Un univers glaçant et sombre, qui emprunte tout à la fois au cinéma radical de Bruno Dumont et au roman social. Mais au drame d'un bourg désindustrialisé du nord de la France, Frédéric Viguier ajoute le suspense d'un roman noir. Dès lors, l'histoire d'Yvan, un adolescent moqué pour sa laideur et sa différence, accusé du meurtre de son petit voisin, prend une tournure inattendue.
Frédéric Viguier - Aveu de faiblesse - Albin Michel - 18 €
Frédéric Viguier est metteur en scène de théâtre et auteur. « Ressources inhumaines » a été sélectionné pour le Prix Jean Carrière, le Prix du roman Version Femina et le Prix des lycéens. « Aveu de faiblesse » son nouveau roman est finaliste du Prix Charles Exbrayat 2017. Prix qui sera remis à la Fête du Livre de Saint-Étienne le vendredi 6 octobre.
« J’ai seize ans, j’ai l’âge qui autorise à se passer de l’affection de ses parents, mais je n’ai aucune envie de me passer d’eux ».
Yvan, étouffé par une mère possessive et méprisé par un père porté sur le beaujolpif, vit son mal-être dans une petite ville du nord de la France où « trois usines rajoutent continuellement de la fumée aux nuages ». Il est laid, il est gros, il est roux et boutonneux. Il sait qu’il a une maturité tardive. Avec ses mots décalés il nous raconte sa vie de clown triste. Son quotidien d’infortune, de rejeté, de moqué. « On n’aime pas les Peaux-Rouges » chante la crapule.
Il n’est bien nulle part, sauf auprès de sa mère qui accepte, cultive même, sa différence, convaincue - c’est ce qu’elle lui dit - qu’il est un génie en devenir. Car « tous les génies ne sont pas précoces, pour certains, parfois, ça met du temps à se déclarer ». En attendant l’éclosion, elle sculpte des animaux dans le beurre - c’est son truc à elle - et comme on ne gaspille pas le beurre, elle en fait des tartines…qu’il engloutit, et à lui les kilos.
Mais la brave femme n’est pas seulement la Camille Claudel de la mimolette, elle est aussi tyrosémiophile. Non ce n’est pas une maladie honteuse et convulsive comme le pensent tous les gars du village mais le nom donné aux collectionneurs des boîtes de Camembert et assimilés. Et c’est pour parfaire sa collection qu’elle envoie son fils fouiller les poubelles du canton à la recherche de couvercles inédits. C’est à l’occasion d’une descente dans celles de l’usine de son père que sa vie va basculer : massacré à coups de hache, Romain Barral, huit ans, gît-là, à l’aplomb du talus.
Les flics ont leur idée. Préconçue. Définitive. Bétonnée. Les preuves on s’en fout, une seule chose compte, les aveux. A nous de se trouver un coupable.
Anne, ma sœur Anne, ne voit-tu rien venir ?
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