La Désolation: une terrifiante fable écologique en BD

Direction les Kerguelen

Cela pourrait être un récit de voyage. Notre héros, Evariste a décidé de tout plaquer son boulot, sa famille, sa vie à la Réunion et surtout sa compagne Amandine. Et il embarque sur le Marion Dufresne direction les Kerguelen. Un périple de 8000 km.

Sur le bateau, il rencontre toute une faune de scientifiques et de touristes en mal de sensations fortes. A ce moment-là, Evariste est un homme qui espère que les terres gelées du bout du monde vont lui faire oublier son Amandine.

Un promontoire de la désolation environnementale

Evariste arrive à Port aux Français, où 97 scientifiques rejoints par quelques touristes scrutent l'état du monde. Ils sont géologue, météorologue, astrophysicien, biologiste, océanographique, botaniste... Ils scrutent l'état du monde et je ne vous l'apprendrai pas: le monde va mal.

En fait, les îles Kerguelen sont comme un promontoire qui leur permet de voir la dégradation de la nature, les dégâts irrémédiables que la société industrielle a infligés à notre planète. Et puis au milieu de tout ce petit monde très écolo, très soucieux de l'environnement, il y a deux chasseurs.

C'est au nom de la préservation de cette nature sauvage que ces deux mystérieux chasseurs, des tireurs d'élite ont été embauchés. Au début du 20ème siècle, pour nourrir les pêcheurs qui faisaient escale aux Kerguelen, on a importé des moutons et des rennes. Et ceux-ci se sont tellement plu sur place qu'ils se sont multipliés, boulottant tout sur leur passage et particulièrement le chou des Kerguelen. 

Fatale erreur, les scientifiques soucieux de protéger le patrimoine naturel et les écosystèmes originaux ont donc décidé  de les faire abattre. D'où la présence de nos chasseurs.

Un scénario qui met à mal nos certitudes

Quand il arrive sur l'île de la Désolation, Evariste découvre une nature sauvage à l'état brut mais ce qui a commencé comme une fable gentiment écologique va basculer dans le cauchemar alors qu'Evariste part en randonnée. 

Ne lisez surtout pas la quatrième de couverture et plongez-vous dans cette histoire au retournement terrifiant et totalement inattendu. 

Le chagrin d'amour d'Evariste qui a été aux prémices de ce voyage et de sa fuite est maintenant loin et c'est bien une part de l'avenir de l'humanité qui se joue dans cette île de la Désolation.

Un polar arctique, un western survivaliste, un scénario puissant signé Appolo, servi par des dessins saisissants qui nous transportent dans le froid et l'aridité de ces terres australes. 

Le dessinateur Christophe Gauthier nous offre un dessin sombre glauque parfois qui nous fait ressentir le froid, la douleur et la peur d'Evariste.

Un dessin qui comme le récit vous hantera encore longtemps mettant à mal vos certitudes et votre bonne conscience d'homme et de femme civilisés.