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Le peintre jésuite Jacques Nicolaï

Le peintre jésuite Jacques Nicolaï

Un article rédigé par Pierre-Yves Kairis - RCF Liège, le 10 janvier 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023
D'art et d'histoire de Liège Le peintre jésuite Jacques Nicolaï

Sous l’Ancien Régime, les communautés religieuses comptaient souvent en leur sein des artistes leur permettant de disposer de main-d’œuvre à bon compte. Dans les Pays-Bas espagnols et la principauté de Liège, l’un des principaux peintres jésuites à l’époque de la Contre-Réforme fut le Dinantais Jacques Nicolaï (1604/07-1678), qui  a travaillé au gré des dix collèges auxquels il fut successivement affecté. Longtemps, on n’a connu de lui que les tableaux réalisés pour le collège des jésuites de Namur, sa dernière affectation, mais des recherches récentes ont permis de mieux cerner le reste de sa production.

Détail : Jacques Nicolaï d’après Véronèse, Guérison du serviteur d’un centurion romain © IRPA-KIK, Bruxelles. Détail : Jacques Nicolaï d’après Véronèse, Guérison du serviteur d’un centurion romain © IRPA-KIK, Bruxelles.

Un peintre itinérant


Né à Dinant, une des bonnes villes de la principauté de Liège, Jacques Nicolaï a probablement fait son apprentissage de peintre là-bas durant son adolescence. Il est entré au noviciat des jésuites à Tournai en 1627 et il fut rattaché successivement à de multiples couvents de la province dite gallo-belge, qui correspond grosso modo au territoire actuel de la Wallonie et de la Flandre française. On trouve des mentions de son passage dans les collèges jésuites, dans l’ordre, de Lille, Tournai, Liège, Huy, Luxembourg, Anvers, Nivelles, Mons, Saint-Omer et enfin Namur. Il a vécu entre un et six ans dans chaque collège, sauf à Namur, sa dernière affectation ; là, il est resté vingt ans, sans doute pour parfaire la vaste décoration de l’église Saint-Ignace nouvellement édifiée.

De Liège à Anvers


De son passage au collège de Liège, de 1632 à 1636, puis à celui de Huy, de 1636 à 1639, on n’a conservé aucune peinture. On sait que Nicolaï s’est distingué à Huy par son courage et sa charité au moment de l’épidémie de peste qui toucha dramatiquement la région à cette époque. Il fut ensuite attaché au collège de Luxembourg, d’où proviennent ses plus anciennes toiles conservées, comme l’Assomption de la Vierge, sa première œuvre majeure. Celles-ci témoignent de l’intérêt profond du peintre jésuite pour l’art de Rubens et ses suiveurs, dont il adapte les compositions via des gravures. 

Son affectation la plus déterminante pour sa formation fut celle du collège d’Anvers, de 1644 à 1648. Il a fréquenté là son confrère le peintre de fleurs Daniel Seghers, qui a dû le mettre en contact avec le peintre rubénien Cornélis Schut, dont l’influence sur les tableaux de Nicolaï s’avéra par la suite déterminante, marquant même un changement de style.

Jacques Nicolaï, Assomption de la Vierge, toile, 440 x 283 cm, Luxembourg, église Saint-Michel. © IRPA-KIK, Bruxelles.

 

Jacques Nicolaï, Martyre de saint Adrien, toile, 318 x 233 cm, Nivelles, église Sainte-Gertrude. © IRPA-KIK, Bruxelles.

 

De Nivelles à Namur, couronnement de sa carrière


Quelques toiles récemment repérées témoignent de son passage aux collèges de Nivelles puis de Mons, avant son transfert à Namur. Sur la trentaine de tableaux conservés de Nicolaï, les deux tiers proviennent de l’ancienne église des jésuites de Namur, aujourd’hui paroissiale Saint-Loup. Une dizaine ont été transférés à la cathédrale Saint-Aubain nouvellement édifiée au moment de la suppression de la Société de Jésus, en 1773. Quelques-uns sont toujours conservés à Saint-Loup, d’autres encore ont été récemment repérés dans quelques édifices religieux de la région de Namur. Deux tableaux probablement de même origine viennent également d’être identifiés dans l’église Saint-Nicolas à Bruxelles, dont une magistrale Guérison du serviteur d’un centurion romain inspirée d’un tableau de Véronèse appartenant aujourd’hui au Musée du Prado à Madrid.

En contravention avec les règlements namurois de l’époque, Nicolaï s’est produit pour d’autres ordres religieux, comme les prémontrés, et ce au grand dam des peintres laïques, qui se sont plaints de cette forme de concurrence déloyale.

Jacques Nicolaï d’après Véronèse, Guérison du serviteur d’un centurion romain, toile, 280 x 350 cm, Bruxelles, église Saint-Nicolas. © IRPA-KIK, Bruxelles.

 

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Pierre-Yves Kairis, RCF Liège
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
D'art et d'histoire de Liège

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