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Le bestiaire éolien de Theo Jansen
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Le bestiaire éolien de Theo Jansen

Un article rédigé par Goubert Guillaume - RCF, le 11 octobre 2022  -  Modifié le 17 juillet 2023
Les Histoires de l'art Le bestiaire éolien de Theo Jansen

J’ai eu la chance, il y a quelques jours, de rencontrer à Bordeaux l’artiste néerlandais Theo Jansen. Son nom ne vous dit probablement pas grand-chose. Mais ses œuvres sont très connues, car elles ont beaucoup de succès sous la forme de vidéos diffusées sur Internet. On y voit des structures articulées faites de tubes de plastique et qui, animées par la seule force du vent, se déplacent sur des plages. Comment de telles créatures ont-elles pu voir le jour ? Pour le  comprendre, il faut se rendre à Bordeaux, au musée des beaux-arts, où les œuvres de Theo Jansen sont exposées jusqu’au 1er janvier prochain dans le cadre du Festival international des arts.

Animaris Umerus (2009) © Lena Herzog Animaris Umerus (2009) © Lena Herzog

Comment le projet de Theo Jansen s'est développé

 

À la fin des années 1980, Theo Jansen écrivait des chroniques et des nouvelles de science-fiction. Dans l’une d’entre elles, il a imaginé des sortes de squelettes sur une plage. Mus par le vent, ils déplaçaient le sable pour rehausser les dunes et protéger les Pays-Bas d’une hausse du niveau de la mer. L’envie a pris Theo Jansen d’essayer de traduire son rêve dans le concret.

 

Et c’est ainsi que depuis 35 ans, il construit et perfectionne des "animaux de plage", comme il les appelle (Strandbeests, en néerlandais), animaux qu’il fait fonctionner sur une immense plage déserte au bord de la mer du Nord. Le squelette est fait avec des tubes de PVC utilisés aux Pays-Bas pour les conduites électriques. Des pièces de tissu font office de voiles pour prendre le vent. Les plus récentes sont équipées d’un "estomac" : le mécanisme des voiles comprime de l’air dans des bouteilles de plastique, énergie qui est relâchée lorsque le vent tombe. 

 

Theo Jansen en est arrivé à la quatorzième génération de ses créatures. Il leur donne des noms latins, comme pour les espèces disparues que recense la paléontologie. Car l’artiste voit ses œuvres comme un processus d’évolution comme celui qui dure sur terre depuis des millions d’années. Sauf que le sien n’a que 35 ans d’âge.

 

Theo Jansen : sérieux ou farceur ?

 

En tout cas, il ne se prend pas au sérieux et il a beaucoup d’humour. Mais il est véritablement passionné par le processus de perfectionnement de ses créatures qui, de fait, se déplacent de mieux en mieux, de plus en plus vite. Et il aime observer l’émerveillement du public.

 

"À leur manière, dit-il, mes œuvres témoignent du miracle de la vie. J’espère faire partager ce sentiment pour que ce miracle se poursuive.” De fait, la beauté fragile de ces animaux de plage est une invitation à prendre soin du monde dans lequel nous vivons.

 

Et c’est sans doute ce qui fait leur succès auprès du public. Theo Jansen est sollicité pour des expositions dans le monde entier et les vidéos font un carton sur Internet.

 

Les créatures de Theo Jansen peuvent-elles déplacer du sable pour renforcer les dunes ?

 

L'artiste a renoncé à cette idée. Il dit malicieusement : "Je suis plus intéressé par leur processus d’évolution que par le sauvetage de mon pays." Son désir serait qu’à sa mort, toutes ses créatures soient installées sur une plage et y vivent en autonomie. Mais cet homme qui a 74 ans sait bien que c’est un rêve. Pour l’instant, elles ne peuvent fonctionner guère plus de cinq minutes sans intervention humaine.

 

L’exposition "Strandbeests de Theo Jansen" est à retrouver au musée des beaux-arts de Bordeaux, du 1er octobre 2022 au 1er janvier 2023.

 

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Les Histoires de l'art © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Les Histoires de l'art

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