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Yves Bichet « Indocile » (Mercure de France)
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Yves Bichet « Indocile » (Mercure de France)

Un article rédigé par Anne-Marie VERGNON - RCF Saint-Étienne, le 6 janvier 2018  -  Modifié le 28 février 2024

Dans ce roman d'apprentissage, Yves Bichet explore ce qui se joue à la sortie de l'adolescence : l'ivresse de l'engagement, la quête d'absolu et le besoin de s'accomplir dans le tumulte amoureux. Tourner le dos à l'enfance c'est parfois aussi affronter la guerre... Théo doit soutenir Antoine revenu blessé du conflit algérien. Il va aimer en secret la mère de son ami puis rencontrer Mila, une jeune femme qui le mènera vers la résistance civique. Il laissera derrière lui l'enfance pour plonger dans le vertige de la clandestinité.

 

Chronique de Jacques PLAINE publiée dans L’Essor

Chronique de Jacques PLAINE publiée dans L’Essor
Yves Bichet - « Indocile » - Mercure de France - 19 € 80
 

« J’ai travaillé 9 ans dans l’agriculture, 15 ans dans le bâtiment comme maçon, avant de vivre - modestement et récemment - de mes droits d’auteur. Je ne fais pas partie du sérail. Je ne sais pas si je dois le regretter ou m’en réjouir. » Ainsi se présente Yves Bichet, 11 romans, 1 chez Gallimard, 6 chez Fayard, 1 au Seuil, 3 au Mercure de France dont le onzième « Indocile ».
1961. Hôpital militaire Desgenettes. Théo veille son pote de toujours, Antoine qui est dans le coma « à cause de cette putain de guerre d’Algérie. » Un coma profond dont on ne le sortira qu’en débranchant la machine. Pour l’heure, encouragé par le médecin militaire « la bonne femme au chignon » il parle à Antoine. Il lui parle de tout et de rien, de leur enfance, de leur jeunesse… et lui passe les derniers tubs de Johnny Hallyday. A côté de lui, dévastée et indifférente à sa présence, la mère d’Antoine, veuve d’une grande voix de la grande muette, est ravagée de douleur à la vue de son fils « dont la vraie vie fout le camp sur une civière à moins d’un mètre »
 Parfois lui tournant le dos, Théo regarde par la fenêtre les gesticulations d’un grutier et d’une gamine de vingt ans. En bleu de travail et chemise à carreaux, pendue à un câble pour en décoincer un autre, la fille le fascine. Le soir venu, sans autre forme de présentation, le voilà sur le tansad de sa mob. Direction la foire de Beaucroissant. Après avoir cassé cinq pipes en terre, mangé deux barbes à papa et fait un tour de Kakevacs - un manège de chaises volantes - il perdra sa virginité sur les rives du lac de Paladru.
 Pris d’amour pour cette fille dont il ignore jusqu’au nom, il se console avec la mère, celle d’Antoine, qui - dans un cabanon de famille près d’une calanque de la Ciotat - tente de noyer son chagrin par une furia sexuelle endiablée.
  Convoqué au conseil de révision - et sur le conseil de son père - il se shoote au LSD et frelate son analyse d’urine, deux initiatives qui ne trompent pas le médecin militaire et l’auraient envoyé en Algérie - chez les paras - s’il n’avait décidé de prendre la tangente. Faux départ pour la Suisse, retour à la clandestinité en France, passage par la case prison puis route du soleil et des fellahs de l’autre côté des mers.
 
 Rebelle, insoumis, déserteur, ou simple chien crevé au fil de l’eau ? L’insoumise, la vraie, la magnifique c’est l’autre, Mila, la fille à la mob.

   


 

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