L'invention du christianisme

RCF, le 26/10/2020 à 16:18
 -  Modifié le 19/12/2022 à 10:21
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L'invention du christianisme

Que s'est-il passé entre l'année 30 de notre ère, année de la mort de Jésus de Nazareth, crucifié à Jérusalem sous l'empereur Tibère, et les années 250, qui ont vu le christianisme devenir une véritable religion - certes une religion en devenir, mais une religion tout de même, étendue bien au-delà de la Palestine, avec son organisation, communautés ses rites et ses célébrations ? Ces plus de 200 années font l'objet d'un remarquable travail historico-critique, dans un ouvrage que Roselyne Dupont-Roc a codirigé avec Antoine Guggenheim, "Après Jésus - L'invention du christianisme" (éd. Albin Michel).

Duccio di Buoninsegna, La pêche miraculeuse ©Wikimédia commons Duccio di Buoninsegna, La pêche miraculeuse ©Wikimédia commons

Une suite à "l'encyclopédie" sur Jésus

 

Après une encyclopédie sur la vie de Jésus parue en 2017, les éditions Albin Michel ont publié en 2020, "Après Jésus - L'invention du christianisme". Une somme de plus de 700 pages écrite là encore à plusieurs mains. Tout est parti d'une réflexion de l'éditeur Jean Mouttapa : si on connaît la vie de Jésus c'est en grande partie grâce à ses disciples et aux premiers chrétiens. "Au fond, résume Roselyne Dupont-Roc, tout ce que nous avons essayé de dire de Jésus dans la première encyclopédie, finalement nous est arrivé par ces gens qui ont vécu de la foi en lui, l'ont proclamé, l'ont célébré, se sont mis lentement à écrire, ont transmis et cette transmission vivante a donné les Évangiles."

 

Parmi les contributeurs, différents spécialistes comme Marie-Françoise Baslez, historienne des premiers temps du christianisme, l'exégète Michel Quesnel, le patrologue (c'est-à-dire spécialiste des Pères de l'Église) et dogmaticien Michel Fédou, ou encore un spécialiste de la liturgie, Patrick Prétot. Au total, ce sont près de 80 personnes qui ont mis la main à la pâte, auxquelles il faut ajouter le sulpicien Joseph Doré qui signe la préface, le philosophe et historien Marcel Gauchet, auteur de la postface et enfin Christine Pedotti.

 

Le christianisme, une invention ?

 

"Après Jésus" n'est pas qu'un ouvrage d'histoire ou d'exégèse. L'approche est aussi sociologique, dogmatique et théologique. "On a vraiment croisé de nombreuses approches pour montrer au fond que ce premier christianisme est né dans un foisonnement de civilisations, où se croisaient religions, philosophies, divers mouvements... et que l'étonnement, c'est la façon dont il a éclot et s'est répandu."

 

Le titre du livre, "L'invention du christianisme" se veut à dessein "provocateur", admet Roselyne Dupont-Roc. Si en effet le terme "invention" peut renvoyer à un l'idée du mensonge, son étymologie latine renvoie à l'idée de "venir dans" ou de "pénétrer". De fait, le christianisme "n'est pas né tout armé de la tête d'un apôtre" et "Jésus ne l'a pas constitué d'un bloc". Il est né du souvenir d'une rencontre marquante, décisive, avec le Christ. "C'est-à-dire que sur le coup - visiblement, ils le disent - [les disciples] n'avaient pas compris grand chose, et dans la fidélité à cette rencontre qui leur tenait à cœur, ils ont progressivement découvert où ça les conduisait, où ça les menait et ils ont progressivement inventé la façon d'en vivre, la façon de la dire, la façon de la transmettre."

 

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