Quand l'histoire croise la vie d'un historien

RCF, le 28/09/2020 à 14:00
 -  Modifié le 09/11/2020 à 16:07
Écouter
Quand l'histoire croise la vie d'un historien
Le premier tome des Mémoires de l'historien Jean-Noël Jeanneney reflète 40 années de notre vie politique. Il a souvent vu l'histoire contemporaine se faire de l'intérieur.
Claude Truong-Ngoc - Wikimedia Commons Claude Truong-Ngoc - Wikimedia Commons

Issu d'une lignée républicaine de grands serviteurs de l'Etat - son grand-père présida le Sénat en juillet 1940 et son père fut ministre du Général de Gaulle-  l'historien Jean-Noël Jeanneney, ancien président de Radio-France, ancien président de la Bibliothèque nationale de France et ancien secrétaire d'Etat, publie "Le rocher de Süsten" (Seuil), premier tome de ses Mémoires. 

Producteur de l'émission Concordance des temps sur France-Culture ( plus de 900 émissions), il est un observateur avisé de la chose publique. En compagnie de Guillaume Goubert, directeur de la rédaction de "La Croix", nous parcourons l'Histoire de 1940 jusqu'à l'arrivée de la gauche au pouvoir . 

A trois mètres de la mort 

"Le rocher de Süsten évoque un événement qui pour moi était majeur et qui aurait pu être définitif. Lorsque j'avais 20 ans, nous revenions de Grèce en 2CV avec deux camarades et en passant le col de Süsten nous avons décidé de descendre plus bas. Nous avons suivi une grosse voiture américaine et tout à coup, il y a eu un espèce de jaillissement de lumière et un énorme rocher a écrasé la voiture américaine en tuant les passagers. Nous nous sommes arrêtés à 3 mètres. C'était une façon de commencer ce livre en essayant de réfléchir comme historien et un peu comme observateur, parfois comme acteur, à ce qu'il peut y avoir dans les destins de hasard, et d'autre part à la somme de liberté qui nous est conférée. Si l'on veut comprendre les événements, il faut restituer en réalité la possibilité d'avoir fait autre chose". 

L'histoire : le goût d'écrire, de fuir et de comprendre

"J'ai reçu un certain nombre de notions qui constituent une tradition républicaine", se réjouit l'historien, en évoquant son héritage familial.  S'il a choisi l'histoire ( et non par exemple l'ENA, au sortir de Sciences-Po), c'est à la fois pour le goût d'écrire, le goût de fuir  et le goût de comprendre ce qu'il se place, mais aussi parce qu'il n'avait pas envie d'être dans une hiérarchie. "Cette bourgeoisie intellectuelle, universitaire et politique m'avait donné le goût de l'indépendance". 

Protestantisme 

De tradition protestante du côté de sa mère, il a essayé de réfléchir, dans cet ouvrage, à ce qui lui avait apporté le protestantisme. " Je pense qu'il est très bien que le protestantisme soit minoritaire. Cela lui permet de résister à une certaine tentation de satisfaction" , dit-il. 

 

Cet article vous a plu ?