Cohabitation intergénérationnelle : Quand les jeunes posent leurs valises chez nos retraités !

Des duo hors du commun
 

Dans l'appartement chambérien de Michèle, 94 ans, souffle un air de jeunesse. Depuis le mois de novembre, elle n'est plus seule à la maison, mais partage son lieu de vie avec Paul, un étudiant de 75 ans son cadet, Paul.

 

Depuis son fauteuil, elle nous raconte, le décès de son mari, sa vue qui baisse, sa crainte grandissante de rester seule la nuit. C'est avec sa fille qu'elle a composé l'an dernier le numéro de la Régie Coup de Pouce. "Au début, je me disais que je voulais cohabiter avec une femme" explique la retraitée qui pensait plus dur de vivre avec un jeune homme. Mais au fil des discussions et des rendez-vous, on lui propose de rencontrer Paul, 19 ans, originaire de Lyon. C'est là que la magie opère. "Il est formidable" confie Michèle "Il est discret, il est respectueux, il est gentil... J'ai l'impression de vivre avec quelqu'un de ma famille".

A l'autre bout du sofa, Paul sourit. Lui aussi doit beaucoup à cette cohabitation. "Quand je suis arrivé à Chambéry pour mes études, je ne connaissais personne" regrette il. "Je pensais être seul, le soir, chez moi. Mais depuis que je suis ici, j'ai quelqu'un à qui raconter ma journée ! On se tient compagnie mutuellement".

 

J'ai l'impression de vivre avec quelqu'un de ma famille !

 

C'est le jeune homme qui nous fait visiter l'appartement "parce qu'il est chez lui autant que moi". Au fil du grand couloir, il égraine : le salon, la cuisine, la salle de bain, le bureau, la chambre de Michèle et juste à côté, la sienne.

 

Un espace où il ne fait que dormir, l'étudiant préfère travailler dans la salle à manger, à côté de la retraitée qui regarde la télévision. Une cohabitation presque comme les autres, même si Paul aide souvent Michèle avec se servir de son téléphone ou de la télécommande. "C'est un secours" avoue la propriétaire des lieux, "un plaisir" rectifie son locataire.

 

 

"On est une agence de rencontres"

 

Un grand sourire sur les lèvres, Alexandre regarde le duo répondre à nos questions, pour lui qui les a présenté, c'est une vraie réussite. Membre de la Régie Coup de Pouce, il est chargé d'étudier les profils qui pourraient cohabiter sans difficulté, de les accompagner, ensuite, durant leur histoire commune.

 

"Michèle est venue nous voir et nous a dit ce qu'elle avait dans le coeur, les envies qu'elle avait, les valeurs qui étaient les siennes, beaucoup de choses se rapportait un peu au scoutisme" explique-t-il. Et puis un jour, Paul appelle l'association et se présente, il a 19 ans et il est scout.

Rapidement, Alexandre fait le lien, organise une rencontre et l'aventure commence. "Pour d'autres, les liens sont différents" se souvient -il. "Il y a cette dame qui aimait la nature et cette étudiante qui se formait à sa protection. Pour certains, c'est une passion ou une ville, un pays qu'ils ont visité. On est un peu comme une agence de rencontre" résume Alexandre en riant.

Si cette après-midi il partage quelques instants avec Michèle et Paul c'est que l'année scolaire touche à sa fin. Viendra bientôt la période des stages puis des vacances, Paul va donc rentrer à Lyon, pour l'été. "Est-ce que vous voulez rencontrer un nouveau cohabitant ?" demande Alexandre à Michèle. L'étudiant et la retraitée se regardent. "Non, j'attendrai le retour de Paul, en septembre" répond-elle. Pour l'un comme pour l'autre, le rendez-vous est déjà pris.

 

La cohabitation solidaire essaime
Ailleurs en France, la cohabitation intergénérationnelle fait des adeptes. A l'exception de l'Ain, chaque département de la Région Auvergne Rhône Alpes propose des dispositifs similaires. Le site Cohabilis les recense grâce à une carte numérique.