Joël Thibault, le pasteur des grands sportifs

 

C’est une vocation peu voire pas du tout connue en France. Pourtant dans les pays anglo-saxons, les aumôniers de sportifs sont bien plus nombreux. Leur présence au sein des institutions sportives remontent aux JO de Munich en 1972. Cette année-là, dix-sept personnes sont mortes dans un attentat perpétré contre des athlètes israéliens. Un drame qui a permis de mettre au jour le "besoin d’apporter une aide, une assistance à la fois psychologique et spirituelle", explique Joël Thibault. C’est ainsi que se mirent en place des aumôneries interconfessionnelles lors des JO de Séoul de 1988. Malgré une mise en place à l’occasion des Jeux d’Albertville, ces services n’ont jamais perduré en France.

 

 

 

Ce qui est important c’est de se rappeler qu’à la base le sport est un plaisir et un don qui nous a été donné par Dieu

 

 

 

Au service (spirituel) des sportifs

 

Alors au travers son association Holistic Sports, Joël Thibault essaie de promouvoir ces aumôneries. Leur but n’étant pas d’imposer des temps de prière - la laïcité étant la règle - mais de proposer un accompagnement spirituel aux sportifs en faisant la demande. "On est là pour prendre soin des sportifs, pour s’intéresser à eux dans leur dimension holistique, pour les écouter, les soigner et répondre à leurs questions existentielles ou à leur demande de prière quand il y en a", détaille Joël Thibault. Face à la pression de la compétition, certains joueurs en éprouvent le besoin, tout comme "Josué a besoin que Dieu lui dise « Fortifie-toi et prends courage »", illustre le pasteur. 

 

Dans ce milieu où l’argent, la notoriété et la compétition prennent des places déraisonnables, Joël Thibault est aussi là pour ramener les joueurs vers un peu plus d’humilité. "Ce qui est important c’est de se rappeler qu’à la base c’est un plaisir et un don qui nous a été donné par Dieu", dit-il. Son don à lui c’est de savoir livrer la parole de Dieu aux sportifs. Et ce n’était pas du tout ce à quoi il se prédestinait. Petit, il rêvait de devenir footballeur professionnel justement, avant de souhaiter devenir coach, ce qu’il a fait pendant plusieurs années dans un club de la banlieue rennaise. Des expériences qui lui permettent de « comprendre la discipline, tout le travail [qu’une carrière de sportif] demande et la réalité qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus ». 

 

 

 

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"La clef c’est l’humilité"

 

À la question "le sport et la foi sont-ils compatibles ?", le pasteur évangélique répond "oui" sans hésiter. Il rappelle que la compétition existe dans tous métiers, comme entre banques concurrentes. "L’important, dit-il, est de jouer avec intégrité, de respecter l’autre et les règles du jeu. Je n’ai pas besoin de le haïr pour donner le meilleur de moi-même. Être motivé par l’amour c’est la meilleure des motivations."

 

Plongé dans ce milieu prestigieux du sport, à côtoyer de grands noms, Joël Thibault garde tout de même un certain détachement : "J’ai arrêté d’idolâtrer ces gens-là. Moi la seule personne que j’adore c’est Jésus !" S’il se désole que certains footballeurs n’osent pas affirmer leur foi en Dieu haut et fort, il déplore également ceux qui disent y croire sans réellement connaître Jésus. Et le pasteur n’hésite pas à pointer du doigt les points sombres du sport tels que la drogue, la prostitution ou encore les pratiques de maraboutages. Autant de comportements déviants contre lesquels il lutte au quotidien dans ses rencontres en tant qu’aumônier des champions.