Cherbourg : quand le théâtre dépasse les frontières et les difficultés

Assis en U dans une salle de classe, chacun travaille son texte. Aucun des 11 participants ne manquerait ce moment. Le peul, l'arabe, l'oreba, l'ukrainien, le congolais, le français et l'anglais, les langues se mélangent dans un joyeux brouhaha. La lecture des textes et le jeu d'acteur commencent, sous l'œil avisé de Sylvain Tribouillard le metteur en scène. Sans surprise, le texte en français est une difficulté pour ces acteurs qui n'en maîtrisent pas encore toutes les subtilités. Pendant deux heures, ils travailleront leurs textes avec un objectif en tête : être prêts pour la représentation de juillet. Cette scène est devenu la routine du vendredi à 16h30 à l'étage des locaux d'Itinérance à Cherbourg.

 

L’association Itinérance, c’est d’abord une association qui aide les personnes exilées à se nourrir, trouver un logement, faire les démarches administratives. Très vite, elle a commencé à proposer aussi des activités culturelles et de loisir. C’est là qu’est né l’atelier théâtre. D’abord animé par une bénévole, depuis deux ans c’est Sylvain Tribouillard, un professionel de la scène, qui l’anime. En 2022, l’atelier avait proposé une pièce de théâtre sur le thème du parcours de vie des acteurs. Cette année ils reviennent avec une comédie et l’envie de faire rire leurs prochains. Cette comédie parlera des différences culturelles au sein du groupe au vu de la diversité des origines de chaque acteur mais aussi avec la France, leur pays d’accueil.

Plus que du théâtre, un art thérapie

Plus qu’une activité culturelle ou un loisir, le théâtre est un oasis dans leur quotidien troublé. Amine, qui vient d’Algérie, trouve dans ces rencontres une ambiance familiale : « on a tous différentes cultures et ça me plaît de partager des moments comme ça ». D’autres viennent se changer les idées, comme Olenna arrivée d’Ukraine « cette année c’était difficile pour moi à cause de la guerre dans mon pays, et ça m’a beaucoup aidé d’avoir du temps pour penser à quelque chose d’autre ». Abubakarr, et son fils ont fui la misère qu’ils subissaient au Sierra Leone. Chacun des participants arrive à l’atelier avec son bagage émotionnel, et le théâtre permet de s’en libérer. « C’est une manière pour eux de s’exprimer librement, de les sortir de leur quotidien, de se créer des amitiés [...] On peut parler d’art thérapie », constate Anne Caron, la responsable de la commission culturelle de l’association.

La troupe devrait se produire sur scène d’ici juillet , mais recherche encore une salle pour l’accueillir.