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Cannes 2023 : Marco Bellocchio contre l’intolérance

Cannes 2023 : Marco Bellocchio contre l’intolérance

Un article rédigé par Pierre Germay, au Festival de Cannes - RCF Liège, le 24 mai 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023

Marco Bellochio, Palme d’Or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, en 2021, revient à Cannes cette année avec ce film « L’enlèvement », titre original « Rapito », qui relate un fait divers réel peu connu dans l’Italie de 1858.

Marco Bellocchio et le petit Enea Sala (Photo Pierre Germay) Marco Bellocchio et le petit Enea Sala (Photo Pierre Germay)

C’est une époque où le royaume du Pape – on parlait alors d’un royaume du pape -  était fort contesté. Il s’étendait jusqu’à Bologne où ses soldats ont enlevé à sa famille un enfant juif qui aurait été baptisé par sa nourrice, à l’insu de cette famille. Et la loi canonique précise qu’en pareil cas, l’enfant doit alors être élevé dans la foi catholique.


Agé de 83 ans, le vieux loup du cinéma italien signe un film où il s’en prend à nouveau à l’Eglise, dénonçant le Pape Pie IX, kidnappeur d’enfants, expliquant en conférence de presse que ce n’eut pas été possible des tourner pareil film dans les années 1950-60 dominées par la démocratie chrétienne, époque où les cinéastes étaient parfois tenus de s’autocensurer.

 

Intolérance

 

Cet « Enlèvement » est un grand film qui parle d’intolérance et d’endoctrinement, nous rappelant ainsi qu’aujourd’hui encore des guerres sont menées au nom de la religion.
« Je me suis inspiré d’un des livres écrits sur cet enlèvement du petit Edgardo Mortara, explique Marco Bellocchio. C’est le Pape qui joue le rôle du méchant dans cette histoire. Mais je voudrais tout de même préciser qu’il n’a jamais maltraité physiquement le garçon enlevé. Dans cette histoire, le Pape Pie IX n’a jamais voulu céder à un moment où il se sentait fragilisé, occupé à perdre son royaume ».

 

Et il n’y a pas que cela, poursuit le cinéaste transalpin : « Mon film parle d’intolérance, comme si la religion devenait intolérante. Mais non, certains dogmes de la religion doivent être respectés, sinon c’est la fin de cette religion. Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est que cet enlèvement d’un enfant, arraché à sa famille, ait eu lieu au nom de la religion. Cet enfant devait être sauvé ? Ou a-t-il été condamné ? La vérité n’est pas la même pour tous ».

 

Spielberg

 

Steven Spielberg s’est aussi intéressé à cet enlèvement. Ce que le réalisateur des films « Le traitre » et « Le Diable au corps » confirme : « Oui, Steven Spielberg s’y était également intéressé mais à travers un autre livre relatant l’enlèvement de Edgardo Mortara. Il avait même déjà contacté des acteurs pour les rôles principaux. Mais, à ma connaissance, il a abandonné le projet faute de trouver l’acteur pour jouer le gamin. Mais avouez que pour jouer dans un tel film, c’était impossible avec des acteurs américains ! Il fallait des Italiens parlant l’italien, c’est évident ! »

 

Et puis c’est un film porté par un trio d’acteurs excellents mais méconnus chez nous : Fabrizio Gifuni, l’inquisiteur aux ordres du Pape, Fausto Russo Alesi, le père de l’enfant qui remue ciel et terre pour le récupérer, en vain, et Paolo Pierebon, glaçant dans le rôle du Pape Pie IX.

 

Du grand cinéma.
 

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