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La voiture électrique doit-elle devenir l'alpha et l'oméga de nos mobilités ?

La voiture électrique doit-elle devenir l'alpha et l'oméga de nos mobilités ?

Un article rédigé par Amaury Perrin - RCF, le 18 avril 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023
Je pense donc j'agis La voiture électrique doit-elle devenir l'alpha et l'oméga de nos mobilités ?

En France comme ailleurs, la question de la conversion électrique du parc automobile prend de plus en plus de place. L'urgence écologique a poussé la voiture électrique sur le devant de la scène, érigeant celle-ci au rang de meilleure alternative à sa cousine thermique. Pourtant, le nombre de voitures électriques est encore faible: seuls 700 000 Français ont aujourd’hui passé le cap. Pourquoi ? À cause de son prix encore élevé, mais aussi, sans doute, parce que son impact écologique n'est pas nul, même s'il est nettement moindre que celui du véhicule thermique.

© Menno de Jong de Pixabay © Menno de Jong de Pixabay

Ces dernières années, le gouvernement a mis en place plusieurs aides à l’achat d’un véhicule dit “propre”, comme le bonus écologique et la prime à la conversion. Cependant, la voiture électrique pollue moins à l’usage mais davantage à la fabrication. Alors est-elle vraiment l'avenir ou y a-t-il d'autres réponses au défi de la mobilité du futur? 

 

En route vers la fin du moteur thermique !

 

La transformation se fait dans le temps”, indique Marie Chéron, experte de l'ONG Transport et Environnement France. “On le voit bien avec la décision de l’Union européenne pour 2035 sur la fin de la vente de voitures thermiques neuves”, complète-t-elle. Des actions concrètes sont désormais attendues de la part des pays européens qui doivent faire le maximum pour rendre possible l’objectif fixé.

 

"Le cap 2035 était nécessaire et est suffisamment clair pour les industriels à qui on a donné une direction”, considère Aurélien Bigo, chercheur en décarbonation des transports. Les constructeurs automobiles bénéficient d'aides publiques, car la voiture électrique est plus chère à la construction. “Elle a de bons et de mauvais côtés, mais les efforts ne sont pas encore suffisants. Il y a toujours une réticence à arrêter la voiture thermique”, explique Aurélien Bigo.

 

Rendre l’électrique accessible, un courant à suivre ?

 

À l’heure actuelle, le prix à l’achat d’une voiture électrique est en moyenne 30 % plus élevé que celui d’une thermique. “Il y a un consensus aujourd'hui pour dire que les voitures électriques sont trop chères”, indique Marie Chéron. Mais cette différence s’explique par la nouveauté de ces véhicules : toute innovation se vend plus cher les premières années. De plus, les batteries restent relativement coûteuses pour les entreprises. Ce choix industriel est un frein à l’avancée vers une non-dépendance à la voiture thermique. “Les politiques écologiques poussent vers un changement, mais il y a une vraie incohérence avec les politiques industrielles”, déplore Marie Chéron. “On est poussés vers le thermique par la force des choses.” 

 

Le nombre insuffisant de bornes de rechargement dans l’espace public n’est pas à négliger. C’est réellement à développer, il n’y en a pas assez, estime Aurélien Bigo et de compléter “ça rassurerait les gens d’avoir des bornes près de chez eux”. Posséder sa propre borne est aussi une solution mais elle doit être financièrement accessible aux ménages, d’autant plus que les coûts de l’énergie ont tendance à augmenter. “Dans le contexte actuel, passer au tout électrique n'est pas forcément une bonne chose”, confie Aurélien Bigo. “Le contexte énergétique peut poser question, mais il faut dissocier ce qui est de l’ordre de la conjoncture de ce qui doit se faire sur le long terme. Il faut continuer sur notre lancée”, précise Marie Chéron. 

 

Une carrosserie à consolider pour relever les défis

 

Des défis environnementaux, sociaux et économiques existent autour de la voiture électrique. Les batteries utilisent des métaux chers et polluants et elles sont de plus en plus grandes pour une meilleure autonomie. Cependant, l’impact de la fabrication d’une électrique vient à 70% du véhicule et à 30% de la batterie. "Plus les voitures sont lourdes, plus elles ont un impact environnemental élevé", selon Marie Chéron. “Il faut développer des véhicules légers et efficaces, dits aérodynamiques”, considère-t-elle. Les politiques publiques doivent ainsi pousser dans cette direction, sans oublier les autres innovations. “Il y a par exemple un large panel à exploiter entre le vélo et la voiture électrique, il y a beaucoup à inventer entre les deux”, estime l’experte de l'ONG Transport et Environnement France.

 

Le mix énergétique utilisé à la production a également un impact. “Il faut produire avec un mix décarboné, donc en Europe avec un mix écologique. D’ici 2030, on pourrait avoir une réduction de 30 % de l’impact à la fabrication”, explique Marie Chéron. 

 

Note positive : déjà quelques kilomètres de parcourus 

 

Le bilan carbone de la voiture électrique est plus ou moins favorable dans tous les pays. Seuls quelques États comme l’Inde ou la Pologne font exception. “Mais on le sait, l’électrique est bien plus écologique en matière de pollution de l’air ou de pollution sonore”, insiste Aurélien Bigo avant d’ajouter “c’est déjà lancé, l’électricité va être de plus en plus produite de manière renouvelable”. Quant à la filière du recyclage des batteries, celle-ci est en train d’être réfléchie et développée un peu partout.

 

Pour Marie Chéron, “l’usage de la voiture est à repenser comme un moyen de transport partagé et non personnel. La voiture individuelle a longtemps fait partie de notre culture, elle marquait le statut social. Mais ne pas posséder de véhicule ou en avoir un petit n’est pas un problème, ce n’est plus nécessaire”. D’autant plus que les distances parcourues en moyenne par les Français chaque jour pourraient l’être avec d’autres transports. On prend la voiture automatiquement mais parler de dépendance n'est pas si vrai, “il faut davantage développer les solutions alternatives, notamment à la campagne où il y a un certain manque”, complète Marie Chéron. Reste à faciliter l'intermodalité par la mise en place de jonctions effectives entre les mobilités et le chaînage des déplacements pour les fluidifier. Quoiqu’il en soit, “les imaginaires et valeurs ont évolué, l’image de la voiture change”, conclut Aurélien Bigo.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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