quête de vérité et d’humanité
A l’affiche du film belge « L’intérêt d’Adam » de Laura Wandel qui a fait l’ouverture de La semaine de la critique et de « Dossier 317 » de Dominik Moll, en sélection officielle, Léa Drucker est très en vue en ce début de Festival, à Cannes.
Léa Drucker en conférence de presse du "Dossier 317" © Pierre GermayCésar de la meilleure actrice pour son rôle dans « Jusqu’à la garde » de Xavier Legrand en 2019, Léa Drucker a d’abord alterné théâtre et petits rôles au cinéma. Elle enchaîne ensuite avec « Chaos » de Colline Serreau, puis « Papillons de nuit » de John Pepper, son premier vrai « premier rôle ». Et en 2022, elle est l’affiche de « Close » de Lukas Dhont, Grand Prix à Cannes cette année-là.
"L'intérêt d'Adam" de Laura Wandel
Dans « L’intérêt d’Adam », Léa Drucker incarne le personnage de Lucy, une infirmière d’un service des urgences pédiatriques qui accueille Adam, un gamin de quatre ans, hospitalisé pour malnutrition sur décision judiciaire. C’est que sa maman en souffrance psychiatrique le surprotège au point de le mettre en danger. Si bien que Lucy passe plus de temps à tenter d’éloigner la maman du petit garçon qu’à lui prodiguer les soins requis !
"Dossier 317" de Dominik Moll
Et dans « Dossier 317 » de Dominik Moll, inspiré de faits réels, elle est Stéphanie, une enquêtrice de la police des polices française requise de faire toute la lumière sur l’agression policière par flash-ball (l’arme anti-émeutes des forces de l’ordre) dont a été victime un gilet jaune venu manifester à Paris en famille en décembre 2018.
Dans les deux films, aussi bien dans le rôle de l’infirmière que dans celui de l’enquêtrice, Léa Drucker campe avec beaucoup d’humanité un personnage en immersion dans un contexte professionnel très énergivore, ici critiquée par la famille de ses patients, voire par sa hiérarchie, là subissant la réprobation de ses collègues flics et aussi de sa hiérarchie, qui, chaque fois, lui reproche de trop s’investir personnellement.
Conversations avec des enquêtrices de la police
En conférence de presse du film « Dossier 137 », l’actrice française a commenté ses choix : « Le scénario que Dominik Moll m’a fait lire m’a enchantée, j’ai tout de suite dit oui. Grâce à Dominik, j’ai pu rencontrer des enquêtrices qui m’ont confié des choses plus intimes, j’ai ressenti leur grande solitude ».
« Lors de ces conversations enrichissantes et parfois émouvantes que j’ai eues avec ces femmes, j’ai ressenti toutes les difficultés qu’elles rencontrent pour exercer malgré tout leur métier, poursuit Léa Drucker. Elles sont mal vues par leurs collègues des autres services, mais aussi par les citoyens qui croient qu’elles vont couvrir d’autres policiers et qui les assimile aux violences policières vues à la télévision ».
Léa Drucker insiste aussi sur l’aspect émotionnel qu’elle a ressenti lors de ces conversations : « S’il y a des règles de procédure bien précises à respecter dans ce type d’enquêtes, ça n’empêche pas l’émotion de monter, m’ont-elles confié. Et c’est ça que j’ai aimé dans ce personnage ».
Des personnages de service public
Comparant ses deux rôles, celui l’infirmière du film de Laura Wandel et celui l’enquêtrice du film de Dominik Moll, Léa Drucker se confie : « J’ai eu la chance d’avoir de tels rôles. Toutes deux évoluent dans un milieu professionnel de service public. J’ai connu ça avec ma famille dans les médias de service public (ndlr : ses oncles, Michel et Jean Ducker, sa cousine Marie Drucker travaillant ou ayant travaillé pour France Télévision) ».
« Ces deux personnages sont en quête de vérité et de justice, elles veulent faire le bien, et c’est intéressant qu’on montre ça au cinéma. Mais ce côté humain leur est parfois reproché sous prétexte qu’il sort du règlement. J’ai essayé de traduire le vécu de ces deux femmes dans leur rôle respectif de service public ».
Humanité et humilité
Dans ces deux films d’un cinéma très réaliste et très contemporain, au-delà du rôle informatif, Léa Drucker apporte joliment une touche d’humanité et d’humilité essentielle plus que bien venue.




