Poesie Russe 2/5
Ossip Mandelstam, poète indocile et irréductible
En 1934, son épigramme contre Staline ayant été transmise aux autorités, il est arrêté et exilé. Son mandat d’exécution mentionnant toutefois la formule «isoler mais préserver» lui évitera sans doute une exécution sommaire et immédiate.
Le 2 mai 1938, Mandelstam, malade et psychiquement affecté est arrêté pour la seconde fois par la police secrète, condamné à cinq ans de travaux forcés pour activités contre-révolutionnaires, envoyé dans un camp de transit pour être ensuite transféré dans un camp fixe. Il meurt de faim, de froid et d’épuisement, le 27 décembre 1938.
«Nous vivons, insensibles au pays qui nous porte
A dix pas nos voix ne sont plus assez fortes
Mais il suffit d’un semi-entretien,
Pour évoquer le montagnard du Kremlin.
Ses doigts épais sont gras comme des asticots,
Et ses mots tombent comme des poids de cent kilos.
Il rit dans sa moustache énorme de cafard,
Et ses bottes luisent, accrochant le regard.
Un ramassis de chefs au cou mince l’entoure,
Sous-hommes empressés dont il joue nuit et jour.
L’un siffle, l’autre miaule, et un troisième geint,
Lui seul tient le crachoir et montre le chemin.
Il forge oukase sur oukase en vrai forgeron,
Atteignant tel à l’aine, tel à l’œil, tel au front.
Et chaque exécution est un régal,
Dont se pourlèche l’Ossète au large poitrail.
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