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"Évangiles", une nouvelle traduction de Frédéric Boyer
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"Évangiles", une nouvelle traduction de Frédéric Boyer

Un article rédigé par Christophe Henning - RCF, le 19 décembre 2022  -  Modifié le 17 juillet 2023
L'Actualité littéraire « Evangiles », nouvelle traduction de Frédéric Boyer, publié chez Gallimard

La Bible ne cesse d'être traduite et interprétée, pour être reçue à chaque époque. L'écrivain Frédéric Boyer a traduit les quatre évangiles, un travail littéraire avant tout.

Frédéric Boyer vient de publier une nouvelle traduction des Évangiles ©Christophe Henning / RCF Frédéric Boyer vient de publier une nouvelle traduction des Évangiles ©Christophe Henning / RCF

Mais pourquoi donc traduire encore les Évangiles ? Qu’est-ce que ce travail peut apporter de plus à ce texte si connu ? Eh bien, il faut admettre qu’on n’a jamais fini de connaître les grands textes de l’humanité, venus d’une autre époque, véhiculés dans une autre langue…

 

Heureusement, il y a des traducteurs, des décrypteurs, qui ne remplacent pas seulement un mot en grec ou en araméen par un mot français. Ces artisans traduisent le texte et le contexte. Ainsi, Frédéric Boyer s’est attaché dans cette nouvelle traduction à restituer le milieu juif de l’époque. Il retranscrit encore le style oral des Évangiles, ponctuées d’exclamations, d’onomatopées, que les versions plus classiques gomment d’un revers de plume. "Je me suis interrogé, en traduisant, sur le mode d’expression de ces textes fondateurs. Quel langage et quelles formes littéraires ils mettaient en œuvre, confie-t-il dans l’introduction. J’ai voulu faire entendre la naissance d’un langage, avec ses répétitions, ses variations de termes, ses figures. Montrer que la mise par écrit de l’enseignement et de la brève vie publique d’un rabbi galiléen du Ier siècle de notre ère est devenue une formidable question de langage."

 

Bien sûr, le travail de Frédéric Boyer est pétri de cette culture et de cette espérance chrétienne, mais la démarche est aussi et peut-être avant tout intellectuelle. Ce n’est d’ailleurs pas le premier grand texte que l’écrivain a traduit, qui s’est attaqué aux "Confessions" de saint Augustin, ou encore Shakespeare, au "Kamasutra" ou à Virgile. C’est véritablement un travail de fond sur la réception des textes fondateurs, et une tentative – réussie – de restituer par l’écrit une tradition ancienne.

 

"Écrire un Évangile, c’était ainsi espérer dans l’écriture, au sens où celle-ci aurait la puissance non seulement de poursuivre le témoignage oral lui-même, mais encore de lui créer un espace littéraire dans lequel il se réalise", écrit, en préambule Frédéric Boyer. Qui poursuit en soulignant bien la spécificité des Évangiles : "C’est une littérature de l’annonce, du message à proclamer, où l’oralité et la performance de la parole sont mises en scène."

 

S’appuyant sur les connaissances du monde juif, le traducteur peut dépoussiérer le texte des raccourcis et interprétations, avec des effets surprenants. Par exemple, une traduction au plus juste remplace le péché par "le manque" dans le sens de "manquer sa cible". Il ne parle plus du "Fils de l’Homme" mais du "fils de l’humanité". Et le Notre Père s’achève en des termes légèrement différents : "Et ne nous conduit pas à l’épreuve, mais plutôt délivre-nous du tourment."

 

Bien sûr, il y a de nombreuses traductions de la Bible et des Évangiles, à commencer par ce qu’on appelle la bible Bayard, qui a mobilisé une quarantaine d’exégètes et d’écrivains, dirigée déjà par Frédéric Boyer. Et il y a la Bible de Jérusalem, la TOB (bible œcuménique), celle qui est utilisée pour la liturgie… Je citerai volontiers la Bible publiée dans La Pléiade, traduite par le poète Jean Grosjean, ou encore la Bible Chouraqui…

 

Chacune des traductions tente d’approcher au plus juste la source. Celle que je vous propose aujourd’hui est littéraire, accessible à tous, même ceux qui n’ont pas la foi. Et pour les croyants, il est toujours précieux de se décaler un peu du texte que l’on croit connaître pour se laisser surprendre. La force de cette version, c’est qu’elle se lit comme un récit, dans une mise en page qui désacralise le texte pour entrer plus simplement dans l’histoire. Lire d’une traite l’Évangile de Marc par exemple, à quelques jours de Noël, peut être une belle invitation !

 

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Émission L'Actualité littéraire © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'Actualité littéraire

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